À l’occasion de la Journée mondiale de l’hygiène menstruelle, le 28 mai 2022, l’ONG Plan International France alerte : les tabous liés aux règles entravent les droits des filles et leur accès à l’éducation.
L’ONG Plan International France a mené en avril 2022 une étude inédite en collaboration avec OpinionWay sur l’impact des tabous liés aux règles sur l’éducation des filles. 1002 filles et jeunes femmes en France âgées de 13 à 25 ans ont été interrogées.
Les croyances sur les règles continuent d’exister
L’étude révèle qu’en France, plus de 2/3 des filles affirment que les règles restent un tabou qui engendre moqueries et humiliations : 35 % des filles interrogées reconnaissent qu’elles ou une de leurs proches en ont déjà été victimes.
Le manque d’informations et les idées reçues persistantes aggravent les discriminations de genre : au Malawi, 82 % des filles n’avaient jamais entendu parlé des règles avant de les avoir. Considérées comme « impures », « maudites » ou même « dangereuses », les règles demeurent l’objet de mythes et de croyances qui nuisent gravement aux droits des filles.
Au Népal, la pratique du chaupadi contraint les filles et les femmes menstruées à s’exiler dans des cabanes hors du foyer. Lorsqu’elles ont leurs règles, les filles ne peuvent pas se rendre à l’école. Pourtant interdite en 2005, cette tradition d’exil menstruel perdure : 89 % des jeunes Népalaises subissent toujours une forme d’exclusion ou de restriction pendant leurs menstruations.
« Quand j’ai eu mes premières règles, on m’a envoyée vivre dans une cabane à 5 minutes de chez moi avec seulement des morceaux d’un vieux sari de ma mère. Je ne savais rien sur les règles et personne ne m’avait expliqué comment me servir de ces lambeaux de tissu », témoigne Swastika, adolescente Népalaise de 18 ans
Le manque de protection hygiéniques : un facteur de déscolarisation des filles
En France, une fille sur deux a déjà raté l’école à cause de ses règles. Dans les pays en développement, l’impact sur la déscolarisation est encore plus grave : tous les mois, les filles manquent en moyenne 5 jours d’école à chaque cycle menstruel.
La précarité menstruelle et l’absence de toilettes propres et adaptées dans les établissements scolaires aggravent la déscolarisation. Au moins 500 millions de filles et de femmes dans le monde manquent d’installations sanitaires adéquates.
En Ouganda, en Indonésie ou au Bangladesh, la puberté marque souvent l’arrêt total de la scolarité.
Cette déscolarisation brutale menace considérablement les droits des filles : mariages d’enfants, grossesses précoces, travail domestique et exploitation. Dans les zones rurales de l’Inde, 20 % des filles quittent l’école lorsqu’elles ont leurs premières règles, car leur famille considère qu’elles sont prêtes à être mariées. « Quand j’ai eu mes règles à 14 ans, mes parents ne pouvaient pas m’acheter de protections hygiéniques ni de livres scolaires. Un homme m’a alors proposé de me les offrir en échange de relations sexuelles, j’ai accepté. Peu de temps après, je suis tombée enceinte et j’ai dû arrêter l’école. » Asha, jeune Ougandaise de 16 ans.
Comment agir en faveur de l’hygiène menstruelle ?
L’étude de Plan International France et OpinionWay révèle qu’en France, plus de 8 filles sur 10 (87 %) sont révoltées face à ces discriminations. 80 % d’entre elles affirment vouloir s’engager pour lutter contre les inégalités subies par les filles à cause de leurs règles.
À l’occasion de la Journée mondiale de l’hygiène menstruelle, Plan International France et le Plan des Jeunes lancent le projet « Changeons les règles ». À travers des ateliers ludiques et collaboratifs, un groupe de jeunes bénévoles soutenu∙e∙s par l’ONG sensibilisent les lycéens et lycéennes d’Île-de-France sur l’impact des règles sur les droits des filles dans le monde.
Plan International agit également dans les pays en développement pour améliorer l’accès à l’hygiène menstruelle. En Ouganda, en Indonésie et au Bangladesh, l’ONG sensibilise dans les écoles à l’hygiène menstruelle, accompagne la création d’entreprises, la distribution de protections menstruelles et la construction de sanitaires sûrs et adaptés dans les établissements scolaires.
Ce que Plan International demande
- Toutes les filles doivent avoir accès, y compris en situation d’urgence, aux services de santé sexuelle et reproductive et d’hygiène menstruelle et à des informations de qualité.
- Les gouvernements doivent financer des installations sanitaires adaptées à la gestion de l’hygiène menstruelle dans les espaces publics et plus particulièrement dans les établissements scolaires : un élément essentiel pour garantir la scolarisation et l’assiduité des filles.
Aucune fille ne doit être privée d’école à cause de ses règles. Ensemble, brisons les tabous autours des règles !