Au même titre que les approvisionnements de base dans les camps au Bangladesh, l’ONG Plan International exhorte la communauté internationale à considérer la protection des enfants rohingyas, des filles en particulier, comme une urgence absolue.
Une jeune fille rohingya arrive au camp de Balukhali à Cox’s Bazar
© Mahmud / Map / Plan International
Depuis le début du mois d’octobre 2017, Plan International fournit une assistance humanitaire aux populations rohingyas en fuite dans le camp de Balukhali dans le district de Cox’s Bazar, à l’extrême Sud-Est du Bangladesh. L’ONG a équipé le camp d’installations d’assainissement prévues pour 60 000 personnes, distribué des kits d’hygiène à 4 550 foyers et sensibilisé plus de 21 000 personnes sur place. Le but ? Empêcher la propagation des maladies hydriques, telles que le choléra. Dans les semaines à venir, 700 latrines vont également être aménagées, permettant ainsi d’assainir et de sécuriser le quotidien de 35 000 personnes.
Risques pour les filles
© OCHA
Plus de 605 000 Rohingyas (plus d’informations sur ce chiffre ici), en majorité des femmes et des enfants – 348 000 âgés de 6 ans à 18 ans –, ont fui les violences qui ont éclaté le 25 août 2017 dans l’État de Rakhine à l’Ouest de la Birmanie pour se rendre au Bangladesh. Des centaines de milliers – dont 14 479 enfants orphelins ou non accompagnés ou séparés – de personnes sont installées dans des campements de fortune dans la région de Cox’s Bazar, avec un accès aux approvisionnements de base limité : elles sont contraintes de dormir dans des camps en plein air, sur des terrains boueux, dépourvus pour la plupart d’abris et sans accès à l’eau potable et aux toilettes.
Selon le bureau de l’ONU pour la coordination de l’aide humanitaire (OCHA) ce sont 1,166 millions de personnes qui seraient en situation de besoin urgent d’approvisionnement en eau, d’assainissement et de services d’hygiène (« WASH »). Une situation d’autant plus critique que le mois d’octobre annonce l’arrivée de cyclones dans la région.
« Je n’ai jamais voulu venir ici, mais notre maison en Birmanie a été incendiée et on nous a tout volé. Nous avons eu très peur, nous avons tout abandonné et nous sommes partis. Pendant 10 jours, nous avons erré avant d’arriver au Bangladesh et d’y être un peu en sécurité. Nous vivons dans cette petite tente depuis la fin du mois d’août », raconte Mohima, 35 ans et mère de 9 enfants, avant de poursuivre : « Nous n’avons pas beaucoup de nourriture et il est difficile de trouver de l’eau potable. Mes enfants ont beaucoup maigri. J’emprunte du riz et de l’argent mais ce n’est pas suffisant. C’est aussi compliqué de rester propre dans ces conditions ». La forte concentration des personnes déplacées dans les camps présente en effet des risques sanitaires importants, mais également sécuritaires. Particulièrement pour les enfants et pour les filles, qui demeurent les premières victimes en situation d’urgence.
Mohima et ses deux filles à côté d’une latrine improvisée du camp Balukhali
© Plan International
Pour Orla Murphy, directrice de Plan International au Bangladesh, il y a urgence à agir : « Les personnes arrivent dans un état d’épuisement total. Il y a un grand nombre d’orphelins, d’enfants non accompagnés, de jeunes mères et de femmes sur le point d’accoucher ou ayant récemment accouché. En plus des blessures provoquées par les mines et par les armes à feu, de nombreuses personnes ont été victimes de terribles violences sexuelles. Elles ont toutes désespérément besoin d’aide. »
« Risque majeur de violences sexuelles »
« Chaque jour, je m’inquiète. Chaque fois que je vois des personnes que je ne connais pas rôder autour de notre tente, je me fais du souci, surtout pour mes filles », raconte Mohima. « Comme il n’y a pas de toilettes ici sur la colline et que, dans la journée, elles restent la plupart du temps verrouillées, nous attendons la nuit pour nous soulager. Et là, j’ai très peur pour mes filles, car il fait sombre dans la jungle. J’ai peur qu’elles se fassent agresser et même violer surtout que personne ne pourra venir à leur secours », conclut-elle.
L’ONG Plan International travaille actuellement avec le gouvernement bangladais et le Fonds des Nations unies pour l’enfance (Unicef) à enregistrer les enfants non accompagnés. Jusqu’à présent, plus de 6 800 enfants dans ce cas ont été signalés. « Pour les enfants isolés, en particulier les filles, il existe un risque majeur de violences sexuelles », rappelle Orla Murphy. Comme lors de chaque situation d’urgence, les enfants seuls – les filles particulièrement – restent très vulnérables et particulièrement exposés aux risques liés à la traite, aux violences sexuelles, au travail infantile et aux mariages forcés. « Nous devons agir très rapidement pour assurer des capacités suffisantes de prise en charge du nombre élevé d’enfants vulnérables dans le camp », prévient la directrice.
Plan International appelle à :
- Considérer la protection des enfants, notamment la prévention de la violence de genre, comme une urgence, au même titre que la nourriture, le logement, ainsi que l’accès à l’eau, à l’hygiène et à l’assainissement.
- Favoriser et sécuriser l’accès total et sans conditions à tous les acteurs humanitaires pour garantir la protection de l’ensemble des enfants affectés par la situation.
- Augmenter des financements internationaux.
Contact médias :
Juliette Bénet – 01 84 87 03 61 – juliette.benet@plan-international.org
Julien Beauhaire – 01 84 87 03 52 – julien.beauhaire@plan-international.org
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