Trois mois après la double explosion à Beyrouth, la crise économique et politique perdure et des milliers d’enfants et de familles ont encore besoin d’une aide humanitaire d’urgence.
Crise et explosion : des conséquences dramatiques pour les enfants libanais
Selon les estimations du gouvernement de Beyrouth, 6 500 personnes ont été blessées dans l’explosion et 80 000 maisons ont été endommagées. Avec l’arrivée de l’hiver et des pluies, de nombreux enfants vivent encore dans des logements précaires, dangereux et sans fenêtres. Certains ne pourront pas rentrer chez eux avant encore plusieurs mois. Plan International s’inquiète de ces conditions dramatiques et souligne que cette situation risque d’exposer davantage les filles et les jeunes femmes aux violences sexistes.
L’explosion de Beyrouth s’est produite alors que le Liban était confronté à la plus grande crise économique de son histoire, qui avait déjà entraîné une perte de revenus pour deux tiers des ménages et poussé 55 % de la population sous le seuil de pauvreté. A cause de cette crise, plus d’un demi-million d’enfants à Beyrouth étaient déjà menacés par la faim avant l’explosion. Encore aujourd’hui, de nombreuses familles ont du mal à se procurer de la nourriture, du carburant, de l’électricité et d’autres produits de base.
Les enfants porteront les cicatrices du traumatisme lié à l’explosion et continueront à avoir besoin d’un soutien psychosocial. Beaucoup d’entre eux ont perdu leur famille ou vu leur maison détruite : ils sont vulnérables au syndrome de stress post-traumatique ou à l’anxiété. Dans une enquête menée par Plan International et Right to Play entre le 4 et le 15 Septembre 2020, 22 parents sur le 27 interrogés déclarent que les enfants de leur foyer changent de comportement ou montrent des signes de traumatisme ou de stress extrême depuis l’explosion.
À ce jour, Plan International a fourni un soutien psychosocial à plus de 200 enfants directement touchés par l’explosion. En outre, plus de 3 800 personnes ont reçu de la nourriture, des kits d’hygiène et des fournitures essentielles telles que des serviettes hygiéniques, des couches, du désinfectant pour les mains, du savon et des masques.
Pandémie et éducation : un système de santé et des établissements scolaires saturés
Les cas de COVID-19 à Beyrouth sont en forte augmentation, avec une moyenne de 1 600 à 1 900 cas positifs signalés chaque jour et une mortalité également en hausse. Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), le nombre de cas de COVID-19 a doublé depuis l’explosion.
Les hôpitaux qui prennent en charge les patient.e.s COVID-19 sont presque à pleine capacité. Les services de santé libanais font face à une pénurie extrême de tous les médicaments, y compris dans le cas des services de planning familial, pour la contraception par exemple. Cette situation rend les femmes et les filles particulièrement vulnérables. Les établissements scolaires sont eux aussi débordés.
Le nombre de cas de COVID-19 a doublé depuis l’explosion.
Les écoles publiques de Beyrouth, déjà surchargées avant l’explosion pour accueillir les réfugié.e.s syrien.ne.s, voient le nombre d’élèves augmenter avec l’arrivée d’enfants précédemment inscrits dans des écoles privées, car de nombreuses familles ont perdu leurs revenus avec l’explosion et la crise économique qui perdure. Selon le chef du district scolaire de la ville, plus de 3 500 enfants sont déjà passés des écoles privées aux écoles publiques en raison de la crise économique.
Il est essentiel que les enfants puissent poursuivre leur éducation. Plan International Liban travaille avec le réseau scolaire de Beyrouth pour réparer les bâtiments et les salles de classe endommagés et a déjà fourni 279 fournitures de rentrée avant le début de l’année scolaire.
Face à un nombre d’élèves dépassant la capacité d’accueil des établissements scolaires publics et à une pandémie se propageant de plus en plus rapidement, le ministère de l’Éducation a accepté que la nouvelle année scolaire soit fondée sur un mélange de leçons physiques et à distance. Il est donc essentiel de fournir aux enfants le matériel dont ils ont besoin pour suivre leurs études. Avec l’inflation continue des prix, les parents ont du mal à acheter les fournitures et les appareils électroniques adéquats pour y parvenir.
En cette période de crise, un soutien international est primordial pour aider les enfants et leurs familles à survivre et reconstruire leur vie.