Alors que des milliers de filles et de femmes de l’Ouganda sont confrontées à des niveaux croissants de violence en cette période de pandémie, la ligne d’assistance téléphonique de Plan International soutient gratuitement les femmes qui risquent de subir des agressions physiques et sexuelles et aide les personnes touchées par le virus à trouver un soutien devenu indispensable.
La ligne d’assistance téléphonique : un moyen de communication à l’échelle nationale en période de confinement
En collaboration avec l’ONG locale Communication for Development Foundation Uganda (CDFU), Plan International offre aux filles et aux femmes des conseils gratuits en lien avec la violence de genre, la santé sexuelle et reproductive, la défense des droits et la protection de l’enfance.
Fondée en 2009, la ligne d’assistance téléphonique est gérée par 14 conseiller.e.s et agent.e.s de santé qui travaillent par roulement afin d’assurer la disponibilité de leurs services 24 heures sur 24. Ces professionnel.le.s sont en mesure de répondre aux appels dans au moins 18 langues locales ainsi qu’en anglais.
Face à la nécessité de sensibiliser la population aux risques du coronavirus, le gouvernement ougandais a collaboré avec le centre d’appel dès le mois de mars 2020. Les principales mesures de précaution ont ainsi pu être encouragées, tout comme l’utilisation de l’éducation pour freiner la propagation du virus, la diffusion de messages de prévention et l’offre d’un soutien psychologique à toute personne touchée par le virus. Les questions soulevées par les appelant.e.s sont communiquées au Ministère de la Santé pour qu’il y réponde et y donne suite le cas échéant.
Julius Ssekinkuse, le chef du centre, explique que la ligne d’assistance téléphonique reçoit en moyenne 100 à 150 appels par jour, dont au moins 20 sont liés à des cas de violence sexiste. « Entre mars et juin 2020, le centre a traité plus de 8 488 appels. Les jeunes qui cherchaient des informations ont trouvé la ligne d’assistance téléphonique très utile, elle les a particulièrement soutenu.e.s pendant le confinement ».
Améliorer la situation alarmante des femmes et des filles en temps de pandémie : efficacité et utilité de la ligne confirmées
« Durant cette période, 1 446 filles de moins de 24 ans ont utilisé la ligne pour signaler un problème. Parmi ces appels, 198 contenaient des questions en lien direct avec le virus tandis que les autres concernaient la violence sexiste, la santé sexuelle et reproductive, le planning familial et avaient des questions relatives aux abus et à l’exploitation sexuel.le.s par des membres de la famille. »
En renseignant les appelant.e.s sur leurs droits et leurs responsabilités, Julius affirme que les conseiller.e.s ont la capacité de signaler des cas de violence sexuelle et ainsi prendre des mesures pour dénoncer leurs agresseur.se.s à la police.
Les conseiller.e.s aident les jeunes en leur donnant les coordonnées des principales autorités ou en les mettant en relation avec d’autres structures au sein de leur communauté.
« Les conseiller.e.s procèdent à un suivi des appels pour s’assurer que les appelant.e.s ont reçu un soutien approprié des réseaux à disposition ».
Cissy Kaamu, responsable du Programme National en charge de la Santé chez Plan International Ouganda, explique que la ligne d’assistance téléphonique a joué un rôle essentiel en fournissant des informations sur la santé sexuelle et reproductive aux jeunes ainsi qu’en les orientant vers des services immédiats. « Le seul fait d’être soutenu.e.s par des agent.e.s de santé anonymes qui ne portent aucun jugement les pousse à utiliser cette ligne. Les jeunes obtiennent une assistance rapide, en particulier les filles qui appellent pour des questions précises et ont besoin d’une aide urgente. »
Jessica*, une jeune femme du district de Tororo, a récemment appelé la ligne suite à une violente dispute avec son mari : il voulait vendre leur unique vache après avoir vendu le riz récolté ensemble. La conseillère du centre d’appel l’a mise en contact avec une fondation qui pourrait offrir au couple une médiation. Son mari s’est par la suite excusé pour son comportement. « Je suis heureuse parce maintenant nous avons trouvé un terrain d’entente », a confié Jessica au personnel du centre lorsqu’elle a appelé pour les remercier de leur aide.
Le père d’une fille de 12 ans habitant à Tororo a également appelé la ligne d’assistance pendant le confinement pour signaler que sa fille avait été violée par son frère et était maintenant enceinte. Il voulait qu’elle se fasse avorter illégalement contre sa volonté pour éviter toute honte à la famille. Après plusieurs discussions, la famille a décidé de ne pas mettre la vie de la fille en danger et elle a été envoyée à l’hôpital régional pour des contrôles prénataux.
« Malgré ce qu’il s’est passé, je vous remercie de m’avoir aidée à gérer la situation et ne pas avorter comme le voulait mon père », a déclaré la jeune fille à l’un.e de nos conseiller.e.s.
*Le nom a été modifié pour protéger l’identité de la personne.