Au Cameroun, de nombreuses adolescentes sont mariées chaque année par leurs familles. Pour lutter contre le mariage d’enfants, l’ONG Plan International intervient auprès des populations afin de sensibiliser aux dangers de cette pratique.
Les mariages précoces privent les filles d’éducation et d’avenir
La famille est arrivée au Cameroun en tant que réfugié·e·s de la République Centrafricaine il y a dix ans et vit maintenant dans une petite communauté de Yaoundé, la capitale du pays. Dans sa nouvelle maison, Aminatou vivait paisiblement avec ses parents, sa sœur et son jeune frère jusqu’à ce que les plans pour les mariages des sœurs soient annoncés.
« Je te marie, j’ai besoin d’argent. Il faut qu’on s’occupe de toi. Ton frère doit aller à l’école »
dit Aminatou, en citant les raisons de son père pour lui arranger un mariage précoce à seulement 14 ans.
Aminatou et sa sœur aînée étaient à l’école lorsqu’elles ont appris que leur père souhaitait les marier. « En décembre 2020, mon mari a commencé à parler de marier Aminatou et sa sœur de 15 ans à des hommes de Bertoua en échange d’une énorme somme d’argent, qu’il comptait utiliser pour apprendre à conduire et gagner sa vie », raconte la mère d’Aminatou.
La nouvelle du projet de mariages a brisé les espoirs et les rêves des deux filles. Elles ont supplié leur mère de raisonner leur père, car elles ne pouvaient pas en discuter directement avec lui, les normes culturelles leur interdisant de défier la volonté de leur père.
L’action de PLAN INTERNATIONAL pour combattre cette pratique
Voulant les aider mais incapable d’affronter son mari, leur mère a décidé de chercher de l’aide pour sauver l’avenir de ses filles. Lors d’une réunion pour les réfugié·e·s organisée par Plan International dans sa communauté, la mère d’Aminatou a contacté un travailleur social qui a accepté de l’aider à essayer de dissuader son mari.
Grâce à des visites régulières à domicile, le père d’Aminatou a été sensibilisé aux droits des enfants, et particulièrement aux droits des filles, notamment aux dangers des mariages précoces et à la responsabilité des parents de protéger leurs enfants. Grâce à ces conseils, le père d’Aminatou a progressivement changer d’avis sur le mariage de ses filles. Avec le soutien de Plan International, les deux sœurs ont pu bénéficier d’un suivi psychologique pendant presque un an et sont aujourd’hui à l’école et se portent bien. Elles ont également reçu une formation sur l’importance de l’éducation, des droits des enfants ainsi que les moyens de faire respecter leurs droits.
Le programme social de Plan International visant à aider les réfugié·e·s est mis en œuvre en partenariat avec l’Agence des Nations unies pour les réfugiés (HCR). Le projet répond aux besoins éducatifs des réfugiés à Yaoundé en veillant à ce que les enfants des familles déplacées aient accès à l’enseignement primaire et secondaire. Des mécanismes ont également été mis en place pour protéger les enfants et identifier les cas de violences sexistes parmi les réfugié·e·s.
« Grâce à ce programme, mon père a changé d’avis, et ma sœur et moi avons pu poursuivre nos études sans crainte d’être mariées. Je suis reconnaissante pour tout ce que le programme a fait pour nous »
Jusqu’à présent, le projet a identifié et soutenu plus de 110 cas de violences sexistes et sexuelles parmi les enfants réfugiés de République Centrafricaine. Cependant, malgré les nombreuses interventions réussies du projet, il reste encore beaucoup de travail à faire, explique Ntsengue Emeline, responsable du projet.
« Nous sommes reconnaissant·e·s pour les vies que nous changeons chaque jour et nous espérons obtenir des fonds supplémentaires pour soutenir davantage les filles en situation de vulnérabilité et les protéger contre les abus et toutes les formes de violence « , déclare Ntsengue.
Aujourd’hui âgée de 16 ans, Aminatou est très reconnaissante et optimiste quant à son avenir. Elle est déterminée à terminer ses études et à enseigner à ses amis les droits des enfants et l’importance de se battre pour leurs droits.
« Chaque fille devrait pouvoir terminer ses études, avoir un emploi et, seulement le moment venu, se marier et fonder sa propre famille. Ma mission est de me battre pour l’éducation des filles dans ma communauté »