Après un premier refus et 2 ans de campagne, l’ONG Plan International a réussi à obtenir un emoji pour parler des règles, auprès du consortium des emojis. Les menstruations féminines sont encore très taboues dans nos sociétés, et pourtant, elles touchent plus de 3 milliards de personnes tous les mois. De nombreuses idées reçues circulent sur les règles, considérées comme impures, voire dangereuses. Dans les actualités, les publicités, sur le terrain, dans nos rapports et même à travers des emojis, le tabou des règles se brise lentement.
Une loi du silence imposée à toutes
À l’heure où la représentation des règles fait enfin son apparition dans la publicité (remplaçant l’habituel liquide bleu), Plan International prend l’initiative de briser le tabou autour des règles et pour banaliser leur représentation partout, dans les médias et sur les réseaux sociaux, à travers des emojis.
En 2017, Plan International a lancé une campagne massive depuis le Royaume-Uni sur les réseaux sociaux pour créer un emoji représentant les règles. 54 000 personnes ont voté pour leur design préféré : celui de la culotte a été choisi pour être intégré à l’Unicode emoji (langage universel des emoji). Notre demande a été rejetée, ce qui confirme que le tabou sur les règles et sur leur visibilité reste très fort, même sur des canaux aussi mondialement partagés que Facebook, Twitter ou Instagram. Après ce premier refus et 2 ans de campagne, l’ONG Plan International a finalement réussi à obtenir un emoji pour parler des règles, auprès du consortium des emojis.
Comment se fait-il qu’en 2018, la représentation des menstruations féminines ne soit pas tolérée ?
Nous continuons notre campagne pour que les règles soient considérées comme normales et assumées, et nous voulons qu’un emoji les représentant puisse être accepté : le second design le plus voté, la petite goutte de sang, est désormais mis en avant.
tout le monde a remarqué qu’elle avait une tâche, et elle s’est fait humilier
Pour appuyer cette campagne, Plan International a publié au Royaume-Uni le rapport « Break the Barrier », en français « briser les barrières », afin de collecter les témoignages de filles et femmes d’âges et d’origines différents au Royaume-Uni. Cette étude montre qu’elles aussi souffrent du silence imposé sur leurs corps. Le rapport et les autres témoignages sont disponibles ici (version anglaise).
Royaume Uni : « Elle a changé d’école parce qu’elle avait eu une fuite »
Zarah, 15 ans : « Quand on était en cours de science, il y avait une fille qui avait ses règles. Elle a eu une fuite, il y a eu du sang sur sa chaise qu’elle n’avait pas vu. Quand elle s’est levée pour sortir de classe, tout le monde a remarqué qu’elle avait une tâche, et elle s’est fait humilier. Tout le monde a ri d’elle. Elle n’est pas revenue pendant 3 ans, elle avait changé d’école ».
« Quand j’ai mes règles, je ne peux pas aller à l’école »
48% des filles en Iran, 10 % en Inde et 7 % en Afghanistan croient encore que les règles sont une maladie. Plan International se bat pour faire progresser les droits des filles et des femmes à la santé, à l’hygiène, au savoir et à la connaissance de leur corps. Sur le terrain, nous nous employons avec les populations locales à trouver des solutions pour que les règles ne soient plus une honte ou un tabou pour les filles, et à ce qu’elles sachent quoi faire pendant cette période.
Au Bangladesh, en Ouganda, en Inde, en Haïti et ailleurs, les jeunes femmes sont confrontées à de nombreux problèmes en période de menstruations :
- Un contexte social très fermé qui empêche la circulation d’informations, et où les jeunes femmes sont réduites au silence et à la honte
- Un manque d’information sur les règles à la maison et à l’école, renforcé par des idées reçues, des mythes et croyances non-fondées. Exemple : les règles sont sales. Une fille qui a ses règles est impure, on ne doit pas lui parler ni la toucher, etc…
- Des interdits sociaux et des restrictions qui empêchent les filles de mener une vie normale, d’aller à l’école et de profiter de loisirs, et les obligent à rester enfermées chez elles
- Des conditions d’hygiène précaires à l’école, à cause du manque d’eau courante, d’installations sanitaires pour les filles, de poubelles et de serviettes hygiéniques en cas d’urgence
Ouganda : « Quand j’ai mes règles, je ne peux pas aller à l’école »
Peace a 15 ans, elle a eu ses premières règles à 14 ans : « Quand j’ai mes règles, je ne peux pas aller à l’école. J’ai peur qu’il y ait du sang sur mon uniforme, et que toute la classe se moque de moi. Du coup, je mets des bouts de chiffons dans ma culotte, mais ça ne marche pas vraiment. Je n’ai pas les moyens de m’acheter des serviettes. »
Notre engagement pour les droits des filles à la santé
Face à ces obstacles, qui enferment les filles dans le silence, Plan International met en place des actions pour aider ces filles et ces jeunes femmes à comprendre leurs corps et vivre une vie normale, digne et émancipée. Nous organisons des ateliers de confection de produits hygiéniques avec et pour les populations locales sur le terrain, et mettons aussi à disposition des « kits » et produits sanitaires pour que les filles comme Peace n’aient plus besoin d’utiliser des solutions précaires comme des chiffons et de renoncer à aller à l’école.
Avec Plan International, les femmes et les hommes travaillent ensemble à améliorer les conditions de vie des filles, grâce à la confection locale de serviettes hygiéniques renouvelables. Cette activité permet aux filles de s’émanciper des contraintes sociales et de vivre pleinement leur vie, et permet également la création d’emplois locaux.