La FIFA, l’Agence française de développement (AFD) et l’ONG Plan International France s’associent pour donner le coup d’envoi du programme « Championnes » au Togo, en Guinée et au Bénin. Un but : que la pratique du football permette aux filles de s’émanciper et à l’égalité des sexes de s’affirmer.
Pour lutter contre les attitudes et les pratiques discriminatoires à l’encontre des femmes et des filles et les accompagner dans leur émancipation, la FIFA et l’Agence française de développement (AFD) financent le programme « Championnes », avec l’ONG Plan International France comme maître d’ouvrage.
Sa mission est de contribuer, grâce à la pratique du football, à la promotion du leadership des filles et à l’égalité des genres dans un environnement protecteur : l’école.
Le programme « Championnes » sera mis en oeuvre au Bénin, au Togo et en Guinée, et ses différents projets visent à renforcer les capacités et l’estime de soi de 5 390 filles par l’expérimentation d’une bonne collaboration autour d’un objectif commun. Les jeunes bénéficiaires de 12 à 24 ans vont avoir la possibilité de pratiquer le football dans des infrastructures modernisées et équipées de façon adéquate pour permettre la cohabitation harmonieuse quel que le sexe. Les leaders de 180 organisations communautaires existantes seront également accompagnés dans le cadre de ce programme.
Le 23 mars prochain, Plan International France en lien avec Plan International Bénin, Guinée et Togo organisera dans les trois pays une mobilisation de tous les intervenants locaux pour lancer officiellement le programme. Les fédérations guinéenne, togolaise et béninoise de football seront invitées à y participer. Cela permettra un échange d’expériences et de compétences et la création de synergies entre les activités déjà existantes.
« Chaque jour, le football démontre partout dans le monde qu’il permet de rapprocher les individus, en motivant les générations et en favorisant l’esprit d’équipe. Dans la cadre de ce programme, la FIFA souhaite mettre cette force également au service du progrès social, et s’attaquer aux grands défis mondiaux de notre époque afin de contribuer de façon concrète aux Objectifs de développement (ODD) durable de l’ONU », souligne Véron Mosengo-Omba, directeur de la division Associations membres de la FIFA. « Par ce partenariat entre la FIFA, l’AFD et Plan International, les trois organisations vont allier leur savoir-faire et leurs atouts respectifs pour promouvoir le rôle des femmes et réduire les inégalités » ajoute-t-il.
Le programme « Championnes » s’inscrit dans la stratégie de promotion du football féminin mise en place par la FIFA depuis octobre 2018. Le pouvoir d’émancipation et de développement personnel du football n’a pas échappé à l’AFD. Ces deux institutions partagent la conviction que le sport peut et doit être un vecteur de développement durable, de cohésion sociale et d’égalité en Afrique.
Matthieu Discour, directeur régional de l’AFD pour la région du Golfe de Guinée, a pour sa part déclaré : « Le football est un langage universel inspirant qui réunit et fédère. Il est capable de transcender les frontières, les cultures, les croyances et les différences physiques. Le terrain devient pour chacune et chacun un espace pour s’émanciper, se dépasser, partager et créer du lien social. Outre le caractère remarquable et inédit de ce partenariat, le programme « Championnes » est en pleine adéquation avec les axes stratégiques de l’AFD en matière d’égalité entre les sexes et de cohésion sociale. »
Cet ambitieux projet est aussi en droite ligne avec la mission de l’ONG Plan International France, qui est de faire progresser les droits de l’enfant, ceux des filles notamment, et l’égalité filles-garçons grâce à l’éducation. Son directeur Yvan Savy rappelle que « grâce à la pratique du football, les filles impliquées dans le programme « Championnes » vont contribuer à changer la manière dont leurs compétences, leurs capacités et leurs rôles est perçue. Elles vont devenir des modèles, des championnes du changement, capables de prendre leurs propres décisions et de contribuer à faire reculer les pratiques néfastes qui entravent encore le développement de leurs communautés. »
En Afrique de l’Ouest, 30 % des filles âgées de 15 à 19 ans sont mariées, divorcées ou veuves. Plus spécifiquement, les mariages d’enfants touchent 30% des filles au Bénin (1), 54% en Guinée (2) et 32% au Togo (3). Les conséquences sont dramatiques : 29 % des filles ne sont pas scolarisées en Guinée (4) et plus de 3 000 grossesses en milieu scolaire ont été recensées en 2017 au Togo (5).
En parallèle, les attitudes et pratiques discriminatoires à l’encontre des femmes et des filles persistent. Dans de nombreuses communautés, les normes sociales enferment les filles dans un rôle de future mère de famille, jugé incompatible avec l’école. Les mariages d’enfants, les violences sexuelles, les mutilations génitales, les grossesses précoces, mais aussi les inégalités d’accès à la terre et aux services financiers constituent des obstacles considérables à l’autonomisation économique et sociale des femmes.
Dans ce contexte, le programme « Championnes » peut clairement contribuer à faire évoluer les mentalités.
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(1) Sources: Bénin : les mariages forcés et précoces, AFD, 2017
(2) Enquête MICS 2015
(3) EDST, 2015
(4) UNESCO, 2019
(5) Ministère de l’Enseignement secondaire togolais.