Depuis 2016, un collectif de filles et de jeunes femmes milite contre les abus perpétrés à l’encontre de leurs droits. A travers tout le pays, Le Club des Jeunes Filles Leaders de Guinée, fort de 500 membres âgé·e·s entre 10 et 25 ans, a fait de la fin des mutilations génitales féminines, son objectif principal.
Contre la « tradition » de l’excision : Le Club des Jeunes Filles Leaders de Guinée
En Afrique, on estime que 91,5 millions de femmes sont victimes de mutilations génitales féminines (UNFPA 2020). Cette pratique, qui constitue une violation des droits des filles et des femmes, est profondément enracinée dans certains pays y compris en Guinée où 94,5% des femmes entre 15 et 49 ans ont survécu à une excision (EDS 2018).
Déterminé·e·s à débarrasser leur communauté de cette pratique dangereuse, le Club des Jeunes Filles Leaders de Guinée tient des sessions d’éducation régulières dans les écoles. Le collectif organise des campagnes de sensibilisation massive sur les marchés, dans des lieux publics et mène des campagnes avec des artistes et des leaders d’opinion. Les jeunes militant·e·s sont conscients du fait que le changement ne pourra pas advenir sans le soutien des membres de la communauté. C’est pourquoi les jeunes du Club font du porte à porte afin d’expliquer les dangers de l’excision et le besoin urgent d’abandonner cette pratique.
Dans les communautés visitées, les membres du club rencontrent beaucoup de familles différentes.
« Les familles conservatrices sont les plus dominantes, alors elles tendent à rejeter toutes les actions que nous mettons en place, au nom de la culture ou de la religion. »
Explique une des leader du Club, Kadiatou qui nous confie qu’il faut beaucoup de courage pour combattre les mutilations génitales féminines dans ces communautés traditionnelles.
Le fait que la religion et la culture soient employées comme arguments principaux pour légitimer l’excision, pousse souvent les familles à continuer cette pratique de peur d’être rejetées de leur communauté.
« Une fois à Kissidougou, nous avons presque été attaqués par une communauté qui nous appelait « les folles », parce que nous étions en train d’essayer d’empêcher une excision », affirme Kadiatou.
Des progrès encourageants pour le respect des droits des filles en Guinée
Afin d’en finir avec le mythe selon lequel les mutilations génitales féminines constitueraient un impératif religieux ou culturel, les jeunes femmes du club réalisent des campagnes de plaidoyer auprès des autorités publiques. Leur objectif est de les pousser à appliquer la loi bannissant l’excision, en vigueur depuis le début de l’année 2000. Toutefois, cette pratique perdure car « ces textes législatifs sont trop peu connus et très mal appliqués », explique Kadiatou.
Selon Kadiatou, les choses sont en train de changer au fur et à mesure. Elle-même a déjà été témoin des changements d’attitude renforçant « la levée du tabou sur les conséquences de l’excision ». Cela donne plus de liberté aux militant·e·s pour mettre en lumière les différents cas d’excisions.
« Nous avons été récemment informés qu’un groupe de filles étaient sur le point de se faire exciser donc nous avons prévenu les autorités locales et porter le dossier jusqu’aux tribunaux qui ont arrêtés et punis les auteurs. »
Néanmoins, aujourd’hui, les jeunes militant·e·s pensent qu’il est important que les institutions soutiennent davantage les organisations qui travaillent au sein des communautés « en renforçant les capacités opérationnelles de nos institutions et les fonds mis à notre disposition. »
Plan International s’engage à poursuivre son soutien pour la mobilisation du Club des Jeunes Filles Leaders de Guinée mais également d’autres organisations de la jeunesse, dirigées par des filles. Plan International encourage les institutions à financer et soutenir ces organisations qui se battent sans relâche contre les abus et l’exploitation des filles en situation de vulnérabilité en Guinée.
Interview de Kadiatou Konaté, Directrice du Club des Jeunes Filles Leaders de Guinée