Une dizaine d’années de guerre a plongé le Burundi dans la pauvreté et l’instabilité. Pour fuir les violences, les habitants ont fui en Tanzanie. Pour les adolescentes qui vivent dans des camps de réfugiés, avoir ses règles peut devenir un cauchemar et être un véritable frein à leur réussite scolaire.
C’est pourquoi l’ONG Plan International intervient pour leur permettre de continuer d’aller à l’école même quand elles ont leurs règles.
Zeynep Sanduvac, spécialiste de l’éducation en situation d’urgence, témoigne :
« Je suis allée en Tanzanie, à la rencontre d’adolescentes qui avaient été obligées de fuir leur pays d’origine, le Burundi. En parlant avec elles, je me suis rendu compte qu’elles avaient toutes un problème en commun : comment faire lorsqu’elles ont leurs règles ? J’ai écouté leurs inquiétudes et j’ai réalisé les difficultés que les menstruations peuvent entrainer par exemple sur la scolarité. »
Les menstruations, une honte qui affecte la réussite scolaire des filles
« Nous manquons de protections hygiéniques, de savons et de sous-vêtements. C’est pour ça que nous manquons l’école quand nous avons nos règles, car c’est humiliant si un garçon découvre que tu as tes règles. Une fois, un garçon a dit à une fille de rentrer chez elle car elle ne devrait pas aller à l’école pendant ses règles ! » confie l’une des adolescentes.
Une autre explique qu’ « avoir une tâche à l’école est un véritable cauchemar. Je veux aller à l’école. Mais, je ne peux pas. Comment rester en classe quand j’ai mes règles ? Je me sens sale et je déteste ça. »
Le manque de sécurité, de toilettes propres, sûres et équipées à l’école rendent les filles incapables de faire face à leurs règles correctement.
« Il y a plus de 150 filles pour seulement trois toilettes. Il n’y a ni porte, ni évier pour nous laver les mains », raconte une autre jeune fille. « Nous n’avons aucune intimité dans les toilettes. Lorsque nous avons nos règles, c’est encore pire ».
En dehors de l’école, les filles sont encore plus en danger
Les menstruations, pour les réfugiées en Tanzanie, étant synonymes de tabou, honte, inconfort et désagrément, elles peuvent manquer l’école plusieurs jours par mois pour rester chez elles.
Les adolescentes sujettes aux changements hormonaux auxquels s’ajoute une faible estime de soi sont encore plus touchées.
Ces absences à l’école peuvent impacter leur sécurité. En effet, l’école reste l’endroit le plus sûr. En situation d’urgence, ce sont les filles se trouvant à l’extérieur de l’école qui sont les plus en danger.
Elles ont, pour la plupart, dépenser tout leur argent après des mois de déplacement pour se réfugier en Tanzanie dans un camp et risquent d’être victimes de trafic, d’exploitation, de violences, de viol, de mariage forcé et précoce et de prostitution. En maintenant les filles à l’école, nous pouvons mieux les protéger.
Maintenir les filles à l’école en sécurité
Plan International intervient dans le camp de Nduta auprès de 78 000 réfugiés burundais pour réduire les risques d’absentéisme et de décrochage scolaire parmi les filles.
Nous distribuons des « kits de dignité » aux adolescentes contenant serviettes hygiéniques réutilisables, savon, sous-vêtements, peignes, rasoirs… Nous apprenons aux filles à savoir gérer leurs règles à l’école.
« Je sais quand mes règles doivent arriver dans le mois et je peux désormais m’y préparer », témoigne une des filles bénéficiaires du projet. « Je sais, avec confiance, comment faire quand j’ai mes règles. Je me rends compte maintenant qu’avoir ses règles, c’est normal, ce n’est pas une honte ! »