Les mariages d’enfants sont très répandus au Sénégal. Afin de contribuer à éradiquer cette pratique, Plan International et l’OIF ont accompagné 5 jeunes militantes de la région de Kédougou dans la réalisation d’une étude sur les raisons du mariage d’enfants.
Cinq jeunes leaders enquêtent sur les déterminants des mariages d’enfant dans leur communauté
Le phénomène du mariage des enfants est très répandu au Sénégal : 31% des femmes âgées de 20 à 24 ans ont été mariées avant l’âge de 18 ans (rapport de l’EDS, 2019). La prévalence est plus élevée dans certaines régions. A Kédougou par exemple, 2 filles sur 3 sont concernées.
Pour contribuer à éradiquer cette pratique, Plan International et l’OIF ont accompagné 5 jeunes militantes de la région de Kédougou dans la réalisation d’une étude sur les déterminants du mariage d’enfants dans leur commune, celle de Salémata.
Les principaux résultats de l’étude sont les suivants :
- Même si les populations de Salémata ont été informées et sensibilisées à l’existence de la loi interdisant le mariage d’enfants, notamment grâce au personnel de santé et aux relais en santé communautaire, la pratique demeure, surtout dans les zones transfrontalières.
- Les raisons qui poussent les communautés de Salémata à ne pas respecter la loi selon les parents et les jeunes interrogés sont le respect des coutumes (cité par 57% des pères et 25% des mères, 50% des filles et 40% des garçons), la peur de marginalisation ou d’excIusion sociaIe (citée par 21% des pères et 25% des mères), le respect des prescriptions religieuses (cité par 25% des mères) et le manque de connaissance de la loi (cité par 58% des filles et 46% des garçons).
- Les autres raisons évoquées sont : la pauvreté, la préservation de l’honneur de la famille en évitant les grossesses hors mariage et le raffermissement des liens familiaux et communautaires, et les belles-mères qui souhaitent être aidées dans les travaux domestiques. Certaines de ces raisons sont ressorties dans les entrevues avec les leaders religieux et traditionnels.
Les conséquences des mariages d’enfant
L’étude a pourtant montré que les conséquences du mariage d’enfants sont bien connues par les parents et les cibles interrogées. Sur le plan sanitaire, il a été évoqué les grossesses précoces pouvant entraîner un retard de croissance des filles, la naissance de bébés prématurés et des complications à l’accouchement pouvant aller jusqu’à la mortalité maternelle et infantile auxquels s’ajoute la malnutrition des enfants des enfants de moins de 5 ans. Sur le plan social, il a été évoqué la récurrence des divorces à cause entre autres de l’immaturité des jeunes filles à gérer leur ménage, l’abandon scolaire et l’augmentation de la pauvreté.
Des pistes pour un meilleur respect de la loi
Pour une meilleure adhésion des communautés à la loi contre mariage d’enfants, les parents suggèrent une meilleure implication du personnel de santé et des leaders religieux et les jeunes proposent une meilleure implication de leurs associations.
A travers la restitution locale et nationale des résultats de cette étude, les 5 jeunes militantes qui l’ont menée ont pu augmenter l’impact de leurs messages de sensibilisation et de plaidoyer auprès des familles, des leaders traditionnels et des autorités.