Mon expérience d’exciseuse et ma reconversion
En Afrique, 92 millions de filles et de femmes de 10 ans et plus ont subi une excision. Mariam, 65 ans, revient sur son passé d’exciseuse au Mali et nous raconte comment Plan International lui a ouvert les yeux sur cette pratique dangereuse.
« J’ai découvert l’excision quand j’étais enfant. Ma mère et ma belle-mère étaient exciseuses, et jouissaient d’un statut élevé dans la société de par ce rôle important. Je les ai accompagnées assez tôt, lorsqu’elles étaient invitées à pratiquer des excisions dans les communautés alentours.
Dans notre communauté, l’excision se fait sur les filles de moins de 2 ans, généralement le soir vers 17h dans un endroit isolé comme les toilettes. L’exciseuse utilise alors un petit couteau ou une lame pour pratiquer l’excision, qui se fait sans anesthésie, puis applique une mixture traditionnelle pour stopper les saignements. C’est extrêmement douloureux pour les filles.
Comme ma mère était exciseuse, il était inévitable que j’en devienne une. J’ai commencé comme assistante de ma belle-mère, l’aidant à chaque fois qu’elle excisait des filles. Quand ma belle-mère est décédée, ainsi que ma mère quelques années plus tard, beaucoup de femmes de ma communauté ont insisté pour que je les remplace.
J’ai fait ce métier pendant 30 ans. Chaque année, j’excisais environ 50 filles dans 7 villages de notre région.
Il y a quelques années, Plan International et son partenaire ERAD ont commencé à mener des séances de sensibilisation dans notre village, ils nous ont expliqué les risques liés à l’excision et les problèmes gynécologiques qui y sont associés. Ils ont montré aux villageois des photos et des vidéos et ont organisé des groupes de discussion avec les femmes, elles ont pu en apprendre plus sur les problèmes de santé dont elles sont victimes, conséquences de leur excision.
« Ça a été douloureux de me rendre compte que mon métier était basé sur des superstitions et alimenté par la volonté des hommes de garder le contrôle sur la sexualité des femmes. »
J’ai compris beaucoup de choses grâce à Plan International, cela a été douloureux pour moi de me rendre compte que mon métier était basé sur des superstitions et alimenté par la volonté des hommes de garder le contrôle sur la sexualité des femmes. Il y a 5 ans, j’ai décidé d’arrêter cette pratique et peu de temps après, mon village a banni l’excision.
Aujourd’hui je mène une vie plus modeste. Mais, depuis que Plan International s’est installé dans notre région, nous bénéficions de programmes de développement économique, d’eau potable et de soutien financier qui me permettent de vivre.
Mon engagement avec Plan International pour sensibiliser les communautés voisines aux risques de l’excision m’aide beaucoup. Je me sens plus utile qu’avant. Mon souhait est que le pays entier bannisse la pratique de l’excision. »