En Tanzanie, 80 % de la population vit avec moins de 2 $ par jour. La pauvreté pousse de nombreuses familles à laisser leurs enfants travailler dès leur plus jeune âge, notamment dans les mines, premières sources de revenus. Depuis 7 ans, Plan International France en étroite collaboration avec les acteurs et actrices communautaires et l’Agence Française pour le Développement, œuvre à l’éradication du travail forcé. Une nouvelle phase de son programme d’accompagnement éducatif et social, baptisé « Child Labor », vient d’entrer en action : décryptage.
20% des jeunes Tanzanien·e·s sont considéré·e·s comme « enfants travailleurs ». Principalement employé·e·s dans les mines, le secteur de la pêche ou pire encore celui de la prostitution, elles et ils sont souvent exposé·e·s à des violences psychologiques, physiques et sexuelles. 1 fille sur 3 et 1 garçon sur 7 ont subi au moins une agression sexuelle avant l’âge de 18 ans, mais seules 22 % des filles et 11 % des garçons portent plainte : très peu reçoivent une aide.
Un drame humain auquel Plan International France a souhaité apporter une réponse adaptée en lançant en 2013 le programme « Child Labor » au sein des terri-toires les plus exposés du nord de la Tanzanie, dans les districts miniers de Geita, Nyangwale et Chato.
Lutter contre les causes et conséquences de cette situation
Pour mettre fin à cette exploitation des en-fants, il est nécessaire de changer les condi-tions sociales et économiques des ménages et de favoriser l’accès par tous les moyens à l’éducation. C’est tout le sens de ce pro-gramme, mené en étroite collaboration avec les équipes locales de protection de l’enfance, les organismes gouvernementaux et la société civile, qui a déjà permis de réelles avancées.
- Plus de 5 900 exploitant·e·s miniers ont été sensibilisé·e·s au respect de la législation du travail des enfants.
- Plus de 20 000 enfants ont été rescolari-sé·e·s et plus de 5 000 familles ont vu leur situation économique s’améliorer, grâce au développement d’associations d’épargne et la mise en place de programmes de formations professionnelles.
- Enfin, la connaissance des droits et des mesures de santé sexuelle s’est considéra-blement améliorée, grâce à la formation de 2 140 élèves de 107 clubs de santé à l’école, qui aujourd’hui diffusent l’information auprès de leurs camarades.
Étendre le dispositif pour être plus efficace
La complémentarité des intervenant·e·s fait toute la force du programme « Child Labor ». Mais beaucoup reste à faire pour avoir une influence durable sur le terrain.
Une 3ème phase vient ainsi d’être lancée pour étendre le dispo-sitif à de nouveaux villages et l’ouvrir au sec-teur de la pêche autour du lac Victoria. D’ici 2023, plus de 2 millions d’euros seront investis pour :
- Sensibiliser les communautés et les ac-teur·rice·s économiques afin de faire évoluer les usages.
- Développer un environnement propice à une scolarisation a long terme.
- Favoriser l’insertion économique des filles par des formations professionnelles.
- Mettre en place des programmes d’éducation axés sur la santé et les droits sexuels.
Aujourd’hui, déjà plus de 20 000 enfants de 5 à 18 ans ont été rescolarisé·e·s et plus de 5 000 familles ont amélioré leur situation économique
Au total, ce seront 1 625 jeunes âgé·e·s de 4 à 17 ans et leurs parents, 30 prestataires de santé, 270 leaders communautaires, qui se-ront accompagné·e·s. Le moyen d’établir un écosystème vertueux au travers d’un dialogue permanent pour créer les conditions d’une éradication pérenne du travail des enfants et établir de nouveaux rapports favorables à l’égalité de genre. Une action complétée par un volet environnemental pour réduire l’impact des activités humaines dans une région fragi-lisée par l’exploitation minière et la raréfaction de certaines espèces dans les zones de pêche.
Franklin Sylvester, en charge du projet « Child Labor » chez Plan International France
« Cette nouvelle phase fait partie d’un cycle qui a commencé il y a 9 ans , au cours duquel Plan International France a étroitement collaboré avec des associations locales. Le projet s’appuie notamment sur l’expertise des associations locales KIVULINI et SEDIT. L’enjeu a été de les préparer et de soutenir leur développement, afin qu’elles puissent pérenniser le modèle qui a émergé de ce projet, notamment le dialogue construit localement, pour continuer à défendre le droit des enfants et ainsi les protéger durablement. »