Causes et conséquences du manque d’éducation à la sexualité
L’éducation complète à la vie sexuelle et affective : qu’est-ce que c’est ?
En France, moins de 15 % des élèves bénéficient de 3 séances annuelles d’éducation à la sexualité à l’école primaire et au lycée. Dans de nombreux pays en développement, il n’existe souvent aucune loi prévoyant ces séances de sensibilisation.
Pourtant, l’éducation complète à la sexualité constitue un puissant levier pour protéger la santé et le bien-être des adolescent·es. Elle leur donne la possibilité de choisir si et quand chacun·e souhaite avoir des relations sexuelles et/ou des enfants, tout en prévenant les mariages forcés et les grossesses précoces non désirées. Plus largement, elle permet de lutter contre le décrochage scolaire.
L’éducation complète à la sexualité est un processus d’enseignements et d’apprentissages fondés sur un programme portant sur les aspects cognitifs, émotionnels, physiques et sociaux de la sexualité. Elle vise, selon le Fonds des Nations unies pour la population (UNFPA), à « doter les enfants et les jeunes de connaissances factuelles, d’aptitudes, d’attitudes et de valeurs qui leur donneront les moyens de s’épanouir – dans le respect de leur santé, de leur bien-être et de leur dignité, de développer des relations sociales et sexuelles respectueuses, de réfléchir à l’incidence de leurs choix sur leur bien-être personnel et sur celui des autres et, enfin, de comprendre leurs droits et de les défendre tout au long de leur vie ».
Les causes du manque d’accès à l’éducation à la sexualité
Dans de nombreux pays et cultures, l’éducation complète à la sexualité est perçue de façon négative. Selon de nombreuses croyances, elle inciterait notamment les jeunes à avoir une activité sexuelle précoce et/ou à risque. Ces préjugés sont pourtant faux et les programmes qui prônent uniquement l’abstinence n’ont pas fait preuve de leur efficacité pour prévenir les grossesses précoces.
L’école reste le lieu privilégié pour bénéficier de programmes scolaires de qualité en matière d’éducation à la vie sexuelle et affective. Pour autant, en raison de leur âge et de leur genre, les filles sont plus sujettes à la déscolarisation. En dehors de l’école, les filles ont moins d’opportunités de prendre conscience de leurs droits en matière de sexualité.
Malgré les bénéfices prouvés de l’accès pour tous et toutes à l’éducation complète à la sexualité, celle-ci reste trop souvent sous-financée et non priorisée par les pouvoirs publics dans les programmes scolaires. Cela est notamment dû à une non-connaissance des bénéfices à long terme de cette éducation.
Associé au manque de moyens financiers, les enseignant·es se disent également très souvent dépourvu·es de formations adéquates pour répondre aux besoins des jeunes en matière de sexualité. Ne se sentant pas légitimes pour parler d’un sujet considéré comme de la sphère privée, certain·es décident alors de ne pas aborder la thématique sur le temps scolaire.
En situation de crise humanitaire, l’ensemble des droits des enfants se trouve bafoué. Les filles, les adolescentes et les femmes sont particulièrement confrontées aux violations de leurs droits en matière de santé sexuelle et reproductive en raison de normes de genre inégalitaires et néfastes. Le droit à l’éducation et en particulier celui à la sexualité fait partie des premiers droits oubliés.
Les conséquences du manque d’accès à l’éducation à la sexualité
- Hausse des violences sexistes et sexuelles : sans éducation complète à la sexualité, les filles, les garçons, mais également leurs communautés, ne connaissent pas leurs droits. Les risques de mariages forcés et de grossesses précoces et non désirés en sont accrus.
- Hausse des maladies : sans éducation complète à la sexualité, les filles et les garçons ne connaissent pas le fonctionnement de leur corps et ont plus de risques d’être exposé·es aux maladies ou aux infections sexuellement transmissibles comme le VIH à la suite de comportements à risques comme des rapports sexuels non protégés.
- Maintien des inégalités et des stéréotypes de genre : sans accès à une éducation complète à la sexualité et sans connaissance de leurs droits sexuels et reproductifs, les filles sont maintenues dans des situations où elles ne sont pas libres de décider pour leur corps et leur vie affective. Les tabous et préjugés persistent également entraînant des situations de discriminations pour les filles et les jeunes femmes.
Les actions de Plan International
Plan International est convaincu qu’il est indispensable que l’éducation à la sexualité soit dispensée dès le plus jeune âge et à chaque étape de la vie des jeunes, dans le cadre des établissements scolaires et en dehors.
Les adolescent·es doivent bénéficier, sans exception, des informations sur la sexualité pour acquérir les connaissances nécessaires afin de prendre des décisions libres et éclairées sur leur propre santé sexuelle et reproductive.
L’organisation agit pour l’éducation complète à la sexualité au travers de ces actions de plaidoyer, et demande aux autorités des pays d’intervention de :
- Garantir à tous les enfants un accès universel et non discriminant à une éducation complète à la sexualité de qualité, dans des cadres éducatifs formels et informels, en particulier en situation d’urgence ;
- Encourager la participation des jeunes à la construction des sessions sur l’éducation complète à la sexualité pour qu’elles correspondent à leurs besoins ;
- Promouvoir un dialogue intergénérationnel sur l’éducation complète à la sexualité pour remettre en cause les normes néfastes et les inégalités de genre.
Au sein de ses programmes, Plan International :
- Sensibilise de l’enfance à l’adolescence, les enfants et les jeunes à leurs droits, notamment en matière de santé, de droits sexuels et reproductifs au travers de clubs de discussions dans le cadre scolaire ou non scolaire ;
- Sensibilise et forme les professeur·es à dispenser ces sessions autour de la vie sexuelle et affective ;
- Sensibilise les communautés, autorités locales et religieuses à l’importance d’une éducation complète à la vie sexuelle et affective ;
- Sensibilise le grand public en France au travers de campagnes de communication et de mobilisation citoyenne autour de Journées internationales, comme celle du 11 octobre, Journée internationale des droits des filles.