Préoccupée par le fait que plusieurs de ses amies aient été forcées de se marier très jeunes, Adiana a décidé de rejoindre le programme « Let’s talk » dirigé par Plan International en Indonésie. Elle est désormais en première ligne pour prévenir les mariages forcés en sensibilisant ses camarades mais aussi sa communauté sur ses effets dévastateurs.
L’éducation mise en péril à cause du mariage d’enfants en Indonésie
En Indonésie, il n’est pas rare que les élèves soient contraint·es de quitter l’école après avoir été marié·es de force. Environ 16% des filles en Indonésie sont mariées avant l’âge de 18 ans et 2% d’entre elles sont mariées avant leur 15 ans.
Chaque année plusieurs camarades de classe d’Adiana quittent soudainement l’école pour être marié·es. Cette pratique alarmait beaucoup Adiana. « Dans notre communauté, il y a au moins 1 mariage d’enfant chaque année ».
Un bon nombre d’enfants sont mariés précipitamment sans que les effets dévastateurs sur leur enfance ne soient pris en considération. Certain·es jeunes souhaitent se marier par amour malgré leur jeune âge. Tandis que pour certaines filles, le mariage leur a été imposé après qu’elles soient tombées enceintes.
Malheureusement, il arrive que les parents submergés par les dettes voient dans le mariage de leur enfant, le moyen de résoudre leurs problèmes financiers. Les professeur·es dans les écoles sont souvent dans l’incapacité de prévenir ces mariages forcés car les familles et la communauté soutiennent encore cette pratique. Lorsque les enfants sont mariés, ils sont presque immédiatement déscolarisés.
Afin de s’attaquer à ce défi, Plan International a mis en place le programme « Let’s talk ». Cette initiative a permis la création d’un groupe de jeunes éducateur·trices capables de former leurs camarades sur des sujets tels que les grossesses précoces, les mariages forcés et les violences de genre.
Briser les tabous par l’implication des jeunes dans la prévention et la sensibilisation
Après avoir assisté à la phase initiale de la formation, Adiana est maintenant déterminée à combattre et à réduire les mariages d’enfant dans son école.
« Même si ce n’est pas toujours facile d’être une jeune éducatrice et de faire changer les mentalités, notre engagement permet d’améliorer progressivement la situation. »
Adiana
Adiana et ses camarades jeunes éducateur·trices tiennent régulièrement des séances de sensibilisation pour discuter avec les élèves. Grâce à ces sessions, les étudiant·es peuvent poser leurs questions et prennent conscience de leurs droits.
Gangga est une jeune femme de 13 ans qui travaille aux côtés d’Adiana en tant que jeune éducatrice. « Les coordinateur·trices du projet « Let’s talk » nous fournissent des supports pédagogiques. Et ensuite, nous animons les discussions avec les élèves. J’aime beaucoup aider mes ami·es à apprendre et leur permettre d’acquérir de nouvelles connaissances. »
Peu à peu les connaissances des élèves sur leurs droits leur permettent de faire des choix plus éclairés pour leur avenir et de lutter contre la déscolarisation suite aux mariages forcés. Toutefois, Adiana nous confie qu’au lancement du projet, elle a fait face à de nombreux obstacles. « Parfois les sujets que nous proposons en classe déclenchent des éclats de rires. Certains élèves refusent d’entendre parler des faits qui déconstruisent les tabous et les stéréotypes et pensent déjà tout savoir. »
Mais Adiana est déterminée à ne pas abandonner. Armé·es de patience, les jeunes éducateur·trices surmontent les obstacles qui nuisent au respect des droits de l’enfant. « Il y a toujours des élèves qui écoutent attentivement ce que nous avons à dire, alors que d’autres ne veulent simplement, pas savoir. »
C’est en jouant et en offrant des kits pédagogiques que les élèves se sentent pleinement impliqués dans ces sessions de sensibilisation. De cette manière, les enfants sont davantage engagés et intéressés par ces discussions.
Adiana affirme que ces sessions lui ont également permis de gagner confiance en elle. « Notre premier objectif est de transmettre nos connaissances sur les conséquences néfastes des mariages d’enfant et de mettre l’accent sur les droits sexuels et reproductifs des jeunes. »
Depuis le commencement du projet, Adiana a pu constater un changement dans les mentalités des élèves, notamment au sujet des menstruations.
« Par le passé, lorsqu’une fille avait ses règles à l’école, on se moquait d’elle. Maintenant les garçons se sentent concernés et souhaitent aider les filles. Les règles ne sont plus source de moqueries comme auparavant. »
Adiana
Adiana a remarqué que le nombre d’élèves quittant l’école pour être mariés avait significativement réduit depuis le début du projet. « J’espère que le projet « Let’s Talk » va continuer encore longtemps, pour que tous les enfants après nous puissent apprendre eux aussi, sur leurs droits. »