Les mutilations génitales féminines sont un phénomène mondial qui touche au moins 230 millions de filles et de femmes dans plus de 96 pays. Elles ont de lourdes conséquences sur la vie de celles qui les subissent. En quoi consistent les MGF ? Comment les expliquer ? Où en est-on aujourd’hui ? Faisons le point. 

La définition des MGF

Les mutilations génitales féminines désignent l’ablation totale ou partielle des organes génitaux féminins extérieurs ou toute autre lésion des organes génitaux féminins qui n’ont pas de raison médicale. On parle aussi d’excision. Les MGF peuvent concerner l’ablation du capuchon du clitoris, l’ablation totale du clitoris, l’excision des petites lèvres de la vulve et l’ablation des tissus adjacents du clitoris ou la suture de l’orifice vaginal. 

L’OMS distingue 4 types de mutilations génitales féminines :

La clitoridectomie :

ablation partielle ou totale du clitoris.

L’excision :

ablation partielle ou totale du clitoris et des petites lèvres, avec ou sans ablation des grandes lèvres.

L’infibulation :

rétrécissement de l’orifice vaginal par ablation et accolement des petites lèvres et/ou des grandes lèvres, avec ou sans ablation du clitoris.

Les formes non classées de mutilation sexuelles féminines :

toute autre intervention nocive ou potentiellement nocive pratiquée sur les organes sexuels féminins à des fins non thérapeutiques.

Parmi les autres formes de mutilations pas encore reconnues comme MGF par l’OMS, le repassage des seins est moins documenté mais pas moins terrible. C’est une pratique traditionnelle et dangereuse qui consiste à aplatir les seins des jeunes filles. Diverses méthodes peuvent être utilisées, telles que l’utilisation de pierres chauffées pressées contre la poitrine, de bandages serrés comprimant les seins, ou encore de massages réguliers à base de plantes ou herbes.

Toutes ces pratiques n’ont aucun bénéfice pour les femmes et les filles qui les subissent. Elles constituent une forme extrême de violence sexiste et sexuelle dont les conséquences à court, moyen et long terme sont très graves. Elles constituent une violation des droits fondamentaux des filles et des femmes et de leur intégrité physique et morale. 

Les MGF entrainent une violation de plusieurs droits humains : 

Quelles sont les conséquences des mutilations génitales sur la vie des femmes ?

Tous les témoignages des femmes qui ont subi une mutilation génitale font part d’une souffrance indescriptible, même lorsqu’elles y étaient préparées. Elles ont toutes dû rester alitées plusieurs jours après l’opération et parlent d’un traumatisme dont on ne se remet pas. Les zones mutilées sont en effet très innervées et donc très sensibles. Ces douleurs peuvent durer toute la vie. Certaines des femmes qui témoignent des années après leur excision confient avoir des difficultés pour s’assoir et ressentir des douleurs persistantes, notamment à cause des cicatrices et des infections qui sont fréquentes. 

Par ailleurs, la détresse psychologique de ces femmes est immense et la mutilation génitale peut provoquer un état de choc tellement violent qu’il peut entraîner la mort des victimes. 

Sur le plan gynécologique, les mutilations entraînent des problèmes vaginaux, menstruels et sexuels. Elles augmentent les risques de complication sérieuse à l’accouchement, et ce, à chaque grossesse. En ce qui concerne le repassage des seins, de nombreuses survivantes rapportent des écoulements anormaux et des difficultés à allaiter. Le repassage des seins pourrait également augmenter le risque de cancer du sein. 

Les conséquences sur la vie sexuelle sont également nombreuses. Les MGF provoquent des douleurs au moment de l’acte et entrainent une diminution, voire une disparition du plaisir. Les traumatismes physiques et psychologiques provoqués par les mutilations ont évidemment un impact important sur la vie sexuelle de la victime. 

Les victimes de MGF peuvent aussi rencontrer des problèmes urinaires pouvant provoquer des infections. 

Les MGF ont de plus des conséquences sociales. Elles sont un frein à l’avenir des filles, peuvent les contraindre à être déscolarisées, elles augmentent le risque de mariage des enfants et de grossesses précoces. Enfin, elles constituent un aggravateur de pauvreté. 

Aujourd’hui, la chirurgie reconstructive permet de réparer le vagin et le clitoris des femmes mutilées. Elle est efficace à 100 % pour soulager la douleur des patientes. Malgré cette avancée de la science, il est essentiel de mettre fin efficacement à toute forme de MGF dans le monde. 

L’histoire des MGF

Si leur origine est inconnue, on sait que les mutilations génitales sont pratiquées depuis des millénaires. On en trouve des traces dans l’Égypte ancienne, sur des hiéroglyphes et sur certaines momies. 

Les MGF relèvent donc de traditions ancestrales. Plusieurs chercheur.euses en sciences sociales estiment qu’à l’origine, l’excision se pratiquait dans les classes supérieures de la société pharaonique. Les classes sociales inférieures auraient ensuite adopté cette pratique pour pouvoir marier leurs filles aux hommes des classes supérieures. Cette coutume se serait ensuite développée en Afrique pour s’inscrire dans les traditions de plusieurs groupes ethniques. 

Les MGF étaient aussi pratiquées en Europe de l’Ouest et aux États-Unis au XIXe siècle et pendant la première moitié du XXe siècle sous prétexte de traiter l’hystérie, l’épilepsie, les troubles mentaux, l’homosexualité ou encore les ardeurs sexuelles des femmes. La clitoridectomie y a été abandonnée à la fin des années 60. 

