Date – Février 2025
Trente ans après la Déclaration de Beijing en 1995, qui a jeté les bases d’un programme mondial pour l’égalité de genre et l’autonomisation des femmes et des filles, nous faisons face à un tournant décisif. Alors que la Journée internationale des droits des femmes approche, un climat d’attaques idéologiques se renforce, entraînant une érosion des acquis et une réduction drastique des financements. Cette menace grandissante met en péril l’avenir des filles à travers le monde.
Des reculs préoccupants
Sans actions urgentes, l’égalité de genre pourrait reculer d’ici 2030, privant la génération actuelle de droits dont bénéficiaient leurs mères, voire leurs grands-mères. Cet éventuel retour en arrière n’est pas accidentel : il s’inscrit dans une stratégie délibérée menée par des mouvements anti-droits, qui perpétuent les normes patriarcales et accentuent les divisions au sein des sociétés.
1. Le droit à l’éducation
A l’échelle mondiale, 122 millions de filles restent exclues des écoles, victimes de travaux domestiques, de mariages forcés et de normes sociales de genre qui dévalorisent leur savoir. Même celles qui fréquentent l’école subissent des discriminations, du harcèlement et un manque d’accès à des ressources adéquates. Les réformes éducatives qui promeuvent l’égalité sont attaquées par des mouvements anti-droits opposés à toute transformation des rôles dits traditionnels. La privation d’un enseignement inclusif et de qualité a des conséquences sur la vie des jeunes, en particulier des filles. Cela compromet leur avenir et freine leur émancipation.
2. Le droit à une vie sans violence
Plus de la moitié des enfants dans le monde subissent des violences, et les filles en sont souvent les principales victimes. Chaque année, 60 millions de filles subissent des agressions sexuelles en milieu scolaire, et 1 fille sur 4 entre 15 et 19 ans déclare avoir été victime de violences physiques ou sexuelles de la part de leurs partenaires. Les violences en ligne, le harcèlement et la diffusion de contenus abusifs continuent de menacer leur sécurité. Les groupes anti-droits manipulent les discours en remplaçant les concepts liés au genre par des notions purement biologiques, alimentant ainsi des systèmes qui justifient et renforcent ces violences.
3. Le droit à la santé sexuelle et reproductive
Les adolescentes représentent un maillon essentiel pour le bien-être et le développement. Pourtant, elles font face à des enjeux de santé souvent ignorés. Chaque année, 1,2 million de jeunes meurent de causes évitables liées à la santé et à la grossesse tandis que les complications liées à l’accouchement demeurent les principales causes de mortalité pour les filles de 15 à 19 ans. Dans des contextes précaires, l’accès aux contraceptifs modernes reste limité pour 23 millions de jeunes filles, et 4 millions subissent des avortements dangereux annuellement. La politisation de la santé sexuelle et reproductive par des acteurs anti-droits menace la vie et l’autonomie des filles.
4. Le droit à un environnement sain
Les filles sont particulièrement vulnérables aux violences et à l’exploitation en période de conflit ou de catastrophe naturelle. Trop souvent, elles sont exclues des prises de décisions qui concernent leur environnement, tant au niveau humanitaire que climatique. La crise climatique touche particulièrement les jeunes filles, surtout celles issues de communautés marginalisées, aggravant ainsi les inégalités et entravant leur accès à des services essentiels comme la santé reproductive et l’éducation.
5. Le droit de participer à la vie publique
L’exclusion des filles et des jeunes femmes du débat public et de la sphère politique est une réalité alarmante. Elles sont fréquemment perçues comme trop immatures pour s’impliquer ou, au contraire, stigmatisées pour leur engagement. Les obstacles structurels et les stéréotypes persistants les empêchent de jouer pleinement leur rôle de leaders et d’agents de changement. Le recul des financements pour les initiatives progressistes, tels que les droits reproductifs, l’action climatique et les mouvements en faveur des droits humains, accentue encore leur marginalisation.
Agir pour l’égalité
L’égalité de genre profite à toute la société. Un monde où les filles bénéficient des mêmes droits que les garçons serait plus juste, plus sûr, plus sain, plus durable et plus prospère pour toutes et tous. Il est impératif de rester solidaire des filles et des femmes dans toute leur diversité et de défendre avec force leurs droits face à une vague de régressions. La Commission des Nations Unies sur la condition de la femme, qui se tiendra à New York, représentera pour les Etats une occasion cruciale de réaffirmer les engagements pris lors du Sommet de l’Avenir et de contrer les forces rétrogrades qui menacent la liberté et l’émancipation des filles et des jeunes femmes.
Le temps est venu de faire entendre la voix des filles, de briser les chaînes de l’injustice et de bâtir un avenir où chaque fille pourra grandir en toute sécurité, avec dignité et dans la possibilité de réaliser pleinement ses rêves.