Pendant des années, Kadiatu a été forcée d’exciser les filles dans son village de Sierra Leone. Mais avec l’aide de sa petite fille Zainab, elle a pu arrêter. Maintenant, la grand-mère et sa petite fille militent ensemble pour convaincre d’autres exciseuses d’abandonner la pratique.
Une fille saignait abondamment, une autre mourrait
« Je ne sais plus à quel âge j’ai été initiée, mais j’étais très jeune. Je n’avais aucune idée de ce qui allait m’arriver. Au cours de la cérémonie, j’ai été excisée.
Après, ils m’ont dit que j’allais devenir une Sowei c’est-à-dire une exciseuse. Je n’ai pas eu le choix. J’appartiens à la Sandé, une société secrète féminine dont le rôle est de préparer les jeunes filles au passage à l’âge adulte par des rituels incluant des Mutilations Génitales Féminines (MGF). Et c’est moi qui avait été désignée pour les effectuer.
Je ne sais pas combien de filles j’ai excisées, mais c’était beaucoup. J’ai souvent rencontré des problèmes. Une fille se mettait à saigner abondamment, une autre mourrait…
D’exciseuse à militante anti-excision
C’est ma petite-fille, Zainab, qui m’a persuadée de renoncer à la pratique des mutilations génitales féminines dont l’excision. Elle aussi, 30 ans après moi, avait été contrainte de devenir exciseuse. C’est après avoir assisté à un atelier anti-excision organisé par l’ONG Plan International que Zainab a décidé de militer contre ces pratiques. Cette décision a changer sa vie, mais aussi la mienne.
Nous sommes maintenant toutes les deux en première ligne. Nous travaillons dur dans notre communauté et au-delà pour mettre fin à cette pratique affreuse. Je suis soulagée de ne plus être exciseuse. Je suis très fière de Zainab.
J’ai réussi à empêcher la mutilation de 9 filles
« J’ai réussi à convaincre beaucoup de Soweis d’abandonner la pratique. »
Il faut beaucoup de temps pour que les habitant·e·s acceptent de renoncer à cette pratique. Lorsque la campagne a commencé, personne n’écoutaient. Ils argumentaient que la société Sandé devait se protéger à tout prix. Ce n’est que maintenant que la population est plus réceptive, je trouve très exaltant de voir les choses évoluer.
Aucune de mes autres petites-filles n’a été excisée et je n’autoriserai jamais qu’elles le soient. Bien sûr, je ne me limite pas mon action à ma propre famille. J’essaie de faire arrêter cette pratique plus largement autour de moi. J’ai réussi à empêcher l’excision de 9 filles.
De nombreux groupes militent contre cette pratique dans les communautés. J’ai réussi à convaincre beaucoup de Soweis d’abandonner les mutilations génitales féminines. Et tout cela, grâce à ma petite fille Zainab ! »