Causes et conséquences de la précarité menstruelle

 500 millions de femmes et de filles dans le monde n’ont pas les moyens de se procurer régulièrement des protections hygiéniques, des pilules antidouleurs ou des sous-vêtements pendant leur règle.

Qu’est-ce que la précarité menstruelle ?

La précarité menstruelle désigne la difficulté voire l’impossibilité pour des personnes menstruées d’accéder aux produits d’hygiène nécessaires pendant leurs règles (serviettes, tampons, culottes menstruelles, etc) ou à de l’eau potable et à des installations sanitaires. Ce phénomène résulte souvent de difficultés économiques, de discriminations ou de tabous liés aux menstruations.

La santé menstruelle engendre des dépenses régulières et indispensables : protections hygiéniques, sous-vêtements de rechange, médicaments contre la douleur, consultations médicales en cas de troubles. Pour de nombreuses femmes, ces coûts représentent une charge financière importante, parfois insoutenable. Cette réalité constitue une injustice, car elle fait peser sur la moitié de la population un fardeau économique lourd, surtout en période d’inflation. La précarité menstruelle freine ainsi l’autonomie des filles, des adolescentes, des femmes, en limitant leur accès à l’éducation, au travail et à la pleine participation à la société.

Les tabous, une des principales causes de la précarité menstruelle

Les tabous autour des règles est l’une des principales causes de la précarité menstruelle. Dans de nombreuses sociétés, les menstruations restent entourées de silence, de honte et de croyances négatives. Ces tabous empêchent les personnes menstruées de parler librement de leurs besoins ou d’accéder à une information fiable sur leurs corps et leur santé.

Les tabous autour des règles ont des conséquences directes et profondes sur la vie des adolescentes. Dans certaines communautés, elles sont bannies de certaines activités pendant leurs menstruations: elles ne peuvent pas aller à l’école, cuisiner, prier ou même dormir dans leur propre maison. Ces interdictions renforcent l’idée fausse selon laquelle les menstruations seraient impures ou honteuses.Ces idées reçues nuisent à la confiance en soi, entretiennent la stigmatisation et peuvent entraîner un isolement social.

Elles compromettent aussi l’éducation des filles : certaines manquent régulièrement l’école, voire abandonnent leurs études, souvent par peur d’être humiliées. En France, 1 fille sur 2 a déjà manqué l’école à cause de ses règles, selon un sondage Opinionway pour Plan International France. Par ailleurs, l’absence d’accès à l’eau, à des toilettes adaptées, propres et sécurisées dans les écoles empêchent les filles de gérer leurs règles dans de bonnes conditions. Conséquence: elles manquent l’école pendant leurs menstruations, voire abandonnent leur scolarité. A long terme, cela limite leur accès aux opportunités professionnelles, freine leur autonomie et perpétue les inégalités entre les genres. D’après un récent rapport de l’Unicef, moins d’une école sur trois (soit 31 %) dans le monde dispose de poubelles pour les déchets menstruels dans les toilettes des filles. Ce chiffre descend à une école sur cinq dans les pays aux ressources les plus faibles (soit 17 %) et à seulement une école sur dix (soit 11 %) en Afrique subsaharienne.

15 % des filles au Burkina Faso, 20 % en Côte d’Ivoire et 23 % au Nigeria avaient manqué l’école au cours de l’année en raison de leurs règles, selon l’Unicef.

Les conséquences multiples de la précarité menstruelle

Les filles et les femmes peuvent être exclues de l’école,de la communauté, des cérémonies religieuses ou elles ne peuvent pas toucher la nourriture. Cette exclusion, fondées sur des croyances discriminantes, nuit à leur intégration sociale et à leur capacité à faire entendre leur voix. Toutes ces pratiques peuvent renforcer l’idée que les femmes et les filles ont moins le droit d’exister dans l’espace public et qu’elles sont moins capables de participer à la vie publique.

