Au Ghana, les mères célibataires sont souvent discriminées pour avoir eu des enfants hors mariage. Elles sont généralement les dernières consultées pour les enjeux qui les concernent et sont régulièrement mises à l’écart par leur communauté.
Par conséquent, elles ont du mal à trouver des opportunités professionnelles décentes. La plupart d’entre elles sont contraintes d’accepter des emplois mal rémunérés pour subvenir à leurs besoins et à ceux de leurs enfants. Ces emplois précaires, que les mères célibataires sont forcées d’accepter faute de mieux, renforcent le cycle de pauvreté et limitent les possibilités d’avenir pour les enfants.
Le projet « Women’s Voices and Leadership » de Plan International au Ghana
Afin d’aider ces femmes à surmonter les obstacles auxquels elles font face, Plan International a mis en place un projet visant à donner la parole aux femmes dans les décisions qui concernent leur propre vie, celle de leur famille ou dans la société en général. Le projet « Women’s Voices and Leadership » accompagne des organisations locales et régionales, ainsi que les réseaux qui défendent les droits des femmes et font avancer l’égalité de genre en renforçant leur pouvoir.
En plus de développer des compétences qui les aident dans leur quotidien, les femmes reçoivent des formations en management, en business, sur l’égalité de genre, la nutrition et la finance. Afin qu’elles puissent mettre en pratique leurs nouvelles compétences, les femmes participant à ces formations ont appris à mettre en place et gérer leur plan d’épargne.
De cette manière, elles peuvent commencer à économiser de l’argent pour obtenir un prêt et investir dans leur business.
« Je suis très reconnaissante de ce que ce projet m’a apporté. Quand on vous apprend à faire les choses et que l’on vous soutient, vous savez que les compétences que vous avez acquises, vous aideront dans votre quotidien, pour toute votre vie. »
– Rahinatu
En mars 2021, lors de la pandémie de COVID-19, 25 femmes issues du département de Tolon dans la région Nord du Ghana, ont suivi ce projet. L’objectif de cette formation était de leur permettre de gérer leurs ressources financières et d’augmenter leur revenu pour répondre à leurs besoins.
Pour la majorité des femmes, l’enjeu prioritaire reste d’assurer l’accès à l’école pour leurs enfants. Auparavant, plusieurs de ces mères n’étaient pas capables de financer l’éducation de leurs enfants. Seulement 9 mois après la mise en place de ce groupe, 11 des 30 enfants de la communauté allaient à l’école.
En effet, le groupe ne s’est pas associé uniquement pour recevoir un bénéfice financier plus important. L’effort collectif construit une véritable cohésion sociale qui encourage les femmes à apprendre des unes et des autres, à se soutenir, et à gagner confiance en elles pour être plus fortes.
Avant de rejoindre le groupe, Rahinatu affirme qu’elle avait très peu confiance en elle et qu’elle n’était pas sûre d’arriver à s’intégrer dans ce groupe. Mais en rencontrant les autres mères célibataires comme elle, Rahinatu a peu à peu développé sa conscience sociale et l’assurance nécessaire pour mener la vie qu’elle a choisie. Le groupe des mères célibataires est aujourd’hui constitué de 40 participantes actives, qui ont toutes beaucoup progressées en un an.
Le soutien technique et social fournit à travers ce projet a permis de fonder des bases importantes pour ces femmes. Elles sont encouragées à s’exprimer et à participer à la vie politique de leur communauté.
former les femmes pour encourager leur autonomisation
Les femmes qui ont participées à cette formation s’entraident et se soutiennent les unes et les autres. « Ce qui est bien dans le fait de travailler en groupe, c’est que cela encourage les autres. », nous confie Rahinatu.
« Quand on met nos efforts en commun, on peut réaliser beaucoup de choses que ce soit en groupe ou à titre individuel. Mais faire partie d’un groupe permet d’accélérer la vitesse à laquelle les choses sont faites. »
– Rahinatu
Souhaitant, elles aussi, améliorer leurs ressources financières, certaines femmes de ce projet déjà formées en agriculture, ont décidées de travailler ensembles pour cultiver une ferme de soja et d’arachide. Le projet « Women’s Voices and Leadership » a permis d’offrir des formations de qualité à ces femmes. Il leur a également permis d’acheter une parcelle pour pouvoir produire plus de pâte d’arachide et la vendre plus tard.
D’autres membres du groupe comme Rahinatu ont choisi de développer des compétences en coiffure ou en soins de beauté. « On m’a appris à faire des tresses, des pédicures et des manucures. J’ai fini la formation en 6 mois et maintenant je suis formatrice au centre de formation. Quand je ne forme pas les autres femmes, je me rends au marché pour tresser les cheveux de celles qui tiennent des stands ».
Lors de la première année, les femmes ont récolté une vingtaine de sacs de graines de soja et une dizaine de sacs d’arachide qu’elles ont pu vendre au marché local. Très enthousiastes après cette première récolte, elles ont décidé d’acheter davantage de matériel agricole afin d’agrandir leur culture d’arachide qui remporte un franc succès lors du marché.
Rahinatu affirme qu’avant de rejoindre le groupe des mères célibataires, elle avait des difficultés à subvenir à ses besoins et ceux de son fils. Elle travaillait alors en tant qu’ouvrière agricole, aidant les propriétaires du terrain à faire la récolte dans les champs, pour moins de 1$ par journée ouvrée.
« On nous a appris à économiser de l’argent et à se projeter dans notre avenir. Beaucoup de choses ont changé depuis que j’ai commencé à travailler avec le groupe, j’ai davantage confiance en moi, j’ai quitté la chambre de mon ami qui m’hébergeait et j’ai aujourd’hui une maison que je loue pour mon fils et moi », nous confie-t-elle.
Aujourd’hui, les femmes de cette communauté, qui ont été formées par Plan International sont suffisamment autonomes pour cultiver leurs terres et subvenir aux besoins éducatifs et alimentaires de leurs enfants.