Les filles sont les plus touchées par le virus Covid-19. Dans une nouvelle étude mondiale inédite, l’ONG Plan International révèle que 9 filles sur 10 souffrent d’anxiété et que 6 sur 10 s’inquiètent de ne pas pouvoir poursuivre normalement leur scolarité.
C’est le paradoxe : bien que les filles, et plus généralement les enfants, semblent moins touché.e.s que les adultes par la COVID-19, elles constituent le groupe le plus affecté par les multiples conséquences de la pandémie.
Tel est le constat de la dernière enquête mondiale de l’ONG Plan International Des vies qui s’arrêtent : L’impact de la Covid-19 sur les filles et les jeunes femmes. Plus de 7 000 filles, originaires de 14 pays différents (Brésil, États-Unis, France, Ghana, Inde…), témoignent de leur immense inquiétude face à l’impact brutal de la pandémie sur leur vie : éducation, santé, sécurité, bien-être, autonomie économique, accès aux technologies, liberté de mouvement, socialisation. Un constat dramatique qui sera présenté à l’occasion de la 75e session de l’Assemblée générale des Nations unies, le 23 septembre 2020.
9 filles sur 10 souffrent d’anxiété en raison de la pandémie de Covid-19
La quasi-totalité (95 %) des filles et des jeunes femmes interrogées déclarent que la pandémie a eu un impact négatif sur leur vie.
Près de la moitié (49 %) affirment que les mesures de confinement ont provoqué un changement majeur dans leur vie, notamment en Espagne et en Inde : 2 pays aux règles de confinement particulièrement strictes.
9 filles sur 10 souffrent de troubles psychiques (anxiété) :
- 40 % ont peur que leurs familles ou leurs ami.e.s soient contaminé.e.s par le virus
- 1 fille sur 3 (33 %) craint d’attraper elle-même le virus
- 1 fille sur 4 (26 %) s’inquiète de la perte de revenus de sa famille
Des constats qui empirent dans les pays à « revenu intermédiaire inférieur » (lower-middle income countries) et dans les pays à revenu faible.
La rupture de l’éducation : l’inquiétude principale des filles
L’ONG Plan International alerte sur les conséquences préoccupantes de la fermeture des écoles pour les filles. Le décrochage scolaire constitue un risque majeur après 6 mois d’interruption pédagogique.
- 62 % des filles déclarent souffrir de ne pouvoir suivre normalement leur scolarité. Ne pas pouvoir se rendre à l’école où à l’université constitue l’impact le plus négatif de la pandémie pour les filles, qui se sentent isolées et privées de lien social.
Les différentes méthodes d’apprentissage à distance excluent un grand nombre de filles :
- Seulement la moitié ont poursuivi leurs études grâce à des ressources en ligne (sites web éducatifs, cours en ligne, vidéos YouTube)
- Moins d’1/3 ont pu utiliser des applications mobiles
- En Éthiopie, 2 % seulement des foyers ont accès à la télévision, ce qui exclue une majorité d’élèves de l’apprentissage à distance.
« Je pense abandonner l’école. Certain.e.s de mes ami.e.s m’ont suggéré des sites web pour étudier, mais je n’ai pas l’impression de progresser et je n’ai pas toujours un bon accès à Internet. Je suis très découragée et je ne pense pas être la seule fille à ressentir cela. », témoigne Deborah, 18 ans, originaire du Brésil.
Les filles s’inquiètent fortement des conséquences de la pandémie sur leurs projets d’avenir :
- 1 fille sur 3 craint que la Covid-19 affecte ses futures possibilités d’emploi et 1 sur 4 que ses revenus diminuent
- 19 % doivent arrêter temporairement leurs études à cause de la pandémie
Une vie quotidienne totalement bouleversée
Au-delà de l’éducation, l’étude inédite de Plan International révèle les défis complexes auxquels les filles sont confrontées dans tous les aspects de leur vie quotidienne : sécurité, bien-être et santé, autonomie économique, accès aux technologies, liberté de mouvement, socialisation.
« Tous ces aspects représentent des éléments essentiels au développement scolaire, social et personnel d’une fille. Il va être très difficile de rattraper le temps perdu ! », alerte Isobel Ferguson, responsable de l’étude au sein de l’ONG.
Les risques encourus par les filles lorsqu’elles restent à la maison demeurent élevés. Elles témoignent des aspects négatifs du confinement sur leur santé mentale et sur leur sécurité :
- Enfermement : plus de la moitié (58 %) des filles souffrent de ne pouvoir quitter leur maison régulièrement
- Isolement : plus de la moitié (58 %) se plaignent de ne pas pouvoir fréquenter leurs ami.e.s, notamment à l’école
- Violences : les filles risquent davantage de subir des violences sexuelles et domestiques, sans avoir la possibilité de sortir et de demander de l’aide
Lixiani, 17 ans, originaire du Nicaragua : « Les cas d’abus sexuels et de grossesses chez les filles augmentent pendant le confinement, car les filles restent enfermées chez elles avec leurs agresseurs qui se défoulent sur elles ! »
- Tâches domestiques : les filles doivent assumer la majorité des tâches domestiques, ce qui leur laisse peu de temps pour étudier ou pour se reposer et ce qui augmente le risque de décrochage scolaire
Demandes de l’ONG Plan International
Yvan Savy, directeur de l’ONG Plan International en France : « Cette enquête est un signal d’alarme. Les gouvernements doivent reconnaître l’effet dévastateur de la pandémie de Covid-19 sur les enfants et en particulier sur les filles. La fermeture des écoles a un impact catastrophique pour elles. Nous appelons les gouvernements à garantir la continuité des apprentissages pour les filles, ainsi qu’un retour à l’école en toute sécurité. »
- Plan International appelle les gouvernements des pays concernés et les institutions internationales à mettre en place des mesures spécifiques pour les filles, disproportionnellement affectées par la pandémie, en raison de leur âge et de leur genre.
- L’ONG demande aux autorités compétentes de ne pas reléguer au second plan l’accès à la santé et aux droits sexuels et reproductifs. Elle les appelle également à faire de la protection des enfants et des femmes une priorité contre toute forme de violence fondée sur le genre.
Pour lire le rapport.
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- Bertille Bertinotti-Proust : bertille.bertinotti-proust@plan-international.org
- Julien Beauhaire : julien.beauhaire@plan-international.org
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Nous, Plan International France, sommes une organisation de solidarité internationale indépendante, membres du réseau Plan International qui agit pour la défense des droits de l’enfant.
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Nous participons à plus de 2 000 projets, bénéficiant à 40,5 millions d’enfants dans 77 pays. Grâce à notre portée, notre expérience et nos connaissances, nous favorisons les changements durables à travers nos actions de plaidoyer et de sensibilisation auprès du grand public.