Plus de 8000 adolescentes disparues en à peine trois ans. C’est le terrible bilan qu’ont enregistré les communautés rurales du Nord du Vietnam. Dans ces régions montagneuses et austères, des réseaux criminels profitent de l’isolement des habitant·e·s pour enlever les filles et les vendre comme épouse en Chine. Présente au Vietnam depuis 1993, l’ONG Plan International sensibilise les communautés aux dangers de la traite des filles vulnérables.

Enlevées et vendues comme épouses

Dans les campagnes isolées du Nord du Vietnam, les filles disparaissent. 
Présente sur le terrain, Plan International a constaté une augmentation très préoccupante des enlèvements par des réseaux de marieurs ces dernières années. Sur les terres montagneuses au climat difficile de la province d’Ha Giang, les trafiquants profitent de l’isolement des communautés pour enlever les filles. Elles sont ensuite emmenées en Chine et mariées de force à des hommes prêts à payer de fortes sommes.

Dinh, aujourd’hui agée de 18 ans, a pu échapper de justesse à ses ravisseurs.

Dinh et son amie, aujourd’hui âgées de 18 ans,  ont fait l’expérience de ce terrible commerce, alors qu’elles n’avaient que 15 ans. En revenant à pied de Meo Vac, le marché le plus proche, elles ont accepté la proposition de deux inconnus de les ramener à leur village. Mais elles se sont rapidement rendues compte que la voiture n’allait pas dans la bonne direction.

De telles méthodes reviennent dans de nombreux témoignages. Dû à leur isolement dans les montagnes, les communautés n’ont, jamais eu à se méfier d’étrangers malintentionnés. Mais les trafiquants n’hésitent pas à profiter de cette nature confiante. C’est au moment de sortir de leur village, que les filles rencontrent les ravisseurs qui tentent de gagner leur confiance. Certains vont jusqu’à leur faire miroiter un travail ou à se faire passer pour leur petit ami pour les attirer jusqu’en Chine.

Dinh raconte qu’elle a été emmenée en Chine et gardée captive jusqu’à ce qu’on lui annonce qu’elle allait être vendue comme épouse. En la menaçant d’une arme, un trafiquant  l’a prise en photo pour des acheteurs, comme un produit à vendre. Après plusieurs tentatives et huit mois d’horreur, Dinh a réussi à s’échapper et peut aujourd’hui témoigner. 

En revanche, son amie Lia n’a jamais réussi à revenir et personne ne sait ce qu’elle est devenue. Une fois enlevée, les filles perdent tout contact avec le monde extérieur et leur famille. 

Le mariage forcé: une pratique en Chine, un drame au Vietnam

« Dès qu’une fille est mariée de force, tous ces droits lui sont arrachés. »

En Chine, donner une importante somme d’argent à la famille de son épouse est encore la norme. Alors que les couples privilégient la naissance d’un garçon, le déficit démographique se creuse entre hommes et femmes et les dots à payer à la famille deviennent de plus en plus élevées. 
Face à la pression sociale du mariage, certains hommes se tournent vers les trafiquants qui leur proposent de jeunes Vietnamiennes contre des sommes allant jusqu’à 5000 $. Des montants qui expliquent l’augmentation de l’ampleur de ce trafic qui arrache des centaines de filles à leur vie d’enfant. 

« Dès qu’une fille est mariée de force, tous ces droits lui sont arrachés » explique Sharon Kane, directrice de Plan International au Vietnam. « On leur vole leur droit d’aller à l’école, leurs rêves et leurs espoirs d’une vie meilleure. » La plupart de ces filles subissent des violences domestiques et sexuelles et sont parfois forcées à devenir mère alors qu’elle ne sont encore que des enfants. 

Les conséquences sont également lourdes au sein des communautés. Dans des villages où vivent parfois moins de 50 personnes, les filles ont une place essentielle et sont connues de tou·te·s. Ces enlèvements attisent les tensions et la méfiance par rapport à l’extérieur. 

Quand Mi a disparu il y a deux ans, sa famille a tout fait pour la retrouver, voyageant jusqu’à Ha Giang City, à plus de 150 km. Seulement pour apprendre que Mi avait sûrement été emmenée en Chine. Sa mère, Do, ne garde d’elle qu’une photographie qu’elle montre à ceux qu’elle croise et qui pourraient l’aider à ramener Mi à la maison.    
Comme elle, les familles n’ont personne vers qui se tourner pour retrouver leurs filles et comprendre ce qui leur est arrivé. 

Plan International s’engage sur le terrain de la prévention  

En effet, malgré ces drames, l’existence du trafic de jeunes Vietnamiennes n’est pas encore connue de tout le monde et les communautés vivant près de la frontière ne savent pas toujours qu’elles deviennent la cible de tels réseaux. 
Dans ces régions très isolées la police est peu présente et ne dispose pas des moyens de lancer des recherches. Pour signaler plus rapidement les disparitions, Plan International a participé à la mise en place d’une ligne d’urgence. Depuis trois ans, c’est plus de 8000 appels qui ont été reçus

Dans sa lutte contre ces trafics d’enfants, Plan International travaille dans les écoles et les communautés pour sensibiliser les filles et leurs familles à ce nouveau risque. Au côté de la fondation locale Blue Dragon Children’s, Plan International intervient auprès du gouvernement pour qu’il fasse plus pour retrouver les disparues et aider celles qui s’en sont sorties à se reconstruire.

L’enjeu : éradiquer ce trafic et éviter le drame des mariages forcés dont sont victimes les jeunes filles. 

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