La puberté peut également signifier une déscolarisation définitive. Les filles, encore enfants sont alors considérées adultes, prêtes à être mariée et à avoir une activité sexuelle. L’arrivée des règles peut ainsi conduire au mariage d’enfants, à des grossesses précoces et à des violences sexuelles.

1 fille sur 10 en Afrique subsaharienne manque l’école pendant son cycle menstruel. Cela représente jusqu’à 20 % de l’année scolaire.

UNESCO

La précarité menstruelle a aussi des conséquences directes sur la santé des filles et des femmes. Lorsqu’elles n’ont pas accès à des protections hygiéniques sûres, à de l’eau propre, à des toilettes ou à des sous-vêtements de rechange, elles sont contraintes d’utiliser des alternatives inadaptées ou dangereuses : chiffon sales, papiers, journaux ou même rien du tout. Ces pratiques augmentent considérablement les risques d’infections vaginales, urinaires ou pelviennes. Le manque d’accès à des antidouleurs ou à un suivi médical aggrave également les souffrances liées aux règles, notamment en cas de troubles menstruels comme l’endométriose. Au-delà de la douleur physique, la précarité menstruelle peut entraîner un mal-être psychologique, de la honte ou du stress.

Enfin, la précarité menstruelle s’aggrave dans les situations d’urgence humanitaire : conflits, déplacements forcés, catastrophes climatiques… Dans ces contextes, les protections menstruelles ne sont pas toujours distribuées et des installations sanitaires manquent cruellement. D’après un rapport d’ONU Femmes, plus de 540 000 femmes et filles à Gaza n’ont pas accès à des produits menstruels pour gérer leurs règles dignement.  Elles sont contraintes à la place d’utiliser des tissus ou des éponges. ONU Femmes estime que 10 millions de serviettes hygiéniques jetables sont nécessaires chaque mois pour subvenir aux besoins des femmes et des filles à Gaza.

En contexte de crise, les adolescentes se retrouvent obligées de recourir à des stratégies de survie, notamment la prostitution contre des protections hygiéniques. D’après une étude de Plan International Australie, 22,9 % des personnes interrogées affirment que « des adolescentes se livrent à des activités sexuelles de survie pour pouvoir payer des produits menstruels ». Ce chiffre illustre à quel point la précarité menstruelle peut exposer à des violences sexuelles et à une perte d’autonomie.

Les actions de Plan International pour lutter contre la précarité menstruelle

Plan International se bat pour faire progresser les droits des filles et des femmes à la santé menstruelle. L’ONG met ainsi en place des campagnes de sensibilisation pour aider les filles et les jeunes femmes à comprendre leurs corps, à connaître leurs droits et à gérer leurs règles en toute sécurité et sans honte. Ces actions s’adressent aux garçons et aux hommes afin de lutter contre les stéréotypes de genre et de favoriser un changement durable des mentalités. L’objectif est de construire des environnement scolaires et communautaires où les règles ne soient plus un facteur d’exclusion, mais un sujet compris et respecté par toutes et tous. Il faut impérativement garantir à tous les jeunes, et aux adolescentes en particulier, un accès universel et continu aux droits et santé sexuels et reproductifs (DSSR), y compris en situation d’urgence.

En parallèle, l’ONG organise des ateliers de confection de produits menstruels et distribue des « kits de dignité » contenant des serviettes menstruelles réutilisables, du savon ou des sous-vêtements.

Ces distributions de kits menstruels font partie de notre programme Child Labour en Tanzanie.

Au Kenya, Plan International souhaite que les adolescentes puissent accéder à des salles de bain à Kibera et dans les autres bidonvilles de Nairobi. L’objectif est clair : faire progresser les droits à la santé menstruelle.

L’ONG Plan International France a lancé dans la région libanaise du Akkar le projet Intajouha qui vise à lutter contre la précarité menstruelle et les stigmatisation liée aux menstruations.

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