Jugé dangereux et prématuré par l’ONU et les ONG, dont Plan International, les gouvernements birmans et bangladais ont repoussé le retour en Birmanie des Rohingya. Une victoire pour ces réfugiés car leur sécurité n’est toujours pas assurée.
Mi-novembre 2018, l’annonce par les gouvernements birmans et bangladais d’un retour en Birmanie de plus de 2 000 réfugiés rohingya choque les organisations internationales. Plan International et 41 ONG s’empressent d’alarmer les autorités sur le danger de ce retour.
L’ONU rappelle que les conditions en Birmanie ne sont pas encore propices au retour des Rohingya. Les réfugiés continuent de fuir le pays. Faciliter leur rapatriement est prématuré. Leur vie et leur sécurité sont toujours gravement menacées.
Sous cette pression des organisations internationales et devant le refus de Rohingya eux-mêmes de rentrer, les autorités suspendent le retour. C’est le soulagement.
il a encore peur de dormir et d’être tué dans son lit
Les réfugiés Rohingya, bien que désireux de retourner en Birmanie, veulent la garantie de pouvoir jouir de leurs droits et de bénéficier d’une citoyenneté. Ils souhaitent s’assurer que les violences extrêmes qu’ils ont subies cesseront et que les responsables seront traduits en justice.
Il n’est pas non plus question pour eux d’être confinés dans des camps, sans liberté de circulation ou d’accès aux services et à des moyens de subsistance. À l’instar de la situation dans l’État de Rakhine en Birmanie où 128 000 Rohingya et d’autres musulmans ont été placés dans des camps depuis plus de six ans.
Surtout, les réfugiés ont peur. Ils ont fui au Bangladesh pour plus de sécurité et sont très reconnaissants d’y avoir trouvé refuge.
« Nous voulons vraiment y retourner, mais pas sans citoyenneté… Ils doivent nous donner la citoyenneté et une vie normale, comme les autres habitants du pays… Ils ont besoin d’être en paix avec nous, pas nous faire du mal.
Mon frère est retourné en Birmanie, il a encore peur de dormir et d’être tué dans son lit. Nous, au Bangladesh, nous pouvons dormir la nuit. Mon frère, lui ne peut pas », confie une réfugiée.
En sa qualité d’agence des Nations unies chargée de la protection des réfugiés, le HCR doit jouer un rôle clé dans tout processus de retour organisé, en fournissant notamment aux réfugiés des informations objectives, actualisées et exactes dans les langues et les formats appropriés, afin de leur permettre de bénéficier d’une réelle liberté de choix quant à leur retour en Birmanie.
Nous appelons les gouvernements du Bangladesh et de Birmanie à respecter leurs engagements et à faire en sorte que les réfugiés au Bangladesh puissent faire des choix libres et éclairés, sur la base d’informations complètes et impartiales sur la situation dans l’État de Rakhine. Les agences des Nations unies doivent avoir accès sans entrave à toutes les parties de l’État de Rakhine afin de fournir ces informations et de surveiller la situation dans les zones de retour potentiel.