Causes et conséquences du manque d’accès à la santé sexuelle et reproductive
Qu’est-ce que la santé sexuelle et reproductive ?
Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), la santé sexuelle se réfère à « un état de bien-être physique, émotionnel, mental et social » lié à la sexualité et à la reproduction impliquant « une approche positive et respectueuse de la sexualité et des relations sexuelles, ainsi que la possibilité d’avoir des expériences sexuelles agréables et sécuritaires, sans coercition, ni discrimination et ni violence ».
La santé sexuelle et reproductive comprend l’accès à la contraception, aux services de suivi médical des grossesses et des accouchements, à l’information et aux services liés aux menstruations ou encore aux services de prévention et de traitement d’infections sexuellement transmissibles. Elle implique aussi la capacité des individus à prendre des décisions autonomes et informées concernant leur vie sexuelle et à avoir des relations sexuelles dans des conditions saines et sûres.
Cependant, le droit à la santé sexuelle et reproductive n’est pas garanti dans de nombreuses régions. Selon le Fonds des Nations unis pour la population, 217 millions de femmes dans le monde éprouvent toujours des besoins insatisfaits en matière de contraception et seules 57 % des femmes sont capables de faire valoir leurs choix à l’égard de leur santé et de leurs droits en matière de sexualité et de reproduction.
Malgré des progrès déjà accomplis, par exemple dans l’utilisation de méthodes contraceptives, d’autres aspects, tels que les tabous sur les menstruations ou les décès liés aux grossesses précoces et avortements non sécurisés, demeurent à des niveaux alarmants.
Les causes du manque d’accès à la santé sexuelle et reproductive
De nombreux gouvernements se contentent de reconnaître les droits sexuels et reproductifs sans pour autant les appliquer et les faire respecter dans leurs pays. Ce comportement résulte, entre autre, d’un refus de ces gouvernements d’accepter que les filles et les femmes puissent exercer un contrôle sur leurs propres corps. Ainsi, de nombreux pays ne mettent pas en place les actions nécessaires pour l’information des filles sur leurs droits sexuels et reproductifs, ni les infrastructures et services médicaux dédiés au respect de ces droits.
Souvent, les attentes concernant la façon dont les filles, et plus largement tous les enfants, devraient se comporter et considérer leur corps et leur sexualité contribuent à une mauvaise réalisation de leurs droits et à un mauvais accès à la santé sexuelle et reproductive. Dans de nombreuses sociétés, la sexualité des filles et des femmes est toujours contrôlée, le plus souvent par des hommes. Elle prive ces dernières de leur libre arbitre concernant leurs propres corps, et les empêche d’accéder à certains services de santé, tels que la contraception.
Dans de nombreux pays, les relations sexuelles ou les règles représentent un sujet tabou au sein des foyers, à l’école, et plus largement dans la société. Les discussions autour de ces sujets sont aussi souvent évitées par les décideur·euses et les dirigeant·es communautaires, qui contribuent dès lors à la diffusion de fausses informations. De ce fait, les filles ne disposent pas toujours des connaissances nécessaires pour prendre des décisions éclairées.
Les filles se voient souvent privées d’une éducation à la santé sexuelle et reproductive. Bien que certains progrès aient été réalisés dans l’introduction de l’éducation à la sexualité dans les écoles, notamment sur la sensibilisation au VIH, le contenu de cette éducation n’est souvent pas complet. Il néglige aussi souvent d’autres domaines liés aux droits sexuels et reproductifs, tels que les problèmes de stigmatisations, de discriminations ou encore d’appréhensions de l’expression de la sexualité.
Dans de nombreux pays, les services de santé sexuelle et reproductive ne répondent pas aux besoins des filles et des femmes en ce qui concerne leurs menstruations, leur contraception ou encore leurs grossesses. Cela s’explique par le manque d’infrastructures de santé, la difficulté d’accès à l’eau et l’assainissement, qui touchent particulièrement les zones rurales, mais aussi par le manque d’action des décideur·euses.
Dans des périodes de crises, les filles sont les premières à quitter l’école et à faire face aux risques de violences sexuelles, d’infections sexuellement transmissibles ou encore de grossesses précoces. L’accès aux informations sur la santé et les droits sexuels et reproductifs peut également être entravé ou limité.
Les conséquences du manque d’accès à la santé sexuelle et reproductive
Le manque d’accès des filles à la santé sexuelle et reproductive a de nombreuses conséquences néfastes :
- Risque accru de grossesses précoces : n’ayant pas accès aux services de santé, notamment à la contraception, étant mal informées et sensibilisées, ou aussi n’étant pas protégées des relations sexuelles non souhaitées, les filles et les jeunes femmes sont ainsi plus exposées aux grossesses précoces. On estime ainsi dans le monde qu’un 1 fille sur 5 donne naissance à son premier enfant avant 18 ans.
- Complications liées à la grossesse et/ou aux avortements non sécurisés : de nombreuses grossesses d’adolescentes ont lieu dans des pays dans lesquels l’avortement est interdit ou fortement restreint. Dans ces situations, ces dernières recourent généralement à des procédures clandestines et dangereuses pour avorter. Lorsque les adolescentes poursuivent leurs grossesses, elles n’ont pas toujours accès à un suivi adéquat : ainsi les complications liées à la grossesse sont l’une des principales causes de décès chez les adolescentes de 15 à 19 ans.
- La propagation d’infections sexuellement transmissibles et autres maladies : les infections sexuellement transmissibles, dont le SIDA, touchent de manière disproportionnée les adolescentes. Lorsque ces dernières sont atteintes d’une infection, elles sont souvent stigmatisées et/ou très peu accompagnées.
- Des mutilations génitales féminines : en plus d’être douloureuses, les mutilations génitales féminines entrainent des complications à court terme, telles que des infections, des hémorragies et, à long terme, telles que des problèmes urinaires chroniques, ou des complications obstétricales. Cette pratique néfaste est l’une des conséquences des structures patriarcales qui visent à contrôler la sexualité des filles et des adolescentes, notamment leur virginité avant le mariage. Les filles et les adolescentes dépourvues d’informations, d’accompagnement et d’autonomie, ne peuvent souvent pas se tourner vers des professionnel·les de santé ou bénéficier des actions de Plan International.
Les actions de Plan International
Plan International met en place de nombreuses actions à travers ses programmes et ses actions de plaidoyer pour améliorer l’accès à la santé sexuelle et reproductive des filles et des jeunes femmes :
- Au travers de son plaidoyer : l’organisation interpelle les autorités locales, nationales et internationales pour qu’elles mettent en place des politiques améliorant l’accès des filles aux services de santé sexuelle et reproductive, tels que des hôpitaux sûrs et de qualité, l’accès à l’éducation complète à la sexualité ou encore l’accès à la contraception.
- Au travers de ses programmes : l’organisation met en place, dans ses programmes, des actions de sensibilisation à la santé sexuelle et reproductive à destination des jeunes ainsi que des communautés. Cette sensibilisation se fait à travers des ateliers, des cours à l’école ou encore des espaces de discussion dans lesquels la parole est donnée aux jeunes.
L’ONG Plan International France a mis en place au Cameroun le programme Atok visant à faciliter l’accès aux services de santé. Ce programme est mis en œuvre pour améliorer les services de maternité, former le personnel soignant aux problématiques liées au genre et à la santé des filles et des femmes et sensibilise les accoucheuses traditionnelles sur les dangers de l’automédication et des accouchements à domicile.