Causes et conséquences des grossesses précoces
20 000 filles âgées de moins de 18 ans deviennent mères chaque jour, soit 7,3 millions de naissances par an. Ce chiffre augmente lorsqu’on tient compte de l’ensemble des grossesses et non uniquement des naissances. 70 000 adolescentes meurent, par an, des suites de complications de la grossesse et de l’accouchement.
S’il n’existe pas de définition officielle, la grossesse précoce est le fait pour une fille pubère d’être enceinte en étant encore enfant, soit avant ses 18 ans. Ce phénomène mondial touche inégalement les filles. Si, en moyenne, le taux de grossesses d’adolescentes a reculé, les écarts restent importants selon les régions, les pays et même au sein des pays.
On observe que les grossesses précoces sont plus fréquentes chez les personnes peu instruites ou en situation de précarité économique. La réduction des premières naissances chez les adolescentes les plus vulnérables est aussi plus lente, ce qui maintient les inégalités. Les causes des grossesses précoces chez les adolescentes sont connues et les répercussions sanitaires, sociales et économiques fortes.
Les causes des grossesses précoces
Dans le monde 1 fille sur 5 donne naissance à son premier enfant avant 18 ans. Ce phénomène s’explique par :
- La situation sociale et économique : la proportion des grossesses précoces a tendance à être plus élevée chez les personnes peu instruites ou en situation de précarité économique.
- Le manque d’information et d’éducation sexuelle : faute de moyens et à cause de tabous liés à la sexualité, les filles, et plus largement les enfants, ne reçoivent pas d’éducation sexuelle et reproductive. Elles ne connaissent pas ou mal ni les moyens de contraception ni les risques liés à une grossesse précoce. L’absence de planning familial dans certains pays renforce cette situation de méconnaissance et de manque d’accès aux soins.
- Les mariages forcés : 9 grossesses précoces sur 10 ont lieu dans le cadre d’un mariage ou d’un concubinage. Une fois mariées, les filles sont forcées d’avoir des relations sexuelles avec leur mari et de prouver leur fécondité. Elles tombent donc rapidement enceintes après le mariage.
- Les violences et agressions sexuelles : 120 millions de filles âgées de moins de 20 ans ont subi une forme de contact sexuel forcé : sur le chemin et/ou dans l’enceinte de l’école, lors d’une situation d’urgence, au sein même de la famille… les filles sont ainsi victimes de violences et agressions sexuelles non protégées qui augmentent le risque de grossesses non désirées.
- Les tabous liés à la culture : dans certains pays, parler de sexualité est tabou. Les filles qui tombent enceinte suite à un rapport sexuel ou à une agression sexuelle ont honte d’en parler et ne font donc rien pour les stopper.
- La loi : dans la majeure partie des pays en développement, l’avortement et parfois même la contraception sont considérés comme un crime et sont répressibles.
- L’accès à la contraception : 127 millions de femmes n’utilisent pas de contraception et 257 millions des femmes qui ne souhaitent pas d’enfant n’ont pas accès des moyens de contraception sûrs et modernes. L’accès à la contraception peut être freiné par la pauvreté, les tabous, le manque d’information, et/ou les distances trop grandes pour accéder à un magasin ou un centre de santé les distribuant. Les filles peuvent également être victimes de stigmatisation lorsqu’elles utilisent des moyens de contraceptions et interrompre leur utilisation.
Les conséquences des grossesses précoces
Une grossesse précoce a des conséquences catastrophiques non seulement pour la mère, mais aussi pour l’enfant et le développement de leur communauté et du pays tout entier :
Chaque jour, 194 filles meurent des suites d’une grossesse précoce. Pourtant, 90 % des causes liées à ces décès pourraient être évitées. Les complications liées à la grossesse et à l’accouchement constituent la 2e cause de décès pour les filles de 15 à 19 ans dans le monde. Ces décès sont généralement causés par le manque de centres de santé pour suivre ces grossesses à risque, ou d’argent pour y accéder. Chaque année, près de 3 millions de filles âgées de 15 à 19 ans subissent également des avortements à risque avec des conséquences sur leur santé mentale et physique.
D’après une étude menée par Plan International, 58 % des filles ne retournent jamais ou rarement à l’école après avoir eu un enfant. Ce chiffre augmente lorsque les filles sont aussi mariées.
Dans beaucoup de sociétés, l’honneur de la famille repose sur la virginité des filles. Celles qui sont enceintes hors mariage sont donc victimes de discriminations et de marginalisation. Elles peuvent être rejetées par leur famille et deviennent ainsi vulnérables aux violences et agressions, à l’esclavage domestique et à l’exploitation sexuelle.
Les mariages et les grossesses précoces maintiennent les filles dans leur statut inférieur à l’homme et ne leur permettent pas de sortir de la pauvreté. Il s’agit d’une situation injuste et d’un énorme potentiel perdu pour le développement des communautés et des pays.
Si une fille jeune tombe enceinte hors mariage, elle est peut être forcée à se marier avec le garçon ou l’homme l’ayant mis enceinte. Ce phénomène favorise donc les mariages précoces.
« Du fait de mon jeune âge, ma grossesse a été très dangereuse. Malgré mon ventre qui grossissait, je perdais du poids. J’étais tellement maigre que j’avais l’air d’une brindille avec un gros ventre. L’accouchement a été très douloureux. »
Rabeya, enceinte à 13 ans au Bangladesh
Les actions de Plan International pour lutter contre les grossesses précoces
Il est essentiel d’offrir aux adolescentes et aux jeunes des solutions aux grossesses précoces. Plan International s’efforce de lutter contre les grossesses précoces. Cela inclut :
- D’améliorer l’accès à l’éducation et à l’emploi
- De mener des actions de sensibilisation auprès des parents et des autorités locales afin de les informer des conséquences du mariage forcé et précoce, et des risques d’une grossesse précoce
- De mener des actions de sensibilisation auprès des enfants et des jeunes pour les éduquer à la santé sexuelle et reproductive ainsi qu’aux moyens de contraception
- De prendre en charge les filles et de renforcer les services de santé maternelle et infantile
- De mener des actions de sensibilisation et de plaidoyer auprès des gouvernements et des autorités locales pour lutter contre les causes des grossesses précoces, et notamment contre les mariages précoces et les violences sexuelles
- De distribuer des moyens contraceptifs de prévention aux jeunes
« Lorsque mon père a appris pour ma grossesse, il m’a jetée dehors. J’ai vécu une semaine dans la rue et j’ai ensuite été recueillie dans la famille d’une camarade de classe. L’école a été ma porte de sortie. »
Foulematou, militante aux côtés de Plan International Guinée pour les droits des filles