À 12 ans, Andreína est déjà une jeune leader dans sa communauté qui s’engage à mettre fin aux violences faites aux filles.
Enseigner le respect des droits des filles dès le plus jeune âge
Lorsque Andreína parle, elle le fait avec tout son corps : elle bouge ses mains, sa tête et ses yeux lorsqu’elle demande que « les enfants ne soient plus maltraités ». Quand elle dit que les filles ne devraient pas subir de violence, elle le fait avec fermeté. Pour elle, il ne s’agit pas simplement d’une opinion ou d’un point de vue, mais d’une règle inflexible.
À l’âge de huit ans, Andreína a dû faire face à la séparation de ses parents et a été élevée principalement par ses frères et sœurs ainé∙e∙s. Andreína perd son frère de 20 ans à la suite d’une insuffisance rénale et vit désormais avec son père, sa sœur de 22 ans, son frère jumeau et sa petite nièce qui apprend tout juste à marcher.
Après avoir rejoint le projet « ARRIBA » de Plan International, Andreína a appris à connaître ses droits et à mieux appréhender les inégalités auxquelles les filles et les femmes sont confrontées, notamment en ce qui concerne leur santé sexuelle et reproductive et les violences sexistes. Désireuse de sensibiliser sa communauté, elle a rejoint le groupe des adolescent∙e∙s de sa ville et enseigne désormais leurs droits à d’autres enfants.
« Il est important de souligner le travail qu’elle accomplit, sur la base de ses propres expériences. Elle a dû traverser de nombreuses situations difficiles et a réussi à aller de l’avant malgré toutes les épreuves »
déclare Mariela Fernández, de l’équipe du projet « ARRIBA »
Andreína partage ce qu’elle a appris avec les enfants de son âge, mais aussi avec des adolescent∙e∙s et des jeunes plus âgé∙e∙s qu’elle. Elle sensibilise même les parents, en les encourageant à réfléchir à la manière dont leurs actions ont des conséquences sur le comportement de leurs enfants.
Parfois, lorsqu’Andreína se rend dans une école pour parler de santé sexuelle et reproductive, les garçons rient, mais elle les ignore. « Les filles écoutent », dit-elle fièrement. Seuls trois garçons font partis de son groupe d’adolescents, l’un d’eux étant son frère jumeau.
« Toutes les leçons que je partage sont basées sur mes propres expériences. Mon objectif est de faire respecter les droits des filles, même au-delà de ma communauté. Je veux apprendre aux filles à connaître leurs droits pour qu’elles puissent se défendre »
dit Andreína
À Chuquisaca, où vit Andreína, un grand nombre de jeunes migrent chaque année vers les villes où ils espèrent trouver du travail. Certains partent dès l’âge de 12 ans, souvent avec une méconnaissance quasi totale leurs droits ou des dangers des rapports sexuels non protégés.
Mariela Fernández explique que la plupart des filles qui partent finissent par devenir employées de maison. « Si, à un moment donné, elles migrent, nous voulons qu’elles aient des informations adéquates sur les méthodes contraceptives et les infections sexuellement transmissibles (IST). Et qu’elles ne soient pas exposées à des situations qui interrompent leurs projets de vie. »
« Nous voulons que les filles et les garçons soient des leaders et qu’ils soient autonomes afin qu’ils puissent exercer leurs droits et bénéficier de l’égalité de genre, en particulier dans les espaces qui appartiennent généralement aux enfants. Par exemple, dans de nombreuses familles, les garçons vont à l’école mais pas les filles »
explique Mariela
Le projet « Arriba » en Bolivie : promouvoir la santé sexuelle et les droits sexuels et reproductifs
Le projet « ARRIBA » de Plan International travaille avec des milliers d’adolescent∙e∙s et de femmes en âge de procréer dans les départements de La Paz, Cochabamba, Chuquisaca et Tarija en Bolivie.
En 2022, Chuquisaca a signalé près de 2 000 cas d’IST au Service National d’Information sur la Santé (SNIS). Parmi les personnes touchées, 97,4% sont des femmes et le plus grand nombre de cas concerne les filles et les femmes âgées de 15 à 19 ans. En ce qui concerne les grossesses précoces, le SNIS a enregistré en février 2022, 229 nouveaux cas chez les adolescentes de moins de 19 ans.
Grâce au soutien financier du gouvernement canadien, le projet permet aux jeunes de prendre conscience de leurs droits en matière de sexualité et de procréation afin de pouvoir prendre des décisions éclairées. Il favorise la prévention des grossesses précoces ainsi que la réduction de la mortalité maternelle et néonatale. Le projet « ARRIBA » vise également à éliminer les violences sexistes et à promouvoir l’égalité.
A la demande des adolescent∙e∙s, le projet agit en matière de santé reproductive et sexuelle, en répondant notamment aux défis liés à la fourniture de ces services, à la gouvernance et à la responsabilité communautaire et institutionnelle.
Plan International travaille en collaboration avec l’ONG bolivienne CIES pour mettre en œuvre le projet dans 12 municipalités des départements de La Paz, Cochabamba, Chuquisaca et Tarija.
Le projet « ARRIBA » est devenu un espace de transformation pour Andreína. En tant que jeune militante respectée, elle traite de problématiques qui touchent l’école et la maison, partageant tout ce qu’elle a appris avec sa famille et tous les enfants et les jeunes qui veulent bien l’écouter.
« Plus que tout, je ne veux plus qu’il y ait de mauvais traitements, de violence et d’abus psychologique. Rien de tout cela. Je veux juste que tout le monde apprenne »
conclut Andreína