Au Soudan du Sud et en Ouganda, 1 adolescente sur 4 a pensé à se suicider au moins une fois ces 12 derniers mois. Depuis 2013, la guerre civile qui fait rage au Soudan du Sud a poussé 4 millions de personnes, dont 2,4 millions d’enfants, à fuir la brutalité des combats. Dans les camps de réfugiés en Ouganda, 85 % des réfugiés sont des femmes et des enfants, dont 80 % ont moins de 14 ans.
Les filles restent les plus touchées par les risques liés aux conflits et aux déplacements forcés de populations. Elles sont au coeur du dernier rapport de Plan International, Adolescentes en danger : Les voix du Soudan du Sud.
Selon l’ONU, 2 millions de filles et de femmes risquent quotidiennement de subir des violences physiques et sexuelles au Soudan du Sud et en Ouganda. Dans les camps de réfugiés surpeuplés, les filles sont les principales victimes : dépression, pensée suicidaire, viols, kidnapping, mariages forcés, enrôlement dans des groupes armés… L’ONG Plan International place au coeur de sa stratégie d’urgence la voix des adolescentes dans les conflits. Au Soudan du Sud et en Ouganda, 249 adolescentes entre 10-19 ans ont été interrogées sur leurs conditions de vie dans 10 régions.
Suicidaires et affamées
Une adolescente sur 4 a pensé à se suicider au moins une fois ces 12 derniers mois. 75 % de celles interrogées ont été touchées par la dépression, par les traumatismes et par la famine, en raison des conflits. Quotidiennement affamées, elles n’arrivent même plus à se concentrer à l’école, quand elles y ont encore accès.
« Parce que l’on manque d’argent, on se couche la faim au ventre », répète une adolescente dans un camp à Nimule, à la frontière entre le Soudan du Sud et l’Ouganda. Au Soudan du Sud, 40 % de la population (près de 5 millions de personnes) reste en danger de famine.
Privées d’éducation
Les adolescentes répètent que l’éducation est une des choses les plus importantes dans leur vie. Pourtant, 74 % de celles âgées de plus de 15 ans ne savent ni lire ni écrire. Pour elles, adolescence rime avec décrochage scolaire et confinement dans les foyers. Au total, plus de 1,17 million d’enfants ont perdu l’accès à l’éducation.
Une fille (10-14 ans) de Djouba, la capitale, rapporte même : « On a conseillé à une fille qui n’avait pas assez d’argent pour payer sa scolarité de se prostituer afin de pouvoir retourner à l’école. »
Mariages forcés
Données en mariage très jeunes à des inconnus en échange de vivres, d’argent ou de bétail, les adolescentes sont aussi victimes de maltraitance au sein de leur famille. Abusées, violées, elles tombent enceintes très jeunes. Pourtant, elles veulent être écoutées et respectées au sein de leur famille et dans leur communauté.
George Otim, directeur de Plan International au Soudan du Sud analyse : « Sans soutien spécifique pour ces adolescentes, elles continueront à subir des menaces et des agressions physiques et sexuelles. Il est capital de porter un intérêt particulier aux filles dans nos actions humanitaires. »
Violences
Les groupes d’hommes armés qui sillonnent les rues abusent des adolescentes et les violentent. Elles révèlent avoir été victimes de menaces de mort, de kidnapping, de viols ou d’agressions et ne se sentent en sécurité nulle part.
« Les soldats nous menacent de viol et de se marier avec eux ou de tuer nos familles si l’on refuse », atteste une fille (15-19 ans) à Lainya, au sud-ouest du Soudan du Sud, quand une autre (10-14 ans) de Djouba raconte : « Nous sommes parfois battues par des inconnus quand la nuit tombe. Les gens peuvent facilement se faire tirer dessus et se faire tuer dans l’obscurité. »
Deuil
36 % des adolescentes qui ont témoigné ont perdu au moins 1 membre de leur famille en raison du conflit et un tiers ont été blessées. « Ces filles ont enduré les pires calvaires imaginables. Il faut apporter d’urgence un soutien spécifique à ces adolescentes », exhorte George Otim.
Les atrocités s’intensifient, les filles principales victimes
Trop jeunes pour être écoutées et respectées, mais trop âgées pour être protégées comme les enfants, les adolescentes restent les plus vulnérables face aux violences lors des conflits et dans les camps de réfugiés.
À l’origine de ces violences, un conflit politique qui oppose depuis 2013 le camp du président Salva Kiir et celui du vice-président Riek Machar. En 5 ans, la guerre de faction, amplifiée par l’effondrement économique et la sécheresse, a rapidement dégénéré en guerre civile dévastant le pays et sa population : près de 4 millions de personnes forcées à l’exil. Le 5 août 2018, pour la 3e fois, les deux rivaux ont signé un accord de partage de pouvoir.
Face aux massacres, plus d’1 million de réfugiés sud-soudanais, dont la majorité sont des femmes et des enfants, s’entassent dans des camps au nord de l’Ouganda, notamment à Bidi Bidi, à Palorinya, à Rhino et à Ayilo.
Sur le terrain, Plan International se mobilise pour améliorer l’accès de la population à l’éducation, à la santé, à la protection et à la sécurité économique. Pour la seule année 2017 près de 600 000 personnes ont reçu de l’aide de l’ONG :
- 35 000 personnes ont reçu une aide alimentaire d’urgence dans les camps
- 16 espaces sûrs pour les enfants ont été créés par Plan International Uganda, permettant à 9 088 enfants (3 990 filles et 5 098 garçons) d’y avoir accès
- 30 centres dédiés au développement de la petite enfance ont été construits, permettant à 12 340 enfants (6229 filles 6111 garçons) âgés de 3 à 5 ans de bénéficier des activités de ces centres.
- 2 750 enfants de moins de 5 ans, nés dans les camps de réfugiés en Ouganda, ont été enregistrés à la naissance et sont inscrits sur les registres nationaux
- 192 cas d’enfants et de jeunes exploités et abusés, dont 97 filles, sont actuellement traités par des équipes spécialisées en protection de l’enfance
- 4 000 adolescentes ont reçu des kits d’hygiène menstruelle, « kits de dignité »
- 12 766 enfants (5974 filles et 6792 garçons) ont reçu du matériel scolaire.
Les adolescentes restent les plus vulnérables face aux dangers liés aux crises humanitaires : kidnapping, violences et abus sexuels, esclavage, déscolarisation massive… En situation de crise, les filles sont 2,5 plus à risque d’être déscolarisées que les garçons. Partout dans le monde, elles veulent faire entendre leur voix et leurs revendications ! Plan International les soutient.
Contact médias (données, photographies, interviews des équipes sur place…) :
Julien Beauhaire – 01 84 87 03 52 – julien.beauhaire@plan-international.org