Quand j’ai eu 12 ans, on a voulu m’enlever pour me marier de force
Hirut vit en Ethiopie. Elle n’avait que 12 ans quand un groupe d’hommes a tenté de la kidnapper pour la marier à un homme qu’elle ne connaissait pas. Grâce à l’aide de Plan International, elle a pu s’en sortir et continuer ses études : elle souhaite devenir docteure et défendre les droits des filles pour les empêcher d’être mariées de force.
LA COUTUME D’ENLEVER DES FILLES POUR LES FORCER À SE MARIER
Un après-midi, Hirut rentre de l’école quand un groupe d’hommes essaye de l’enlever pour la marier de force à un inconnu. Elle a tout juste 12 ans. Alors qu’elle est entrainée sur le bord de la route, elle crie au secours.
« Au début, je ne savais pas ce qui se passait, j’étais sous le choc. Il m’a fallu un moment pour comprendre, me ressaisir et appelé à l’aide », raconte-t-elle.
Des habitants entendent son cri de détresse et repoussent les agresseurs.
Ils l’accompagnent à la police et se portent témoins. Les agresseurs sont arrêtés mais des anciens du village négocient pour les faire sortir. Ils sont libérés après avoir payé une indemnité de trois mille birrs (90 €).
VENDUE COMME EPOUSE CONTRE 300 € ET QUELQUES CADEAUX
La jeune fille se considère chanceuse d’être sauvée. Cependant, son cauchemar ne s’arrête pas là.
L’inconnu veut toujours l’épouser. Il envoie des anciens du village chez elle avec de l’argent et des cadeaux. Ils demandent officiellement la main d’Hirut, sa famille accepte.
« J’ai vu un groupe d’anciens sortir de chez nous, j’ai senti que quelque chose n’allait pas », explique-t-elle. « Je suis retournée à l’école pour leur demander de l’aide. »
Avec ses professeurs, Hirut signale sa famille à la police : « Nous sommes allés chez moi avec la police pour parler à ma famille. Ils ont promis qu’ils ne feraient plus jamais une telle chose. Ils ont accepté que je reste à l’école », dit Hirut.
Dans le sud de l’Ethiopie, il est coutume d’enlever les filles et de les forcer à se marier. Cette tradition reste profondément enracinée dans de nombreuses communautés. Pourtant, le gouvernement considère ces enlèvements comme des crimes et l’âge légal du mariage est de 18 ans. Mais, la loi n’est pas encore bien appliquée.
Depuis 8 ans, l’ONG Plan International et son partenaire local sensibilise les communautés contre ces enlèvements.
Sans ce travail de sensibilisation, Hirut pense que personne ne serait venu à son secours : « Avant, c’était normal qu’une fille soit enlevée et forcée de se marier », explique-t-elle.
Depuis qu’elle a échappé à ce mariage forcé, Hirut essaye de protéger ses amies.
Lorsqu’un homme a voulu épouser sa meilleure amie, Hirut s’est empressée d’essayer de convaincre la famille de ne pas marier leur fille.
Malheureusement, son amie a été quand même mariée de force, un jour où Hirut était loin du village. « Je la vois parfois. Maintenant, elle a deux enfants. A cause de la misère d’être une mère-enfant, son visage a beaucoup changé », confie tristement Hirut.
JE SUIS DEVENUE ASSEZ FORTE POUR DÉFENDRE LES DROITS DES FILLES
Hirut est critiquée par certaines personnes de sa communauté pour défier les traditions mais cela ne l’affecte pas : « Je me fiche de ce qu’on dit sur moi. Tout ce qui m’importe, c’est mon éducation et mes rêves. Je suis tellement reconnaissante pour le projet de protection des enfants de Plan International. Cela m’a aidé à devenir plus forte.
Je suis une fille libre maintenant, je peux étudier et devenir médecin ! »
Hirut participe aux sessions de sensibilisation organisée par l’ONG Plan International dans sa communauté. Elles traitent des conséquences négatives de certaines pratiques traditionnelles telles que l’excision et le mariage d’enfants.
« Je suis une fille libre maintenant, je peux étudier et devenir médecin ! »
« Changer ces pratiques néfastes, c’est essentiel », déclare Alemitu Abebe, membre du Conseil régional. « Beaucoup de travail est réalisé et nous sommes témoins de nombreux changements. Cependant, il reste encore beaucoup à faire pour les éradiquer. »
Plan International lance un nouveau projet pour lutter contre ces pratiques néfastes qui affectent la santé et le développement des enfants, surtout des filles. Elles constituent un axe majeur du projet.
Il vise à aider 12 000 enfants de 25 communautés de Shebedino et plus largement 125 000 enfants de la région.