Au Pérou, 70 % des femmes sont harcelées dans la rue. Au point qu’à Lima, la capitale du Pérou, de nombreuses filles ne se sentent pas en sécurité sur le trajet de l’école. C’est le cas de Milagros, 14 ans, parrainée avec Plan International. Elle vit dans une communauté au nord de Lima avec sa mère et son frère aîné.

Mon trajet pour aller à l’école est toujours une source d’angoisse

Milagros vit à quelques rues seulement de son école mais malgré cette proximité, son trajet est toujours une source d’angoisse pour elle. Elle nous raconte les harcèlements sexuels qu’elle subit au quotidien dans la rue et ses stratégies pour les éviter.  

J’ai dû apprendre à faire très attention sur la route

 « Dans mon quartier, on entend toujours des histoires de cambriolages ou de personnes suspectes qui rôdent. En plus, nous n’avons pas un bon éclairage public. Donc, lorsqu’une ampoule s’éteint, il faut un temps fou pour la remplacer. Mon quartier est sombre dès que le soleil se couche. 

Je déteste marcher dans le noir parce que c’est dans ces moments-là que cela devient dangereux pour moi. Mes cours à l’école se terminent parfois tard le soir alors j’ai dû apprendre à faire très attention sur la route.  Je marche toujours avec mes amies mais cela ne m’empêche pas d’être nerveuse. 

Mes amies et moi sommes harcelées et insultées tous les jours sur le trajet de l’école

Mes amies et moi sommes harcelées et insultées tous les jours sur le trajet de l’école parce que nous sommes obligées de passer devant une boîte de nuit ouverte presque tous les soirs. Il y a aussi beaucoup de bars. C’est vraiment gênant. 

Même s’il y a un poste de police près de notre école, je ne suis pas vraiment rassurée car ils peuvent parfois être eux-mêmes méprisants envers les filles. 

Mais il n’y a pas que les hommes, que nous croisons devant la boite de nuit et les bars, qui nous harcèlent sexuellement, il y a aussi les chauffeurs de taxi-motos qui travaillent dans la région », raconte-t-elle. 

Victimes d’harcèlement sexuel en public car elles portent leur uniforme scolaire

Je me sens mal à l’aise de porter mon propre uniforme scolaire 

Les écolières n’osent même plus porter leur uniforme scolaire. Milagros nous confie : « Parfois, je me sens mal à l’aise de porter mon propre uniforme scolaire  car les hommes nous harcèlent encore plus. »

Dans une enquête parue en octobre dernier, menée par Plan International en Grande-Bretagne, on apprenait que 35 % des filles sont victimes de harcèlement sexuel en public alors qu’elles portent leur uniforme. Regards insistants, remarques déplacées, sifflements et mêmes attouchements, les élèves dénoncent un harcèlement de rue quotidien qui, pour 1 jeune fille sur 8, a lieu pour la première fois dès leur 12 ans.

Des élèves américaines, en Caroline du Nord ont même été jusqu’à porter plainte contre leur établissement pour ne plus être contraintes de porter des jupes à l’école. Elles ont réussi à obtenir gain de cause. Ce nouvel exemple éloquent montre que le harcèlement de rue est un fléau mondial. Il illustre également à quel point les écolières ne se sentent pas en sécurité lorsqu’elles vont à l’école vêtues de leur uniforme.  

Nous ne sommes pas responsables de la façon dont les hommes nous perçoivent

Ce n’est pas parce que je m’habille comme je m’habille ou que je parle à un homme que je veux quelque chose avec qui que ce soit 

Depuis qu’elle est impliquée dans les programmes de Plan International sur l’égalité des sexes et notamment sur la sécurité des jeunes filles en ville, Milagros n’hésites plus à s’exprimer.

« Lors d’un des projets de Plan International, nous avons été confrontées à des hommes qui travaillent comme chauffeurs. Un homme que nous avons interrogé nous a répondu que les filles incitaient constamment les hommes à les approcher, j’étais tellement choquée d’entendre cela.

Ce n’est pas parce que je m’habille comme je m’habille ou que je parle à un homme que je veux quelque chose avec qui que ce soit.  Pourquoi cela serait de notre faute ? Nous ne sommes pas responsables de la façon dont les hommes perçoivent les filles. Cela m’a vraiment fait réfléchir », dit-elle. 

Milagros a décidé de ne plus jamais se taire 

J’apprends à ne plus avoir peur de dire ce que je pense.

« Depuis que je participe à ce projet avec Plan International, je n’hésite plus à m’exprimer.  J’apprends à ne plus avoir peur de dire ce que je pense.  Cela m’a même rapproché de ma mère car nous discutons beaucoup plus maintenant. Nous partageons des histoires sur nos déplacements dans la ville et sur la manière dont nous pouvons nous protéger les unes et les autres », nous confie-t-elle. 

Nous méritons de nous promener sans crainte d’être agressée 

« Est-ce que je veux changer les choses dans ma communauté ? Bien sûr. Il y a beaucoup de choses que je veux faire dans le futur… mais je pense que je veux travailler pour une ONG. Je veux façonner ma ville. J’ai tellement grandi depuis que j’ai commencé ce projet  et je veux que les autres filles aient la liberté de dire ce qu’elles veulent. 

Nous méritons de nous promener sans craindre que quelque chose ne se produise. Les choses doivent changer », dit-elle.

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