Après un premier refus et 2 ans de campagne, Plan International a réussi à obtenir un emoji pour parler des règles, auprès du consortium des emojis. Une victoire pour briser les tabous et faire avancer les droits des filles !
Plus qu’un simple emoji
L’emoji, en forme de goutte de sang, sera disponible au printemps prochain. Il offre aux femmes et aux filles une nouvelle façon de parler de leurs règles.
C’est Plan International au Royaume Uni, qui est à l’initiative de cette campagne et de cette victoire contre les tabous sur les règles.
« L’inclusion d’un emoji qui peut exprimer ce que 800 millions de femmes dans le monde vivent chaque mois est un pas en avant vers la normalisation des règles et la suppression de la stigmatisation qui les entoure.
Pendant des années, nous avons gardé nos règles sous silence. En tant qu’expert des droits des filles, nous savons que cela a un impact négatif sur les filles. Si elles sont gênées de parler de leurs règles, elles se retiennent de parler de leurs problèmes et cela peut avoir des conséquences sur leur santé.
Un emoji ne va pas résoudre tous les problèmes, mais cela peut aider à faire évoluer les mentalités. Pour briser les tabous sur les règles, il faut d’abord pouvoir en parler », explique Lucy Russell, responsable des droits des filles et de la jeunesse pour Plan International au Royaume Uni.
En 2017, Plan International au Royaume Uni appelait les internautes à voter pour un emoji « règles » à soumettre au consortium Unicode. L’emoji représentant une culotte avec des gouttes de sang était plébiscité par plus de 55 000 personnes. Jugé peut-être trop choquant, il a été rejeté par le consortium.
C’est en deuxième tentative et avec une goutte de sang que Plan International a finalement obtenu l’emoji « règles ».
Carmen Barlow, responsable de la stratégie et du développement numérique à Plan International au Royaume Uni, déclare : « Les emoji jouent un rôle crucial dans notre vocabulaire numérique et émotionnel, ils transcendent les barrières culturelles et nationales. »
« Pour une organisation comme Unicode, reconnaître que les menstruations doivent être représentée dans ce nouveau langage mondial constitue un pas en avant considérable pour briser une culture mondiale de honte autour des règles. »
« Les règles sont un phénomène universel : la moitié de la population mondial y est confrontée tous les mois. Pourtant, personne n’en parle et l’on dénote un manque d’accompagnement et d’informations des adolescentes, même en France où le sujet demeure tabou », ajoute Yvan Savy, directeur de Plan International en France.
« L’utilisation de cet emoji en forme de goutte de sang par les filles, comme par les garçons, va permettre une libération de la parole. Nous espérons qu’il permette également de sortir d’une vision négative des règles, qui sont vues jusqu’à présent comme quelque chose de sale et d’impure, voire dans certains pays comme une maladie ou une malédiction. »
Un tabou aux lourdes conséquences à travers le monde
Plus de 500 millions de filles et de femmes dans le monde n’ont pas accès à des protections hygiéniques. Elles sont contraintes d’utiliser des torchons, des feuilles de papier, des morceaux de vêtements, ce qui pose des problèmes hygiéniques et engendre de graves risques d’infections.
« Pendant mes règles, je suis obligée de rester assise au même endroit pendant 6 ou 7 jours parce je n’ai ni serviettes hygiéniques, ni vêtements de rechange et aucun endroit propre et sûr pour me changer », confie Senowara, 15 ans, réfugiée rohingya dans le camp de Cox’s Bazar au Bangladesh.
Dans de nombreux pays, un contexte social très fermé empêche la circulation d’informations, les jeunes femmes peuvent être réduites au silence et à la honte.
Le manque d’information sur les règles à la maison et à l’école est renforcé par des idées reçues, des mythes et croyances non-fondées (telles que les règles sont sales, une fille qui a ses règles est impure, on ne doit pas lui parler ni la toucher, etc…)
Des interdits sociaux et des restrictions empêchent les filles de mener une vie normale, d’aller à l’école et de profiter de loisirs, et les obligent à rester enfermées chez elles.
A cela, s’ajoute des conditions d’hygiène précaires à l’école ou des difficultés financières qui peuvent empêcher les filles d’aller à l’école : manque d’eau courante, d’installations sanitaires pour les filles, de poubelles et de serviettes hygiéniques en cas d’urgence.
Peace, 15 ans, en Ouganda raconte : « Quand j’ai mes règles, je ne peux pas aller à l’école. J’ai peur qu’il y ait du sang sur mon uniforme, et que toute la classe se moque de moi. Du coup, je mets des bouts de chiffons dans ma culotte, mais ça ne marche pas vraiment. Je n’ai pas les moyens de m’acheter des serviettes. »
Plan International accompagne les filles dans la compréhension et l’acceptation de leurs corps
Nous organisons des ateliers de confection de produits hygiéniques renouvelables avec et pour les populations locales sur le terrain. Cela permet également la création d’emplois locaux.
De plus, nous distribuons des « kits » de produits sanitaires notamment aux filles et aux femmes en situation d’urgence.
Nous informons les garçons sur les règles des filles pour que cela ne soit plus source de moquerie et de stigmatisation par exemple à l’école.