Le Mozambique est un des pays où le taux de mariage d’enfants est le plus élevé au monde. Maria a été mariée de force à 12 ans car ses parents ne pouvaient pas s’occuper d’elle.
Aujourd’hui, survivante du mariage précoce, Maria a repris ses études avec l’aide de l’ONG Plan International. Mais elle craint que les fermetures d’écoles, liées à la lutte contre la propagation du COVID-19, ne fassent augmenter considérablement le nombre de mariages forcés.
Un taux de mariages précoces déjà alarmant
Maria* vit dans la province de Nampula, au Nord du Mozambique, avec ses parents et ses six frères et sœurs. Cette région détient le plus haut taux de mariage précoce du pays, les filles concernées ont généralement à peine entamé leur puberté.
Maria redoute que la pandémie de COVID-19 n’encourage encore davantage cette pratique :
« Mes parents souhaitaient que je me marie parce qu’ils sont pauvres. Ils ne pouvaient pas se permettre de payer des fournitures scolaires pour leurs 7 enfants. Je me suis mariée tôt pour alléger cette charge financière, pour qu’ils n’aient plus à payer mes uniformes et mes livres. Mon ancien mari avait promis à ma famille qu’il m’achèterait les fournitures nécessaires si j’acceptais de l’épouser mais c’était un mensonge. J’ai manqué deux années d’école pendant mon mariage. »
Selon l’UNICEF, le Mozambique est l’un des pays avec le plus haut taux de mariage d’enfants au monde, avec près de la moitié des filles mariées avant leurs 18 ans. Ces mariages précoces forcent souvent les jeunes filles à abandonner l’école, les plongeant dans une vie de pauvreté et les rendant vulnérables aux grossesses précoces et aux violences sexuelles et physiques.
« Me marier si jeune était la pire décision que j’ai prise. »
Maria a eu de la chance : elle a réussi à échapper à son mariage et est retournée à l’école grâce à l’aide de Plan International au Mozambique.
« J’étais très heureuse de retourner à l’école cette année. Quand j’étais mariée, je n’osais même pas imaginer qu’un jour je pourrais de nouveau étudier. Mais tout le monde n’a pas soutenu mon désir de divorcer et de retourner à l’école. Certaines personnes de ma communauté croient toujours que les filles sont faites pour être mères ou épouses, et non pour étudier », témoigne-t-elle.
Un risque d’augmentation des mariages d’enfants à cause du COVID-19
Comme beaucoup de jeunes filles au Mozambique, Maria est déscolarisée depuis le 23 mars, date à laquelle le gouvernement a fermé toutes les écoles du pays pour lutter contre la propagation du COVID-19. Avec des millions de filles à la maison, les risques d’une augmentation du nombre de mariages d’enfants sont grands.
« Comme les écoles ont fermé, on me dit je suis maudite parce que j’ai quitté mon mari », s’attriste Maria.
« Certaines personnes de ma communauté conseillent aux jeunes filles de se marier parce qu’elles pensent que l’école n’ouvrira pas avant la fin de l’année. Elles disent que nous serons forcées de rester à la maison et que nous rajouterons des frais supplémentaires à nos pauvres familles », explique Maria.
« À cause du COVID-19, de nombreuses familles ne seront pas capables d’envoyer leurs enfants à l’école parce que beaucoup ont perdu leur travail et font face à des dépenses supplémentaires, comme l’achat de nourriture et de produits sanitaires. Deux de mes cousines de 15 ans envisagent de trouver un mari qui pourrait les nourrir pendant ces temps difficiles. Beaucoup d’hommes plus âgés en profitent pour leur faire des promesses », déplore-t-elle.
Plan International lutte contre le mariage précoce au Mozambique
L’ONG Plan International, qui lutte déjà contre les mariages précoces dans le pays, soutient le retour des filles à l’école et travaille dur pour s’assurer que les filles ne soient pas mariées pendant la pandémie. L’ONG s’efforce de leur donner l’opportunité d’en apprendre davantage sur leurs droits et de les aider à poursuivre leur éducation chez elles.
« Je reçois des fiches de travail pour m’aider à rester à jour dans mon travail scolaire malgré la fermeture des écoles. Je veux que davantage de filles privilégient leur éducation au mariage et qu’elles aient la même opportunité que celle que j’ai aujourd’hui », s’exclame Maria.
« Quand Plan International m’a aidée à sortir de mon mariage et à réintégrer l’école, j’ai réalisé à quel point j’aimais apprendre. »
Plan International au Mozambique, à travers son partenariat avec le Ministère de l’éducation, assiste les filles et les jeunes femmes dans les zones difficilement accessibles avec des programmes d’enseignement à distance, de sensibilisation à l’importance de l’éducation des enfants et de lutte contre le mariage forcé des jeunes filles.
« Beaucoup d’autres filles risquent de subir le même sort si elles ne reçoivent pas le soutien dont je bénéficie aujourd’hui », alerte Maria.
*le nom a été changé, pour protéger son identité.
Ensemble, nous avons le pouvoir de limiter les conséquences de cette crise et de protéger les plus fragiles.