Emma, Mathías, Romaly et Josué font partie des 4,3 millions de personnes qui ont quitté le Venezuela pour échapper aux violences, aux graves pénuries ainsi qu’à l’instabilité politique et économique. Ils et elles affrontent la deuxième pire crise migratoire après celle de la Syrie, découvrez leurs histoires.
Emma*
Entre février et juin 2019, les frontières entre la Colombie et le Venezuela ont été fermées à la suite d’une rupture des relations diplomatiques entre ces deux pays. Avec pour conséquences immédiates, l’émergence de passages clandestins, appelés « trochas », contrôlés par des groupes armés qui ne laissent traverser que celles et ceux qui acceptent de payer. Depuis la fermeture de la frontière, les migrant·e·s se retrouvent à la merci de ces guérilleros.
Emma n’avait que 20 ans lorsqu’elle a pris le risque de passer du Venezuela à la Colombie via un trocha. Elle a fait le voyage avec 30 autres personnes, dont 3 femmes enceintes et 3 enfants de moins de 6 ans.
« Comme on me l’avait recommandé, je m’étais habillée le plus sobrement possible », explique Emma. « Pour ne pas attirer les regards car, sur les trochas, il y a des hommes armés qui peuvent vous obliger à faire tout ce qu’ils veulent. Mais, je ne pouvais pas rester vivre au Venezuela.
Le salaire minimum ne permet pas de se nourrir et d’étudier et il y a beaucoup de pannes d’électricité. Même si fuir en empruntant ces passages clandestins est une expérience horrible où votre vie ne tient qu’à un fil ».
Mathías
En quittant le Venezuela, Mathías, 25 ans, n’avait qu’un seul rêve : aller directement au Chili, le pays natal de sa mère, pour revendiquer sa nationalité et commencer une nouvelle vie. Mais, ses priorités ont changé lorsqu’il a rencontré des enfants non accompagnés pendant son périple.
« Je n’avais jamais dormi dans la rue avant. J’ai eu très peur la première fois. Et puis, j’ai pensé à ces enfants, à tout ce qui pouvait leur arriver et j’ai compris que je devais faire quelque chose », se souvient Mathias.
Au cours de son trajet, Mathías a accompagné plus de 10 adolescents. « J‘ai peur qu’ils aient des problèmes avec les services de migration ou qu’ils fassent de mauvaises rencontres… Alors je vais vers eux et je m’efforce de gagner leur confiance. Après, je les accompagne là où ils veulent aller et je m’assure que tout va bien pour eux jusqu’à ce qu’ils retrouvent leurs familles. Je me considère un peu comme un grand frère », dit-il.
Romaly
Depuis le début de la crise, au moins 800 000 enfants et adolescents du Venezuela ont été séparés de leurs parents, selon les chiffres de l’ONG vénézuélienne CECOPAD. Comme Romaly, 10 ans, qui a été laissée à la garde de ses oncles pendant plusieurs mois après le départ de ses parents.
« Souvent, je fermais les yeux et j’imaginais que j’étais avec mes parents », se souvient-elle. « Je comprends que c’est difficile de voyager avec des enfants, mais il faut quand même les emmener avec vous. Ne laissez pas vos enfants seuls, c’est trop difficile pour eux. Ils risquent d’être maltraités par les personnes qui sont censées s’occuper d’eux. Et puis, ils pourraient ne pas vous aimer autant à votre retour. »
Les parents de Romaly sont finalement revenus au Venezuela mais ont rapidement décidé de repartir pour le Chili où ils espèrent trouver du travail. Cette fois, ils ont emmené leur fille avec eux.
Romaly ne sait pas encore ce qu’elle voudrait faire plus tard : « Peut-être être enseignante, comme eux », dit-elle en désignant les travailleurs psychosociaux de l’espace pour enfants migrants vénézuéliens géré par Plan International dans la ville frontalière péruvienne de Tumbes.
Josué
Josué et sa famille ont quitté le Venezuela avec comme objectif d’obtenir des papiers pour résider en Équateur. Ils se sont construit des cabanes de fortune à la frontière entre la Colombie et l’Équateur et attendent de recevoir leurs papiers. Josué ne quitte pas des yeux ses enfants, âgés de 6 et 4 ans.
« J’essaie toujours d’être très vigilant. J’ai peur de m’endormir et que quelque chose arrive à mes enfants », dit-il. « Nous avons entendu de nombreuses histoires d’autres Vénézuéliens à propos de crimes ou d’abus sexuels.
Nous avons rencontré un homme dont les deux filles ont été kidnappées. Sur la route, il a demandé à quelqu’un de les surveiller pendant qu’il allait aux toilettes mais quand il est revenu, elles avaient disparu. Nous l’avons aidé à les chercher et il les a retrouvées.
Leurs kidnappeurs voulaient les emmener à Bogota, probablement pour les vendre, puis les obliger à mendier ou à se prostituer, comme de nombreux autres enfants, filles et garçons. C’est pour cela que je surveille d’aussi près mes enfants. »
Les actions de Plan International pour aider les réfugié·e·s du Venezuela
Ce sont 5 000 personnes par jour, selon les organisations internationales, qui fuient le Venezuala pour s’installer au Brésil, en Colombie, en Équateur et au Pérou. Depuis 2018, Plan International intervient dans ces pays pour améliorer les conditions de vie des Vénézuélien·e·s réfugié·e·s.
Nous distribuons de la nourriture, des articles d’hygiène et des abris pour couvrir leurs besoins les plus urgents.
Nous apportons une vigilance particulière aux besoins des enfants et surtout des filles. Nous leurs distribuons des kits d’hygiène contenant des protections hygiéniques et nous les sensibilisons sur les droits sexuels et reproductifs et sur les violences sexistes et sexuelles.
Nous mettons également en place des espaces pour les enfants qui vivent dans des abris temporaires et développons des activités récréatives dans lesquelles s’impliquent les mamans. Nous voulons créer un environnement plus sûr pour que les enfants jouent et socialisent.