Stefany, 15 ans, est passionnée par l’informatique et la robotique. Elle a participé à plusieurs concours scientifiques en Bolivie mais fait face aux stéréotypes de genre. Plan International l’accompagne grâce au programme ARRIBA qui a pour objectif l’élimination de la violence sexiste et la promotion de l’égalité filles-garçons.
Être une fille dans un milieu masculin
La passion de Stefany pour l’informatique a débuté à l’école primaire. Au lycée, ses professeurs ont remarqué son intérêt pour la technologie et lui ont suggéré de s’inscrire au concours national scientifique, créé pour encourager les élèves les plus brilliant·e·s du pays à embrasser une carrière scientifique.
« Au début, je me sentais nerveuse, car, lorsque je suis entrée dans la salle où se déroulait l’examen, j’ai vu que la plupart des participant·e·s étaient des personnes âgées et des garçons. C’était très bizarre car j’étais la seule fille présente », se souvient Stefany, qui avait 13 ans à l’époque.
J’ai été jugée au début, on me disait : « Pourquoi fait-elle cela, c’est une fille ! », « Ce sont les garçons qui sont faits pour ça », « Ce n’est pas bon pour elle ! ».
Il y a un réel manque d’encouragement pour les filles. « Sans soutien, je ne serais pas arrivée là où j’en suis maintenant. Les filles ont aussi besoin de se sentir épaulées pour développer petit à petit une grande estime de soi et ainsi ne pas se laisser atteindre par les critiques », raconte-t-elle.
Devenir un modèle pour les futures scientifiques de demain
Au lieu de décourager son intérêt pour les sciences, ces préjugés ont motivé Stefany à concrétiser ses aspirations.
Au cours des trois dernières années, elle a développé trois jeux vidéo dédiés aux enfants. Le premier s’intitule « Mother Earth » en réponse aux incendies de l’Amazonie bolivienne de 2019. Son deuxième jeu apprend aux enfants ce qu’est la pandémie de COVID-19 et le troisième, qui a reçu une médaille d’or, donne des conseils sur la façon de prévenir la pandémie.
Pour Stefany, le monde de la technologie ne se résume pas aux ordinateurs et aux programmes, mais à la possibilité de créer quelque chose de spécial et de le montrer au monde entier.
Les filles devraient être en mesure de réaliser leurs rêves sans être confrontées aux discriminations de genre.
Stefany a récemment utilisé ses compétences pour créer un respirateur artificiel à l’usage des patient·e·s atteint·e·s de COVID-19. Elle l’a présenté au bureau du maire et il a été accepté par les médecins qui l’ont utilisé pour oxygéner leurs patient·e·s.
« Les gens étaient souvent surpris d’apprendre qu’une fille avait construit l’invention exposée » s’enthousiasme-t-elle. Petit à petit, d’autres élèves ont commencé à lui demander conseil et à l’écouter.
Lutter contre les discriminations de genre
Plan International Bolivie, avec le soutien financier du gouvernement canadien, a mis en place le projet ARRIBA qui a pour objectif d’éliminer les stéréotypes de genre et promouvoir l’égalité filles-garçons. Il accompagne en parallèle les adolescent·e·s et les jeunes femmes à prendre conscience de leurs droits sexuels et reproductifs afin de prendre des décisions éclairées pour leur futur.
Stefany fait partie du programme et encourage maintenant les filles à poursuivre leur rêve. « Plan International m’a permis de prendre conscience de mon potentiel et à ne plus me soucier de ce que disent les autres », dit-elle.
Elle demande à ce que les filles et les adolescentes disposent de plus d’espaces pour développer leurs compétences et que la participation des filles ne soit pas bloquée directement à l’entrée de certains concours.
Toutefois, les comportements commencent à changer. « Le fossé qui sépare les filles de ces espaces se réduit petit à petit. Les filles et les femmes sont prises en considération. La société bolivienne commence à se rendre compte du pouvoir que nous avons, qu’il y a beaucoup de choses que nous voulons dire », s’enthousiasme Stefany.
Le prochain défi de Stefany est de reprendre ses cours d’informatique et de robotique, qui ont été interrompus en raison de la pandémie de COVID-19. Elle espère également participer à la prochaine Olympiade scientifique étudiante et représenter la Bolivie au niveau international.