Selon les données de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), 10 à 20 % des enfants et des adolescent·e·s, à travers le monde, souffrent de problèmes de santé mentale. On sait aujourd’hui que la moitié des troubles psychologiques apparaissent avant l’âge de 14 ans et les trois quarts de ces troubles apparaissent avant les 25 ans.
Briser le silence autour du mal-être psychologique
A 16 ans, Tisay, originaire de Samar aux Philippines, a régulièrement souffert d’anxiété. De l’extérieur, elle apparaît joyeuse mais quand personne ne regardait, elle se sentait submergée par des émotions négatives. « Mon rire cachait ma souffrance « , admet Tisay. “J’essayais constamment de retenir mes larmes parce que j’avais peur que l’on me juge.”
Après la séparation de ses parents, Tisay a constaté pour la première fois, qu’elle avait changée. “J’ai été obligée de m’adapter à notre nouvelle situation familiale. Je ne m’y attendais pas et ça m’a vraiment affectée. Je n’avais qu’une seule envie, c’était de voir ma famille réunie.”
Un jour, Tisay s’est soudainement sentie vide “C’était comme si j’étais congelée, je ne pouvais rien ressentir”. Puis, elle a commencé à avoir des difficultés à respirer et des palpitations que son médecin a plus tard identifiées comme étant une crise de panique.
» Ma famille m’a conduite à l’hôpital, enfin que je puisse consulter un·e professionnel·lle de santé mentale ». Grâce à l’aide de professionnel·le·s, Tisay et sa famille ont pu travailler ensemble afin de soigner son anxiété et ses symptômes qui, selon l’OMS, peuvent inclure : de la nervosité, des tremblements, des bouffées de chaleur, des étourdissements, des palpitations et des vertiges.
Avec le recul, Tisay considère maintenant que c’est à cette époque qu’elle a commencé la découverte d’elle-même. Elle employait alors son expérience pour en apprendre davantage sur la santé mentale, elle-même, et la manière dont elle peut aider celles et ceux qui souffrent des mêmes troubles qu’elle. “La santé mentale est aussi importante que la santé physique. Nous devrions aussi faire attention à notre bien-être psychologique.” Aux Philippines, la santé mentale n’est pas considérée comme aussi importante que les autres problématiques de santé mais Tisay affirme qu’elle souhaite faire changer cela.
“C’est la seule manière de briser le silence autour de la santé mentale, nous devons continuer à libérer la parole et sensibiliser les gens à propos de cet enjeu.”
Tisay
Après avoir reçu l’aide de son médecin et avoir suivi une thérapie, Tisay a pu également compter sur son entourage : “J’ai reçu l’aide d’une amie qui avait eu la même expérience que moi. Je me suis confiée à elle et désormais, elle est ma meilleure amie.”
Militer pour la démocratisation des enjeux de santé mentale chez les jeunes
Après cette expérience, Tisay a rejoint le projet “RAISE Above” de Plan International. En tant que jeune bénévole éducatrice, elle conseille et soutient les jeunes de son âge sur des sujets comme la santé des adolescent·e·s, la confiance en soi, l’égalité des genres et la jeunesse actrice.
Tisay conseille celles et ceux qui traversent une période difficile, de se confier à une personne de confiance. Par exemple, un·e de ses proches, un·e très bon·ne ami·e, un·e professseur·e ou un·e conseiller·ère d’orientation. Elle leur dit que “parler peut vraiment les aider”. Elle encourage également les jeunes et leur famille à ne pas hésiter à demander de l’aide professionnelle quand cela est nécessaire. “On ne devrait pas avoir honte de chercher des solutions à notre mal-être.”
“L’adolescence est une des periodes les plus difficiles de la vie et il n’est pas rare que cela cause de la détresse chez de nombreux·ses jeunes.”
Phil De Leon, spécialiste de l’éducation pour le projet “RAISE Above”.
“Mais c’est aussi la période la plus passionnante et épanouissante car c’est pendant l’adolescence que l’on forge notre personnalité, nos passions et nos forces les plus profondes.”, poursuit le spécialiste De Leon. “S’il vous plait, n’abandonnez pas. Une fois que nous avons trouvé ces choses sur nous-mêmes, avec l’aide de notre famille et de nos ami·e·s, nous pouvons surmonter tout ce que la vie nous réserve.”
Pour celles et ceux qui apprécient l’écriture, Tisay leur propose de tenir un journal ou d’écrire des lettres qu’ils pourront lire dans quelques années. Les artistes peuvent s’exprimer grâce à la peinture, le dessin, la danse, la photographie ou n’importe quelle forme d’art avec laquelle ils sont à l’aise.
“Le plus important, c’est que vous croyiez en vous.”
Tisay
C’est également important que les parents et les professeur·e·s s’assurent que les enfants et les adolescent·e·s puissent librement et en toute confiance, parler de ce qu’ils/elles ressentent et échanger sur leurs idées. Au lieu de renforcer les stéréotypes qui entourent l’expression de la santé mentale, nous devrions normaliser ces conversations.
“Je suis très heureuse maintenant parce que je suis capable de retirer le plus positif de mon expérience pour sensibiliser et inspirer d’autres jeunes. Je ferai entendre ma voix, pour promouvoir l’importance de la santé mentale « .
En savoir plus sur le projet « RAISE Above »