Elles sont 12 millions de filles mariées chaque année dans le monde avant l’âge de 18 ans. Si nous n’agissons pas maintenant, plus de 150 millions seront mariées d’ici à 2030 : c’est le message de la nouvelle étude publiée le 3 décembre 2018 par l’ONG Plan International avec le soutien du Fonds des Nations unies pour la population.

Si les initiatives qui visent à mettre fin aux mariages d’enfants portent leurs fruits en Asie du Sud et en Asie du Sud-Est, ces efforts doivent être intensifiés dès à présent pour protéger les 150 millions de filles qui risquent d’être mariées de force d’ici à 2030. C’est le message clé que porte la nouvelle étude régionale conduite par l’ONG Plan International avec le soutien du Fonds des Nations unies pour la population (FNUAP) :  Il est temps d’agir : accélérer les efforts pour éliminer les mariages d’enfants en Asie.

Le nombre de mariages d’enfants reste dramatiquement élevé

C’est une ambition mondiale. Celle de mettre fin aux mariages d’enfants dans le cadre plus large du Programme de développement durable à l’horizon 2030. Âge moyen, région de prévalence, répartition fille-garçon, sexualité, causes profondes, grossesses précoces, législation relative aux inégalités de genre, mortalité infantile, solutions, recommandations, implication des jeunes… à travers l’analyse de cette pratique traditionnelle néfaste et des actions et des initiatives apportées pour y mettre fin, le rapport rappelle que « l’heure des enfants, et des filles en particulier, est enfin venue ! ».

Dans les régions d’Asie du Sud et du Sud-Est, le nombre de mariages d’enfants reste dramatiquement élevé. Au Bangladesh par exemple, l’un des pays à la plus forte prévalence de mariages d’enfants, 18 % des filles sont mariées avant l’âge de 15 ans et 52 % avant l’âge de 18 ans. Au Cambodge, 19 % des filles sont mariées ou en union au même âge.

Conséquence souvent directe : les grossesses chez les adolescentes sont également en hausse en Asie. Près de la moitié d’entre elles (43 %) sont non désirées – certaines survenant au sein du mariage. Ces grossesses précoces et non désirées expliquent en partie le taux élevé d’avortements dans la région, souvent pratiqués dans des conditions dangereuses.

filles asie mariées de force

Lorsque Ruchi, âgée de 17 ans, a refusé de céder à la pression de ses parents et de se marier avant l’âge légal, elle est devenue un modèle pour les autres filles de son village de Lucknow, dans l’Utter Pradesh en Inde, où environ 10 % des filles se marient avant d’avoir 18 ans. Déterminée à briser son mariage forcé, Ruchi a demandé l’aide de Vatsalya, l’un des partenaires de mise en oeuvre de l’ONG Plan International à Lucknow. Un membre du personnel a rendu visite à la famille pour expliquer à ses parents les conséquences négatives d’un tel mariage.

Les mariages d’enfants nuisent au développement économique et social de nations entières 

« Les mariages d’enfants constituent des pratiques nuisibles au développement économique et social des nations dans leur ensemble. Avec ce rapport, nous appelons à accélérer les investissements et les efforts pour faire des mariages d’enfants un fléau du passé », explique Bhagyashri Dengle, directeur régional de l’ONG Plan International en Asie. « Il s’agit d’un moment crucial, nous devons tirer parti des progrès réalisés et accroître nos efforts pour faire en sorte qu’aucune fille ne soit laissée-pour-compte ». 

Profondément ancrées autour des rôles et des valeurs assignés aux filles, les normes sociales contribuent aux mariages d’enfants, tandis que les conditions économiques et systémiques qui conduisent les familles à marier leurs filles persistent. Cela vient non seulement porter gravement atteinte à la santé globale et au bien-être des filles, en les exposant notamment à la violence et aux grossesses non désirées, mais cela limite également leurs opportunités en matière d’éducation et d’emploi. Au-delà, les mariages d’enfants nuisent au développement économique et social de nations entières. 

© Plan International – Patrick Kaplin

Au Népal, 37 % des filles sont mariées avant l’âge de 18 ans, bien que l’âge minimum légal est 20 ans. Nombre de ces mariages résultent de la pauvreté, du manque d’accès à l’éducation, de la pression sociale et des pratiques néfastes traditionnelles. L’inégalité de genre, ainsi que les normes sociales préjudiciables sont profondément enracinées dans la société népalaise et rendent les filles bien moins valorisées que les garçons. Mais les filles commencent à se battre contre des années de tradition : le programme mené par Plan International 18 + apporte aux filles l’information, les compétences et les services nécessaires pour être en bonne santé, éduquées et en sécurité. Il leur permet également de retrouver la confiance nécessaire pour prendre leurs propres décisions et faire entendre leur voix. Dans les clubs d’enfants soutenus par l’ONG, les filles se rencontrent régulièrement pour débattre des droits de l’enfant, de la santé sexuelle et reproductive et des aspects négatifs du mariage des enfants. À travers le sport, le théâtre et le jeu, elles acquièrent des compétences de vie indispensables.

