Aicha, 46 ans, vit avec son mari et ses deux filles âgées de 10 et 7 ans à Beyrouth. Sa famille vit dans le même quartier qui a été gravement endommagé suite à l’énorme explosion dans la capitale libanaise le 4 août dernier et qui a causé des dégâts dans plus de la moitié de la ville.
L’explosion de Beyrouth, une catastrophe en période de pandémie
« J’ai deux licences, une en droit et une en psychologie, mais en raison de la crise actuelle, je n’ai pas de travail. Mon mari travaille comme agent de sécurité mais déjà avant l’explosion, cela faisant plus de 6 mois qu’il n’avait pas été payé », explique Aicha.
L’explosion est arrivée au milieu d’une époque difficile pour le Liban : le pays, déjà enlisé dans une crise économique sans précèdent qui avait plongé des dizaines de milliers de personnes dans la pauvreté, a dû faire face à la crise sanitaire mondiale liée à la pandémie de COVID-19.
Aicha et son mari avaient reçu l’aide de leur famille et ami.e.s et utilisaient leurs économies pour s’en sortir, mais l’explosion a rendu impossible toute aide supplémentaire de la part de ces personnes, elles aussi directement affectées.
« Quand la première explosion a s’est produite, ma fille jouait dans le jardin avec sa cousine, j’ai immédiatement couru dehors et je les ai attrapées et ramenées dans le couloir et c’est là que la deuxième explosion a eu lieu », se souvient Aicha.
La seconde explosion a sévèrement endommagé son appartement, ainsi que les maisons de ses parents et de son frère. Toutes les fenêtres ont explosé, les meubles et la cuisinière ont été détruits, et le plafond de la maison de son frère s’est effondré.
« J’avais très peur. Le bruit était très fort et j’ai pensé que nous étions attaqué.e.s. Le plafond de la maison de mon oncle est tombé. Mon oncle et mon cousin ont été blessés, ils saignaient beaucoup. J’ai commencé à pleurer et j’ai serré ma maman très fort », raconte Lamar, la fille de 10 ans d’Aicha.
« Quand nous sommes sorti.e.s, j’ai eu l’impression de regarder un film ou des images des suites d’un ouragan ou une tornade. Il y avait tellement de dégâts que je ne comprenais pas ce qui s’était passé, ce qui avait pu causer tant de dégâts », raconte Aicha.
Survivre après l’explosion
Aujourd’hui, un mois plus tard, Aicha nous explique à quel point sa vie a changé pour le pire. Sa personnalité a changé : elle est devenue très agitée et se met en colère contre tout. Avant, elle était plutôt perfectionniste mais, maintenant, elle se fiche de tout : ce qui compte, c’est survivre.
Je fais ce qu’il faut pour garder mes enfants en vie et les nourrir.
« Je fais des choses que je ne n’aurais jamais imaginé, comme demander et me battre pour le soutien des ONG. », explique t-elle. Plan International soutient Aicha et sa famille avec la livraison de colis alimentaires, de kits d’hygiène et de serviettes hygiéniques.
Aicha se demande maintenant quand l’école va rouvrir. Sans école, elle ne sait pas comment faire pour que ses enfants suivent un enseignement à distance. « Je ne pense pas que les écoles ouvrent de nouveau, à cause de l’augmentation de la propagation du COVID-19. Mais si elles ouvrent à distance, je ne sais pas quoi faire. Nous n’avons pas Internet. Chaque fois que je veux utiliser Internet, nous allons à la maison de mon frère mais je ne suis pas sûre qu’il puisse nous aider à présent car sa maison a été fortement endommagée et maintenant, c’est lui qui a besoin d’aide. »
Les enfants d’Aicha gardent toutefois espoir. Quand on lui demande ses espoirs pour le futur, sa fille Lamar répond : « Quand je serai grande, je veux devenir médecin, je suis très bonne en biologie et en science ».