En Somalie, 98 % des filles et des femmes âgées de 15 à 49 ans ont subi des mutilations génitales féminines. Bien que cette pratique ait des répercussions dévastatrices sur la santé des femmes et des filles, y compris la douleur, les saignements, l’incapacité permanente et même la mort, elle demeure une norme sociale profondément enracinée où les violences faites aux filles et aux femmes sont acceptables.
Le témoignage d’Hani
Comme tant d’autres filles de sa communauté, Hani, 17 ans, a été excisée lorsqu’elle était enfant.
Hani avait 8 ans lorsqu’elle a été excisée mais elle se souvient bien de ce jour. « Il y avait d’autres filles plus âgées qui devaient être excisées le même jour que moi. Quand je les ai entendues crier et pleurer, j’étais terrifiée et je me suis enfuie. Ma mère était là. Je me suis échappée 3 fois et j’ai été attrapée et, finalement, mutilée. »
L’excision est une violation des droits fondamentaux des filles et des femmes. Cette pratique prend racines dans divers causes. Dans certains cas, elle est considérée comme un rite de passage de fille à femme, tandis que d’autres y voient un moyen de supprimer la sexualité d’une femme. De nombreuses communautés pratiquent les mutilations génitales en croyant qu’elles assureront le mariage d’une fille ou l’honneur familial. Certains l’associent à des croyances religieuses, bien qu’aucun texte religieux ne l’exige.
« J’ai eu si mal que je ne pouvais plus m’asseoir et j’ai dû m’allonger pendant 10 jours. Je veux oublier ce mauvais souvenir, mais je n’ai jamais réussi à l’effacer de ma mémoire. Les mutilations génitales sont des pratiques néfastes, auxquelles nous devons mettre un terme ». Hani tient à ce que ses futures filles ne soient jamais excisées.
Quand ce fût au tour de ses petites sœurs, Hani supplia sa mère de ne pas commettre l’irréparable. « Je l’ai suppliée et je lui ai dit que la douleur les poursuivrait comme elle me poursuit », explique-t-elle. « D’abord, elle a refusé d’écouter, puis elle a accepté mes arguments et mes sœurs ont échappé à l’excision. »
Le témoignage de Marwa
Marwa, 14 ans, vit également dans un camp de personnes déplacées. Elle n’est jamais allée à l’école et ne sait ni lire ni écrire. Elle a été mutilée il y a 3 ans, quand elle avait 11 ans et dit que la chose dont elle se souvient le plus était l’insupportable douleur.
« C’était le matin. J’étais seule avec ma mère et « le coupeur » du village. On m’en avait parlé avant, alors j’étais consciente que cela allait être douloureux. Pourtant, la douleur que j’ai ressentie dépassait tout ce que je pouvais imaginer », dit-elle.
La mère de Marwa l’a convaincu que toutes les filles devaient subir une excision et que c’était une procédure nécessaire pour les rendre plus « pures ». « J’ai ressenti une douleur extrême pendant 4 jours et j’étais alitée. Chaque partie de mon corps souffrait. J’ai guéri et tout allait bien, mais le souvenir ne s’estompera jamais. »
« L’excision est une pratique très dangereuse à laquelle nous devons mettre un terme. Si je me marie et si j’ai des filles, je ne les forcerais jamais à subir des mutilations génitales, cela ne fait pas partie de notre religion. »
Témoignage de Barwaage
À 19 ans, Barwaaqe, vit avec ses parents et ses 9 frères et sœurs. Elle est l’une des rares personnes qui peuvent encore se rendre à l’école. Même si elle fait ce long trajet de 3 heures pour s’y rendre et revenir en tuk-tuk, elle espère qu’elle pourra terminer ses études secondaires.
« Je veux atteindre mes objectifs de vie et réussir mes études afin de pouvoir soutenir mes parents. Je veux être autonome. À la fin de mes études, je veux travailler dans le secteur de la santé, comme un médecin ou une sage-femme. Je veux en apprendre davantage sur ma santé et aider les filles et les femmes qui font face à de nombreux problèmes de santé. »
Avec l’intensification de la sécheresse en Somalie, les systèmes de protection des filles et des femmes sont extrêment fragiles. La déscolarisation expose davantage les filles aux risques de mutilations génitales féminines et aux mariages précoces.
« Les femmes en Somalie sont confrontées à de nombreux problèmes de santé, y compris l’excision que la majorité des filles ont subies et qui ont un impact dévastateur sur leur vie. Les sécheresses répétées causent des maladies et des problèmes de malnutrition parce que les gens peinent à se nourrir ».
Elle-même survivante de l’excision, Barwaaqe explique, comme beaucoup d’autres filles, avoir été traumatisée par son expérience. « Je n’oublierai jamais ce moment. Ce dont je me souviens, c’est l’immense peur qui m’a envahi ce jour-là. Je courais et je pleurais, je ne l’oublierai jamais. J’avais 9 ans. Je n’avais aucune idée de ce qu’était l’excision. Ma mère était avec moi et elle aussi était terrifiée. Aujourd’hui, et chaque fois que je me souviens de ce jour, je ressens encore la douleur lancinante de la lame. »
« Ma sœur et moi avons subi une excision. Quand ils nous l’ont fait, ma mère ne prenait pas la pleine mesure des défis auxquels les filles sont confrontées après cette terrible pratique. Mais aujourd’hui elle sait tout ça et elle ne l’a pas fait à mes jeunes sœurs. J’aimerais sensibiliser davantage les gens pour que les mutilations génitales féminines cessent définitivement. »
Plan International travaille aux côtés de l’association locale « Network Against FGM in Somaliland » (NAFIS) pour sensibiliser les communautés sur les mutilations génitales féminines et leurs conséquences dévastatrices. Les ateliers de formation se concentrent sur les violences de genre, les mariages forcés et les grossesses chez les adolescentes.