La crise humanitaire sans précédent créée par l’explosion du port de Beyrouth il y a 15 jours aggrave la situation des filles et des adolescentes déjà très fragilisées par les crises économique et sanitaire qui secouent le pays depuis plusieurs mois.
Exploitation et violences sexuelles : le sort réservé aux filles ?
L’ONG Plan International est très inquiète pour les enfants, et en particulier les filles, qui se retrouvent confronté.e.s à des risques élevés pour leur santé mentale et physique à la suite de l’explosion du port de Beyrouth. Des milliers d’enfants sont susceptibles de développer des troubles post-traumatiques ou des syndromes d’anxiété.
Marianne Samaha, directrice des programmes de l’ONG Plan International au Moyen-Orient : « Les enfants sont les personnes les plus affectées par cette crise, ce qui leur est arrivé est un événement traumatique. »
Christina, mère d’un enfant de 6 ans, témoigne : « Mon fils reste traumatisé, il refuse de dormir dans son lit. Je ne sais pas comment lui parler, car moi-même je ne me sens plus en sécurité. »
Plan International est particulièrement préoccupé par l’impact de la triple crise humanitaire, sanitaire et économique sur le sort des adolescentes au Liban. En avril dernier, l’ONG avait déjà alerté l’opinion internationale sur la situation préoccupante des filles et sur la fragilisation de leurs droits.
- 83 % des femmes n’ont pas accès aux services de santé sexuelle et reproductive, par crainte de la transmission du Covid-19.
- Les filles des communautés défavorisées du Liban manquent cruellement de nourriture et de produits de première nécessité, tels que des serviettes hygiéniques.
- Plus d’1/3 des adolescentes n’ont pas accès aux protections périodiques. Une situation qui s’aggrave pour les réfugiées : parmi elles, 2/3 sont des réfugiées syriennes.
Lire l’étude.
La condition des filles au Liban, déjà en situation de vulnérabilité avant l’explosion, va empirer.
Elles encourent de nombreux risques :
- Exploitation sexuelle et violences sexuelles : L’ONG est très inquiète pour les filles séparées de leurs familles à la suite de l’explosion. Beaucoup d’entre elles sont susceptibles d’être exploitées sexuellement ou de subir des violences sexuelles.
Colin Lee, directeur de Plan International au Moyen-Orient : « Les filles déplacées vivent désormais dans des logements partagés ou dans des bâtiments dangereux, sans fenêtres, ni serrure à leurs portes, ni électricité la nuit. »
- Violation de leurs droits sexuels et reproductifs : Au moins 6 hôpitaux et 20 cliniques ont été sévèrement endommagés, les rendant partiellement ou totalement inopérants. L’engorgement des services de santé, sollicités au maximum de leurs capacités, compliquent l’accès des filles et des femmes aux services de santé sexuelle et reproductive. Cette situation est particulièrement dangereuse pour les femmes enceintes.
- Exploitation économique : Les filles sont exposées à un risque accru d’exploitation économique pour répondre aux besoins de leurs familles. L’explosion a causé une perte de revenus pour un grand nombre d’individus, avec la destruction de nombreuses entreprises incluant des restaurants, des magasins et des bureaux.
Contexte
• L’explosion du port de Beyrouth mardi 4 août 2020 engendre de graves conséquences sur les enfants et sur leurs familles à différents niveaux : logement, santé, hygiène, protection, moyens de subsistance et sécurité alimentaire.
• Environ 100 000 enfants sont directement touché.e.s par la catastrophe (Unicef). Beaucoup ont perdu leur maison et vivent désormais dans des abris précaires et peu sécurisés.
• 120 écoles accueillant au total 55 000 élèves se retrouvent fortement dégradées (Unicef). De nombreux enfants risquent de ne jamais retourner à l’école.
• Cette catastrophe humanitaire émerge à un moment où le Liban traverse l’une des pires crises économiques de son histoire : perte de revenu pour 2/3 des foyers, restrictions sur les retraits d’argent liquide, dévaluation sévère de la monnaie, inflation galopante…
• 70 % des importations ne peuvent plus arriver par le port de Beyrouth : risque de pénuries de nourriture et d’autres produits essentiels, dans un contexte national d’insécurité alimentaire (importations de 85 % des besoins alimentaires).
• Les risques de propagation de Covid-19 restent élevés : après l’explosion, le pays a enregistré son plus grand nombre de cas confirmés par jour – plus de 500 cas signalés le 17 août dernier par exemple. La capacité limitée des hôpitaux de Beyrouth, la surpopulation et le manque de distanciation physique demeurent une préoccupation majeure.
Que fait l’ONG Plan International ?
Beaucoup de Libanais.e.s, les filles en particulier, ne se remettront peut-être jamais de cette crise sans un effort concerté de notre part.
- L’ONG facilite l’accès aux filles aux services de santé sexuelle et reproductive.
- Plan International fournit des premiers soins psychologiques et un soutien psychosocial pour les filles et pour les garçons affecté.e.s par l’explosion. Elle accompagne également les parents et les soignant.e.s sur la manière appropriée de parler aux enfants et aux jeunes traumatisé.e.s.
- L’ONG organise des distributions de nourriture, de kits d’hygiène et de produits de première nécessité, tels que des serviettes hygiéniques, du savon et des masques de protection.
Pour toute demande d’interview de :
• Colin Lee, directeur de l’ONG Plan International au Moyen-Orient (en anglais)
• Marianne Samaha, directrice des programmes de l’ONG Plan International au Moyen-Orient (en français)
• Porte-parole de l’ONG Plan International France
Contacter Julien Beauhaire
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