Victime du mariage précoce, aujourd’hui je lutte pour les empêcher
Au Bangladesh, Radha a échappé à un mariage précoce à 14 ans. Parrainée pendant plus de 10 ans avec Plan International, elle a su défendre ses droits et s’enfuir pour éviter d’être mariée de force. Aujourd’hui militante et «briseuse» de mariages précoces et forcés, Radha est devenue une véritable icône au sein de sa communauté.
« Mon nom est Radha Rani Sarker, je suis bangladaise et j’ai 21 ans. Je suis la plus jeune d’une fratrie de cinq filles.
J’ai été parrainé pendant plus de 10 ans par Plan International et sensibilisée dès l’âge de 8 ans sur les droits des filles et sur le mariage précoce et forcé.
J’avais 14 ans lorsque mon père est décédé. Une de mes sœurs, mes beaux-frères et mes oncles ont voulu me marier à un homme de dix ans mon aîné que je n’avais jamais vu. J’aurais préféré être morte ! Oui, morte à la place de mon père, car je savais que j’allais devoir abandonner mes études. Je perdais tout : mon père, mes droits, mon avenir et surtout mon rêve de poursuivre ma scolarité et d’aider ma famille. J’étais désespérée… À quoi bon avoir une vie pareille.
En tant que filleule de Plan International, j’avais participé à de nombreuses sensibilisations sur les conséquences du mariage précoce et je savais ce qui m’attendait. Je me suis promis de me battre jusqu’au bout pour éviter ce destin.
Comme je refusais de me marier, j’ai été kidnappée et emmenée de force dans ma belle-famille. On m’y a séquestrée pendant plusieurs jours. À la première occasion, je me suis enfuie et je me suis réfugiée chez ma mère.
Ce qui m’est arrivé m’a donné la force et le courage de me battre. Désormais je me sens responsable pour les autres filles, cela ne doit plus arriver autour de moi. Les campagnes de prévention sont vitales, il faut à tout prix les continuer.
« Mon histoire prouve que sensibiliser les filles à leurs droits et à leur défense est la meilleure façon de mettre fin aux mariages précoces et forcés. »
J’ai refusé sept nouvelles propositions de mariages et ai contribué à sauver plus d’une dizaine de jeunes filles dans ma région.
J’ai fait énormément de porte à porte et de sessions de sensibilisation communautaire avec Plan International et je fais la chasse aux mariages précoces car trop de jeunes filles en sont encore victimes et restent sans voix. Dès que j’entends dire dans ma région qu’une fille trop jeune va être mariée de force, je vais voir les parents pour discuter avec eux et les informer des dangers que cela peut engendrer pour leur fille et son avenir.
Aujourd’hui, je vis à Dinajpur (au nord-ouest du Bangladesh) et j’étudie les sciences sociales à l’université. De plus, je travaille auprès d’une autre ONG qui milite également pour les droits des enfants.
Mon histoire prouve que sensibiliser les filles à leurs droits et à leur défense est la meilleure façon de mettre fin aux mariages précoces et forcés. »
Je remercie Plan International pour son implication au Bangladesh et au-delà. J’ai été heureuse de venir en France en octobre 2016, en tant que porte-parole de toutes ces jeunes filles qui subissent et luttent chaque jour contre le mariage précoce. »