En Ouganda, Faridah dirige un groupe de jeunes filles à Kampala qui travaillent à rendre leur ville plus sûre. La nuit, les rues faiblement éclairées accroissent le danger pour la vie des filles. « À l’endroit où mon amie a été tuée, il y a maintenant de la lumière », dit-elle, sur un ton mêlant tristesse et fierté.

Faridah a 18 ans, elle vit avec sa famille et son bébé dans les bidonvilles de Kampala. Chaque soir, vers 18h, elle se rend au centre-ville de la capitale ougandaise pour vendre des frites au coin d’un carrefour bondé. Le trajet vers son lieu de travail, précaire et à faible revenus, est parsemé de dangers.  

« Je dois seulement marcher un kilomètre, mais je rencontre des dangers à chaque tournant. Des chauffeurs de taxis saouls me harcèlent et tentent de me toucher, et quand je refuse leurs avances, ils deviennent agressifs et me crient des insultes pendant des semaines entières. »

Les plus grands dangers, cependant, sont plus proches des foyers dans les bidonvilles, surtout après minuit, heure à laquelle Faridah rentre du travail. « Il n’y a aucune lumière. Je marche seule, longeant des terrains pleins de déchets et de voitures abandonnées et des allées obscures et silencieuses. Il y a des maisons abandonnées squattées par les gangs, et à chaque fois que je passe devant la nuit, j’ai terriblement peur. »

Faridah a de bonnes raisons d’être effrayée. « Il y a de ça plusieurs semaines, on a trouvé le corps d’une femme qui avait été agressée à quelques mètres de ma maison. J’ai été harcelée plusieurs fois et il y a un an, quand j’étais enceinte de 4 mois, je marchais dans la rue avec une amie quand un gang nous a soudainement agressées.  Par chance, j’ai pu m’échapper, mais pas mon amie. Elle a été violée et assassinée dans cette ruelle. Je peux encore entendre ses cris qui résonnent dans ma tête. »

Son expression s’assombrit quand le souvenir ressurgit. Mais rapidement, son esprit combattif reprend le dessus. 
« Avec Plan International, nous avons formé un groupe de jeunes. J’en suis devenue la présidente. Ensemble, nous étudions les problèmes du quartier et travaillons à des solutions. Dans la ruelle où mon amie a été agressée, il y a maintenant de la lumière. C’est un de mes voisins qui a installé l’éclairage. »

Je suis Faridah. Je mérite le respect de tous.

Le groupe de jeunes a aussi aidé à améliorer la propreté et l’hygiène du quartier et le renforcement du pont en bois local. « Quand il pleuvait beaucoup, c’était impossible pour nous de traverser ces ponts, donc on devait prendre des détours encore plus dangereux. De nombreuses filles ne vont pas à l’école ou au travail quand il pleut parce qu’elles ont trop peur. Ça les rend encore plus vulnérables à long terme. »

Afin d’éviter cette situation, Faridah et les autres membres du groupe aident les filles à avoir plus confiance en elles et développer leur assurance :

« Nous apprenons aussi à anticiper le danger. Nous évitons les endroits où personne ne pourrait nous voir ou nous entendre et voyageons seules le moins possible. Maintenant, nous portons également plainte à la police quand nous sommes maltraitées. Récemment, un homme m’a poussé et frappé juste parce que je lui avais demandé de me laisser tranquille ; je l’ai dénoncé à la police, mais avant, j’aurais laissé passer ça sans rien dire. »

Malgré cette force nouvelle, Faridah est encore parfois effrayée, mais elle refuse que sa vie soit dictée par la peur. Avec le regard déterminé, elle marche tous les jours vers son lieu de travail avec une telle assurance que la plupart des hommes la laissent tranquille. 

Elle a un nouveau mantra qu’elle répète à qui veut ou a besoin de l’entendre : Je suis Faridah. Je mérite le respect de tous.

À propos du projet de Plan International pour rendre les villes plus sûres

Dans 5 villes (Le Caire, Delhi, Hanoï, Lima et Kampala) où les filles se sentent souvent en insécurité, Plan international rassemble les communautés afin de transformer les quartiers en endroits sûrs, où les filles sont respectées et peuvent aller à l’école ou au travail sans peur ni violences. Des espaces de sécurité ont été créés, où les filles peuvent aller et où l’on répond à leurs besoins. On leur enseigne les questions de sécurité dans les espaces publics et comment réagir face aux agressions. À long terme, ces projets mènent à des changements sociaux et économiques qui profitent non seulement aux filles, mais aussi aux garçons. Le but, c’est l’égalité des sexes. 

 

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