Le Brésil vient d’interdire le mariage des enfants de moins de 16 ans. Une victoire après deux ans de campagne menée par des ONG dont Plan International.
Cependant, la mobilisation doit continuer pour fixer l’âge légal du mariage à 18 ans afin de protéger les filles forcées de se marier trop jeunes. Car le Brésil compte le 4e plus grand nombre d’enfants marié·e·s au monde avec 36 % des filles brésiliennes mariées avant l’âge de 18 ans.
Une avancée importante pour les droits des filles
Le Brésil a voté une loi pour interdire le mariage des enfants de moins de 16 ans après une campagne de 2 ans menée par des ONG dont Plan International.
La modification de la loi a été approuvée le 13 mars par le président brésilien Jair Bolsonaro après son adoption par le Congrès national et le Sénat du Brésil. Elle interdit à quiconque d’épouser un·e enfant de moins de 16 ans, quelles que soient les circonstances.
Bien que l’âge minimum du mariage soit officiellement fixé à 18 ans au Brésil, le Code civil permettait aux filles de moins de 16 ans de se marier si elles étaient enceintes, ou aux filles et aux garçons s’ils ou elles avaient un·e partenaire sexuel plus âgé·e, cela pour éviter au ou à la partenaire d’être condamné·e pour détournement de mineur·e.
Le changement de loi intervient après que Plan International ait lancé une pétition qui a reçue près de 12 000 signatures réclamant la modification du code civil afin de mieux protéger les filles.
Cynthia Betti, directrice de Plan International au Brésil déclare :
« La décision d’interdire le mariage des enfants de moins de 16 ans est une étape extrêmement importante dans la lutte pour les droits des filles. Le mariage des enfants est une pratique profondément préjudiciable qui, nous le savons, affecte la vie de millions de filles ici au Brésil. Nous avons mené une longue et difficile campagne pour atteindre les résultats annoncés aujourd’hui. »
Le combat continue pour fixer l’âge du mariage à 18 ans
Les enfants âgé·e·s de 16 ou 17 ans demeurent encore susceptibles d’être marié·e·s avec le consentement de leurs parents ou de leurs représentants légaux.
« Il reste encore beaucoup à faire », poursuit Cynthia Betti. « L’âge minimum légal du mariage doit être fixé à 18 ans pour les hommes et pour les femmes, quelles que soient les circonstances.
Nous devons maintenant redoubler d’efforts pour sensibiliser le public aux conséquences du mariage d’enfants de moins de 18 ans dans les communautés où nous travaillons. »
Selon l’Unicef, le Brésil compte le quatrième plus grand nombre d’enfants marié·e·s au monde. 36 % des filles brésiliennes sont mariées avant l’âge de 18 ans et 11 % avant l’âge de 15 ans.
En 2015, Plan International a réalisé une étude inédite sur le mariage des enfants avec l’Université fédérale du Brésil et l’ONG Promundo.
Cette étude, intitulée « Ela vai no Meu Barco » (Elle m’accompagne dans mon bateau), a mis en lumière l’ampleur du mariage des enfants dans la société brésilienne et brisé l’idée selon laquelle la pratique ne serait courante que dans les zones rurales.
Ces résultats ont joué un rôle clé dans la décision de changer la loi du Code civil.
Viviana Santiago, responsable genre et de plaidoyer pour Plan International au Brésil, explique :
« Le mariage précoce a des conséquences néfastes sur la vie des filles. Cela les prive de leurs droits mais aussi de leur enfance. Une fille mariée avant ses 18 ans est plus susceptible d’abandonner ses études, de devenir mère trop jeune, de décéder des suites de complications au cours de sa grossesse ou de son accouchement et de se retrouver piégée dans une vie marquée par la pauvreté.
Ses espoirs et ses rêves sont limités et elle est plus susceptible de faire face à la violence domestique et sexuelle.
La santé mentale et physique des filles est profondément affectée. Leur capacité à prendre des décisions concernant leur corps est limitée.
Le mariage précoce est une violation des droits fondamentaux des filles. Il n’y a absolument aucune circonstance dans laquelle cela devrait être acceptable. »
Plan International appelle le gouvernement brésilien à supprimer la brèche qui permet aux jeunes de 16 et 17 ans de se marier avec le consentement de leurs parents.
Nous devons éradiquer cette pratique, protéger correctement les filles et leur permettre de prendre leur avenir en main.