Haïti : Une crise humanitaire met en péril l’avenir des enfants
Plan International publie une nouvelle étude révélant des violations graves des droits des enfants. Parmi les préoccupations majeures, figurent la montée des violences sexuelles, l’effondrement du système éducatif ainsi que l’augmentation des risques de trafic d’enfants.
Haïti traverse une crise humanitaire d’une ampleur inédite, touchant plus de la moitié de la population, soit environ six millions de personnes. En 2024, la situation s’est considérablement aggravée sous l’effet de la montée de la violence armée, des déplacements massifs de population et de l’insécurité alimentaire. Plus d’un million de personnes ont été forcées de fuir leur domicile, marquant une hausse de 48% par rapport à septembre 2024.
Ces crises ont des conséquences graves sur la vie des enfants. La majorité d’entre eux ne peuvent plus aller à l’école, d’après une nouvelle étude de Plan International, publiée le 20 mars. L’insécurité croissante a forcé la fermeture de plus de 900 écoles depuis 2024, empêchant ainsi 90% des enfants déplacés d’accéder à l’instruction. Des écoles sont même devenues la cible d’attaques, tandis que d’autres servent de refuge aux familles déplacées de force.
Une situation alarmante pour les enfants
Haïti connait une explosion des violences, en particulier dans la capitale de Port-au-Prince, où des groupes armés contrôlent une grande partie de la ville. En 2024, plus de 5 600 personnes ont été tuées, soit une augmentation de 20% par rapport à l’année précédente.
Face à cette insécurité omniprésente, plus d’un million de personnes ont été contraintes de fuir leur domicile, dont 260 000 déplacés dans le sud du pays. Ces familles, vivant dans des conditions extrêmement précaires, sont exposés à de multiples formes de violences, comme les violences sexuelles, le trafic d’enfants et l’enrôlement forcé de garçons dès l’âge de 10 ans.
Dans le même temps, les filles sont particulièrement vulnérables dans ce contexte de crise. En 2024, plus de 6 400 cas de violences sexuelles ont été signalées, augmentant considérablement le risque de grossesses précoces.
« Ce qui me rend triste, c’est de voir à quel point ma vie actuelle est différente de celle que je menais chez moi. Ce sont deux choses très différentes, et parfois je m’inquiète parce que là où je vis maintenant, des hommes armés peuvent envahir le camp à tout moment. Cela m’inquiète », témoigne Barbara (le prénom a été modifié), 15 ans, qui vit désormais dans un camp de déplacés internes.
Un appel au sursaut collectif
« Les enfants d’Haïti n’ont plus accès à l’éducation, à des espaces sûrs et à une protection de base. Une action urgente est nécessaire pour assurer leur sécurité et leur bien-être. Sans une intervention immédiate, une génération entière risque d’être perdue dans la violence et les privations », alerte Prospery Raymond, directeur de Plan International Haïti.
L’action de Plan International pour les enfants
Pour répondre à cette crise, l’ONG Plan International met en place des actions concrètes pour protéger les enfants et leur redonner accès l’éducation. L’organisation prend en charge des frais de scolarité, des transferts d’argent à destination des familles, fournit des soins médicaux et un soutien psychologique aux femmes victimes de violences de genre. Dans les camps de déplacés, un système d’assainissement a été créé pour éviter les maladies et préserver ainsi la santé des familles. Enfin, les enfants déplacés peuvent apprendre en toute sécurité grâce à la création d’espaces sûrs.