Le 19 novembre, Coordination SUD et ses membres se rassembleront dans toute la France pour protester contre les réductions budgétaires prévues dans l’aide publique au développement (APD) au moment même où les parlementaires discutent le projet de loi de finances 2025.
Ces coupes drastiques dans l’APD, qui pourraient atteindre 2 milliards d’euros (soit une baisse de 35 %), menacent directement les actions de solidarité internationale de la France, ainsi que sa réputation sur la scène mondiale. 2 milliards d’euros permettraient à 39,6 millions de filles déscolarisées de retourner à l’école.
Depuis plusieurs années, la France a progressé dans son engagement pour l’aide internationale, notamment en fixant dans la loi un objectif d’APD de 0,7 % de son revenu national brut (RNB). Pourtant, cette réduction budgétaire compromet les avancées réalisées et l’impact des programmes vitaux pour les communautés vulnérables, en France et dans le monde.
En temps de crise, 58 % des Français estiment qu’il est essentiel de maintenir des financements permettant de relever les défis mondiaux. Cette position est partagée par les ONG, qui voient dans ces réductions un danger pour les populations vulnérables qu’elles accompagnent.
Les impacts concrets des coupes : des droits des filles à la santé mondiale
La baisse de l’APD aura des répercussions dévastatrices sur le terrain, en particulier pour les filles et les femmes. Par exemple, 2 milliards d’euros permettraient de vacciner jusqu’à 200 millions d’enfants contre des maladies graves, ou encore de permettre à près de 40 millions de filles de retourner à l’école. La réduction de l’APD entravera également les programmes de lutte contre les violences fondées sur le genre, qui sont pourtant essentiels dans un contexte de crise climatique, de conflits et de pauvreté extrême.
Les filles et les jeunes femmes sont particulièrement vulnérables dans les situations de crise. Selon le rapport 2024 de Plan International, publié pour la Journée internationale des droits des filles, les conflits exacerbent les violences sexistes et sexuelles, les mariages précoces, et les troubles psychologiques tels que l’anxiété chronique. La moitié des enfants interrogés dans 10 pays touchés par les crises se disent déscolarisés à cause des conflits. Plus d’une fille sur quatre vivant dans les zones de conflit se sent exposée quotidiennement au risque d’agression sexuelle.
Pour une diplomatie féministe concrète et financée
La France s’est engagée dans une diplomatie dite « féministe » avec le Fonds de soutien aux organisations féministes (FSOF) en 2019. Ce fonds a permis de soutenir plus de 1 000 organisations dans 70 pays. Cependant, les annonces de réduction de l’APD remettent en question cet engagement. Sans financement adapté, la diplomatie féministe risque de se réduire à une promesse non tenue, laissant de côté les projets qui promeuvent les droits des femmes, des filles et des minorités de genre.
L’APD : un investissement dans l’avenir
Plan International France a pu accompagner près de 643 000 personnes en 2023 avec la contribution de l’APD, dont plus de 330 000 filles et femmes. Une réduction de 30 % de l’APD pourrait priver près de 135 000 personnes, dont 70 000 filles et femmes, du soutien indispensable pour réaliser leurs droits.
Alors que les défis mondiaux s’intensifient, il est impératif que la France maintienne ses engagements financiers pour l’égalité de genre et la solidarité internationale.
Les acteurs de la société civile, Plan International France, et les ONG partenaires s’engagent à faire entendre leur voix le 19 novembre et demandent au gouvernement de reconsidérer ces coupes. La France doit rester fidèle à ses engagements pour un monde plus juste et plus solidaire, car investir dans l’égalité de genre et les droits des filles, c’est investir dans un avenir meilleur pour toutes et tous.