Causes et conséquences de l’excision sur la vie des filles
230 millions de filles et de femmes dans le monde ont été victimes d’excision. Cette pratique, dont les causes sont très ancrées dans certaines traditions entraine des conséquences désastreuses sur la vie des filles et des femmes. Explication de ce fléau.
Qu’est-ce que l’excision ?
Les mutilations génitales féminines (M.G.F), plus communément appelées excisions,(ou encore « mutilations sexuelles féminines »), désignent l’ablation totale ou partielle des organes génitaux féminins extérieurs ou toute autre lésion des organes génitaux féminins pratiquée pour des raisons non médicales.
L’excision constitue une violation brutale des droits humains et de l’intégrité physique et morale des filles et des femmes. Elle entraine des conséquences directes et violentes sur les vies des personnes qui en sont victimes, et peut provoquer des séquelles à long terme.
On distingue 4 types de mutilations sexuelles féminines, dont le type 1 (clitoridectomie) et 2 (excision) sont les plus répandus.
Combien de femmes en sont victimes ?
Au moins 230 millions de filles et de femmes en vie aujourd’hui ont subi des mutilations génitales dans 31 pays, dont 22 font partie des moins développés au monde. 2 millions de cas supplémentaires pourraient se produire d’ici 2030.
Dans la plupart des pays, la majorité des filles sont excisées avant leurs 5 ans ; près d’1/4 des victimes actuelles ayant subi cette pratique sont d’ailleurs des jeunes adolescentes de moins de 15 ans. A savoir : le chiffre de 31 est probablement sous-estimé, puisqu’il ne couvre que des pays ayant accepté de transmettre leurs données à ce sujet.
L’excision : une pratique principalement présente en Afrique
Cette pratique se déroule principalement en Afrique, où l’on estime le nombre d’excisions à 91,5 millions.
Les pays où la prévalence de l’excision chez les filles et les femmes de 15 à 49 ans est la plus élevée sont la Guinée (95%), Djibouti (94%), le Mali (89%) et l’Egypte (87%). La pratique de l’excision est également présente au Moyen-Orient (Irak ; Arabie Saoudite ; Iran…), en Asie (Malaisie ; Inde ; Pakistan…) et en Amérique Latine (Colombie ; Pérou). Que dit la loi sur l’excision dans les pays où elle s’exerce ? Les mutilations sexuelles féminines sont illégales dans les pays concernés, à l’exception des 3 suivants, qui n’ont pas encore adopté de loi contre ces pratiques : le Libéria, la Sierra Leone et le Mali. En Gambie, où l’excision est interdite depuis 2015, le Parlement a heureusement rejeté, à la date du 15 juillet 2024, un amendement déposé en mars de la même année qui visait à dépénaliser cette pratique. Un exemple significatif du fait que les avancées juridiques en matière de droits des filles et des femmes sont fréquemment menacées de régression, y compris dans ce domaine précis.
La tradition, principale cause des mutilations génitales féminines dans le monde
Cette forte propension à l’excision dans les pays cités ci-dessus s’explique essentiellement par la dimension traditionnelle, culturelle et/ou religieuse d’une pratique en place depuis des siècles.
En effet, l’excision fait partie d’un rituel traditionnel de passage à l’âge adulte pour les filles âgées à peine d’une quinzaine d’années, âge auquel elles sont censées se marier. C’est pourquoi l’excision se pratique traditionnellement juste avant le mariage, afin de rendre la future jeune mariée « pure » aux yeux de son futur mari.
L’excision est aussi un moyen pour les hommes de contrôler la sexualité de leurs femmes.
Toutefois, le procédé a perdu de son sens culturel et traditionnel : l’opération est aujourd’hui généralement réalisée avant l’âge de 5 ans en milieu rural et dans les 40 jours suivant la naissance en milieu urbain. Les hommes refusent parfois d’épouser une fille non excisée, car l’excision n’est pas seulement une pratique culturelle ou religieuse, c’est aussi un moyen pour les hommes de contrôler la sexualité des femmes.
La pression sociale, le tabou autour du sujet, le manque d’information sur ses conséquences néfastes pour la santé, les amalgames avec la religion musulmane, les croyances et les superstitions très ancrées dans les communautés, font de l’excision une des pratiques traditionnelles néfastes les plus difficiles à éradiquer au monde.
Les conséquences désastreuses de l’excision sur la vie des filles
Les mutilations génitales féminines constituent une violation manifeste des droits humains.
Elles n’ont bien entendu aucun effet positif sur la santé. Au contraire, les complications liées à l’excision et aux mutilations génitales, qui s’accentuent au moment de la puberté, sont nombreuses et violentes :
- problèmes vaginaux, souffrances,
- saignements abondants,
- infections (tétanos, maladies sexuellement transmissibles…),
- déscolarisation dans les cas où l’excision est suivie d’un mariage précoce,
- douleurs en urinant,
- douleurs pendant les rapports sexuels et les menstruations,
- risques d’incontinence,
- complications lors des grossesses et des accouchements,
- infertilité,
- détresse psychologique,
- état de choc violent et mort.
Dans la plupart des cas, les conséquences catastrophiques de cette forme de mutilation génitale féminine sont inconnues des populations la pratiquant. En effet, la majorité des femmes excisées qui rencontrent ces problèmes ne savent pas que ceux-ci sont liés à l’excision dont elles ont été victimes enfants, la plupart ne survenant qu’au moment de la puberté.
Nos actions pour lutter contre l’excision
L’ONG Plan International dénonce l’excision comme une violation fondamentale des droits des femmes et des enfants.
Nous sensibilisons les communautés pour mettre fin aux mutilations génitales féminines. Pour cela, nous :
- travaillons auprès des mères, des pères, des chefs de communautés et des chefs religieux afin d’attirer leur attention sur les conséquences de cette pratique traditionnelle néfaste pour la santé des filles et pour faire changer les opinions sur cette pratique ancestrale.
- formons des bénévoles issus des communautés afin qu’ils puissent diffuser les messages aux populations, aux chefs de village et au sein même des gouvernements.
- attachons une grande importance aux associations locales dans les pays où nous intervenons afin d’avoir un plus grand impact dans la société.
- mettons en place des cérémonies alternatives de passage de l’enfance à l’âge adulte, pour remplacer l’excision des filles qui signifie qu’elles sont devenues femmes.
- menons un travail de plaidoyer auprès des gouvernements afin que ceux-ci continuent de mettre en place des actions pour favoriser l’abandon de cette pratique et, qu’à terme, une loi interdisant l’excision soit votée dans tous les pays concernés.
- soutenons l’éducation des filles, en mettant l’accent sur leur droits pour qu’elles puissent se défendre face à l’excision. L’excision entraîne d’autres problèmes qui privent les filles de leurs droits : le mariage précoce et le rejet de la scolarité des filles sont aussi des pratiques ancrées dans la société.
- Nous sensibilisons aussi le grand public aux dangers de l’excision à travers nos campagnes, comme la campagne L’excision, c’est non !
L’excision en chiffres clés
+ de 200 millions de victimes
On dénombre plus de 200 millions de victimes actuelles, dont 44 millions de filles de moins de 15 ans
31 pays
31 pays sont concernés (parmi ceux communiquant leurs données sur les mutilations sexuelles féminines)
500 000 femmes
500 000 femmes ont été mutilées en Europe, dont environ 60 000 en France
Toutes les 10 secondes
Une mutilation génitale est pratiquée toutes les 10 secondes sur un fille de moins de 12
ans
2 millions de victimes d’ici 2030
Le risque est évalué à 2 millions de victimes supplémentaires d’ici 2030