Ainsi, contrairement à certaines idées reçues, le lien entre religions et MGF ne peut pas être établi. Aucun texte religieux ne les impose. D’ailleurs, plusieurs pays musulmans sont très peu touchés par ce phénomène, comme l’Algérie, la Libye, la Tunisie ou le Maroc. 

Selon les ethnies, les MGF constituent un rituel traditionnel de passage à l’âge adulte pour les filles et permettent de préserver l’honneur familial et/ou d’assurer le mariage. Elles peuvent aussi être pratiquées pour supprimer la sexualité de la femme. 

La plupart des victimes de MGF les subissent entre leurs 5 et leurs 15 ans. Mais aussi parfois dans leur 1e année, voire dès la première semaine suivant leur naissance.

Les MGF, un moyen de contrôle des femmes et de leur sexualité

Si certains hommes refusent d’épouser des femmes non excisées, ce n’est pas uniquement pour un motif culturel ou pour perpétuer une tradition. Les MGF sont avant tout un moyen pour les hommes de contrôler la sexualité des femmes. C’est l’expression d’une société patriarcale dans laquelle il est naturel tout mettre en œuvre pour préserver la chasteté des femmes par inhibition de leur désir sexuel.

Ainsi, selon ses adeptes, le repassage des seins est censé protéger les filles contre les agressions sexuelles, les grossesses et les mariages précoces. Alors que les témoignages recueillis montrent que cette pratique est souvent inefficace pour décourager l’activité sexuelle des adolescentes ou même retarder la croissance de leurs seins.

Les croyances et les superstitions ancrées dans certaines communautés, la pression sociale subie par les familles, le manque d’informations sur les dangers de ces pratiques, le tabou et les amalgames infondés avec la religion musulmane font des MGF l’une des violences sexuelles et sexistes les plus difficiles à éradiquer. 

Les MGF en chiffres

230 millions

de filles et de femmes ont été excisées dans le monde.

Elle est encore pratiquée sur toute la planète, au Moyen-Orient, en Asie, en Amérique du Nord, en Amérique latine, en Europe de l’Ouest, en Australie, en Nouvelle-Zélande et en Afrique. C’est sur ce dernier continent que ce fléau sévit le plus, dans 31 pays et de façon aggravée dans 17 d’entre eux, selon l’ONU. Le nombre des victimes sur le continent africain est ainsi estimé à 92 millions. 

Somalie, Guinée, Djibouti, Mali, Égypte, Soudan, Érythrée, Sierra Leone, Burkina Faso. Dans ces 9 pays, plus de 3 filles et femmes sur 4 ont subi des MGF.

En ce qui concerne le repassage des seins, les données chiffrées sont rares. En 2017, le gouvernement camerounais estimait qu’une adolescente sur 4 avait subi un repassage des seins. Les données et témoignages récoltés par les jeunes de Plan International Cameroun semblent montrer que la situation n’a guère évolué depuis. Cette pratique demeure également dans d’autres pays d’Afrique de l’Ouest et Centrale, tels que le Nigéria, la Guinée, le Togo et le Bénin. 

24 des pays d’Afrique ont légiféré pour interdire et condamner pénalement les MGF. C’est le cas du Soudan, de Djibouti, du Ghana, de la Centrafrique, du Burkina Faso, de l’Égypte, de la Côte d’Ivoire, du Sénégal, du Togo, de la Tanzanie, du Tchad, de la Guinée-Conakry, du Bénin, du Niger, de l’Éthiopie, de la Mauritanie, de l’Ouganda, du Kenya, de la Guinée-Bissau, du Nigeria, de la Gambie, du Cameroun et de la Somalie. 

Cela n’a malheureusement pas éradiqué les MGF. Si on prend le cas de la Côte d’Ivoire en exemple, le taux de femmes ayant subi des mutilations sexuelles reste de 37 % en 2023. 

Dans l’Union Européenne, 530 000 femmes ont été victimes de MGF. La France regroupe à elle seule 50 % d’entre elles. 

Selon les dernières projections de l’ONU, les victimes de MGF devraient être environ 4,3 millions en 2023, soit 300 000 de plus que dans ses prévisions initiales. Cela est l’une des conséquences de l’épidémie de Covid-19 qui a entravé le déploiement des programmes de lutte contre ces violences. 

Pour finir cette liste de chiffres-clés par un motif d’optimisme, sur les 300 millions d’hommes résidant dans les 31 pays où les MGF sont les plus pratiquées, 200 millions les condamnent. 

La lutte contre les MGF passe par l’éducation de tous et toutes. La scolarisation des filles et l’apprentissage de leurs droits sont essentiels pour leur donner les armes pour se défendre face aux MGF et leur permettre de ne pas reproduire plus tard la pratique sur leurs propres filles. L’éradication de ce phénomène passe aussi par l’évolution de la place des femmes dans la société. Mais il faut aussi faire changer les opinions des hommes comme des femmes sur cette pratique ancestrale. Les actions doivent donc se faire au niveau des citoyens, mais aussi des chefs de communautés, des chefs religieux et des gouvernements. 

Les actions de Plan International pour lutter contre l’excision 

Afin de lutter contre ce fléau, Plan International se mobilise pour lutter contre cette violation des droits des filles.

Plan International mène des actions de sensibilisation auprès des communautés et des familles sur les conséquences de cette pratique sur la vie des filles. Un travail de plaidoyer est mené auprès des gouvernements afin de faire évoluer la loi et qu’elle interdise cette pratique mais aussi pour qu’ils mettent en place des actions pour favoriser son abandon.

Il est urgent d’éradiquer cette pratique traditionnelle néfaste qui prive les filles et les femmes de leur droit à être protégées des violences et à disposer librement de leur corps !

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