Sur leur lieu de travail, les filles et femmes du monde entier continuent d’être discriminées et victimes de violences. En Ouganda, 27 % des jeunes femmes sont au chômage contre 9 % des jeunes hommes. Au moins 15 % des femmes travaillent dans le secteur informel qui échappe à la régulation de l’Etat.
Mais encore plus alarmant, jusqu’à 1 fille sur 10 est victime d’abus et d’exploitation sexuelle. Désespérées financièrement, elles sont par exemple obligées d’avoir des relations sexuelles avec leur patron pour obtenir un emploi, et pour le conserver, avec des clients.
En Ouganda, jusqu’à 1 fille sur 10 est victime d’abus et d’exploitation sexuelle
C’est l’un des problèmes majeurs qu’elles rencontrent sur leur lieu de travail. Dans les bars, les restaurants et hôtels, elles sont obligées d’avoir des relations sexuelles avec leur patron pour obtenir un emploi, et pour le conserver, elles sont forcées d’avoir des relations sexuelles avec des clients.
Vivre dans un contexte de pauvreté sans échappatoire exposent les filles et jeunes femmes aux exploitations sexuelles. Désespérées financièrement, et souvent avec des enfants, des parents et des frères et sœurs à charge, elles n’ont d’autres choix que de conserver leur travail, dans l’espoir que cela s’améliorera. Même quand elles ont le courage d’en parler, elles sont souvent ignorées, ne sont jamais prises au sérieux, ou sont réduites au silence.
LES DÉFENSEURS ET DÉFENSEUSES DE LA JEUNESSE
Nous avons maintenant l’opportunité de faire entendre leur voix. Le ministère ougandais de la Parité, du Travail et du Développement social se prépare à lancer une consultation officielle sur l’exploitation sexuelle des filles et des jeunes femmes au travail. C’est une occasion importante de s’attaquer au fond du problème pour que les autorités puissent agir.
Pour les défenseur et défenseuses de la jeunesse Fiona, Faridah et Rowlings, il est essentiel que cette consultation se concentre sur les raisons pour lesquelles aucune action n’est entreprise lorsque les filles signalent des abus. C’est pourquoi, elles et il ont écrit une lettre au gouvernement et vous demandent de la signer pour les aider à faire entendre leur voix.
L’histoire de Jazeo*
« C’était le seul moyen pour moi de survivre. »
Jazeo a commencé à travailler dans un bar de Kampala, la capitale, après avoir été contrainte de quitter l’école, car sa mère ne pouvait pas payer les frais de scolarité de sa sœur.
Ce travail lui offrait une issue et la possibilité de payer ces frais.
« Quand je suis allée au bar, le patron m’a dit : « Tu ne peux avoir ce travail que si tu couches avec moi ». Après cela, il m’a dit que si je voulais obtenir une augmentation de salaire, je devais aller vivre avec lui et continuer à coucher avec lui. C’était le seul moyen pour moi de survivre. »
L’histoire de Joy*
« Le patron menaçait de me battre si je ne le faisais pas. »
Joy a maintenant 17 ans et a commencé à travailler dans un bar de Kampala après le décès de ses parents.
« Le propriétaire voulait que je m’assoie avec les clients, leur tienne compagnie et leur permette de toucher mon corps et de m’embrasser. Le patron menaçait de me battre si je ne le faisais pas », explique-t-elle.
« C’était le seul travail que j’avais pour survivre. Il y a beaucoup de filles qui ont perdu leurs parents, qui vont travailler dans ces endroits et qui sont exploitées. »
L’histoire de Namusanza*
« Je veux que la future génération de filles mène une vie meilleure. »
Namusanza a dû quitter l’école après le décès de sa mère. À l’âge de 17 ans, une amie lui a trouvé du travail dans un bar de Kampala.
« Le patron m’a dit : c’est le rôle des serveuses d’attirer mais aussi de satisfaire les clients », dit-elle.
« Les filles qui travaillent dans les bars souffrent. Nous sommes traitées comme des animaux. Je veux que la future génération de filles mène une vie meilleure, où elles ne seront pas exploitées comme moi je l’étais. »
*Les noms ont été changés pour protéger l’identité des témoins