« Nous devons accélérer nos efforts pour mettre fin aux mariages d’enfants et nous attaquer aux causes des grossesses précoces », déclare Bjorn Andersson, directeur régional du FNUAP pour l’Asie et le Pacifique. « Nous pouvons parvenir à mettre fin aux violences fondées sur le genre et aux pratiques néfastes, telles que les mariages d’enfants, en renforçant les mesures de protection et d’autonomisation des jeunes filles et en travaillant avec la société entière pour lutter contre les causes profondes : l’inégalité de genre, la vulnérabilité et la pauvreté. »

Des activités de plaidoyer dirigées par les jeunes, une éducation complète à la santé et à la sexualité, l’engagement des hommes et des garçons, ainsi que l’autonomisation des filles constituent autant d’avancées qui permettent de garantir que les choix des filles sont respectés, écoutés et valorisés. La volonté politique et la bonne application de la loi sont également essentielles à la prévention des mariages d’enfants et au soutien des jeunes dans leur liberté de choisir – une fois adultes – s’ils veulent se marier, quand et avec qui.

© Plan International – Patrick Kaplin

Shalini, 21 ans, a déjà aidé plus de 2 500 enfants de son district à obtenir un acte de naissance qui leur permet ainsi d’échapper légalement au mariage d’enfants. À 17 ans, l’activiste d’Utter Pradesh, qui compte le plus grand nombre d’enfants nés en Inde, a brisé son propre mariage et a depuis empêché plus d’une douzaine de mariages de garçons et de filles. « À mesure que la société progresse, il est essentiel que les filles étudient. Une fille instruite peut être indépendante et prendre seule les décisions qui la concernent », explique-t-elle.

Plus de 700 millions de femmes actuellement en vie ont été mariées enfants. En Asie et dans le Pacifique, 37 % des femmes âgées de 20 à 24 ans ont été mariées avant l’âge de 18 ans. Elles sont 59 millions à avoir été mariées à l’âge de 18 ans. Les mariages d’enfants, précoces et forcés affectent la vie de millions de filles en Asie et nuisent à leur bien-être et à leur santé, tout en les exposant à la violence, et les privent de leurs droits fondamentaux. En 2017, l’ONG Plan International a mené des recherches approfondies sur la prévalence des mariages d’enfants au Bangladesh, au Cambodge, en Chine, en Inde, en Indonésie, au Laos, en Birmanie, au Népal, au Pakistan, aux Philippines, au Sri Lanka, en Thaïlande, au Timor-Leste et au Vietnam.

Les mariages d’enfants dans le monde 

Source: Girls Not Brides

Source : Unicef, mars 2018

Pays avec la plus forte prévalence de mariage d’enfants

  1. Niger : 76 %
  2. République centrafricaine : 68 %
  3. Tchad : 67 %
  4. Bangladesh : 52 %
  5. Burkina Faso : 52 %
  6. Mali : 52 %
  7. Soudan du sud : 52 %
  8. Guinée : 51 %
  9. Mozambique : 48 %
  10. Somalie : 45 %
  11. Nigeria : 44 %
  12. Malawi : 42 %
  13. Madagascar : 41 %
  14. Érythrée : 41 %
  15. Ethiopie : 40 %
  16. Népal : 40 %
  17. Ouganda : 40 %
  18. Sierra Leone : 39 %
  19. Mauritanie : 37 %
  20. République démocratique du Congo : 37 %

Source : Unicef, La situation des enfants dans le monde, 2016

Les mariages d’enfants en Asie
Pays d’Asie avec la plus forte prévalence (% avant 15 ans – % avant 18 ans)

  1. Bangladesh : 18% – 52 %
  2. Inde : 18 % – 47 %
  3. Népal : 10 % – 37 %
  4. Laos : 9 % – 35 %
  5. Pakistan : 3 % – 27 %
  6. Thaïlande : 4 % – 22 %
  7. Timor-Leste : 3 % – 19 %
  8. Cambodge : 2 % – 19 %
  9. Philippines : 2 % – 15 %
  10. Indonésie : NC – 14 %

Source : Plan International, 2018

Les mariages d’enfants en Afrique 

Les grossesses précoces dans le monde

Pourquoi les mariages d’enfants ?

Les raisons, complexes et interconnectées, dépendent aussi du contexte :

Quelles conséquences ? 

Les mariages précoces maintiennent les filles dans des conditions de pauvreté et d’impuissance. Mariées trop jeunes, elles sont exposées :

Comment lutter contre les mariages d’enfants ? Ce que fait l’ONG Plan International 

Le mariage d’enfants constitue une violation globale des droits humains et un obstacle à l’atteinte des Objectifs du développement durable (ODD).
L’ONG Plan International appelle tous les gouvernements à :

Nous demandons aux gouvernements des pays d’intervention de l’ONG de mettre tous les moyens nécessaires à la lutte contre les mariages d’enfants en :

Sur le terrain, nous menons des programmes spécifiques. Nous avons également dans la majorité de nos programmes, une partie sensibilisation des enfants et de leur communauté sur les problématiques liées au genre.

Nous effectuons une action de plaidoyer active auprès des bailleurs institutionnels et de l’État pour la défense des droits des filles dans le monde.

Nous organisons en France, des mobilisations aux niveaux national et régional pour informer et sensibiliser le plus grand nombre à cette problématique.

Rapports : Il est temps d’agir : accélérer les efforts pour éliminer les mariages d’enfants en Asie 
Éliminer les mariages précoces et forcés en Asie du Sud

Contact médias (données, photographies, interviews des équipes sur place…) :
Julien Beauhaire – 01 84 87 03 52 –
julien.beauhaire@plan-international.org

Lire le communiqué de presse.

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